C’est dans une tension largement palpable qu’a été attribué au Qatar le titre mondial en Moto3, avec un Jaume Masia qui a décroché à Losail une couronne après une course au déroulé controversé. Tout a ainsi été fait plus pour éteindre les dernières chances d’Ayumu Sasaki que de jouer la victoire qui est quand même venue pour l’Espagnol d’un team Leopard Honda qui avait une deuxième lame pour couper l’herbe sous le pied au Japonais en la personne de l’équipier Adrian Fernandez. Cette épreuve a éclipsé l’ensemble de la saison de Jaume Masia, seul pilote dans le top 10 du classement général à ne pas rouler sur une machine du groupe Pierer Mobility. Le temps est passé, la pression est tombée, et celui qui retrouvera Sasaki en Moto2 l’an prochain est revenu sur cet épilogue. En s’excusant, mais pas pour ce que l’on croit …
Ce pour quoi Jaume Masia s’excuse, c’est cette phrase échappée sous l’effet de l’adrénaline d’une arrivée à sensation : « que cela vous plaise ou non, un Espagnol a gagné ». Le message était destiné aux commissaires, des officiels dont le pilote Leopard Honda s’était persuadé qu’ils s’étaient ligués contre lui en l’avertissant pour ses manœuvres sur Sasaki. Il revient dans un entretien à Marca sur cette évaluation à chaud : « mon commentaire était faux, c’était un moment de tension, le niveau d’adrénaline était très élevé. Peut-être ai-je mal interprété certaines actions de la direction de course. Le travail qu’ils accomplissent est très compliqué et il est difficile d’être complètement impartial. Dans un moment angoissant, une petite chose suffit pour se sentir insulté, mais je tiens à souligner que je ne voulais pas offenser les autres pilotes ».
« J’ai la chance d’être entouré de gens qui m’aiment beaucoup », précise le pilote de déjà 23 ans. Et cette affection lui a beaucoup servi après les critiques reçues pour cette consécration, à commencer par celles de Mick Doohan. Au point que l’Espagnol doit rappeler ceci : « un championnat du monde se gagne en 20 courses, cela ne dépend pas d’une seule course. Je pense que j’ai fait du très bon travail et que nous avons été très clairs dans notre équipe sur ce que signifiait le travail d’équipe, sur le fait que nous nous soutiendrions mutuellement. Quelque chose qui ne semblait pas être aussi clair dans l’autre équipe ».
Jaume Masia : « je suis le seul pilote Honda, je n’aurais donc pas aimé vivre une finale à Valence, mais j’ai une idée de ce qui se serait passé »
« Quand on voit un groupe de personnes si déterminées à s’améliorer et à gagner, on ne peut pas dormir tranquille si on ne se donne pas à 120% » dit-il sur son team Leopard. « J’y pensais constamment dans ma vie quotidienne à la maison. Pour moi, j’ai toujours eu la meilleure moto, malgré les différences d’accélération, et tout le reste. Je suis monté sur la moto en pensant que c’était la meilleure moto et que j’avais le meilleur package et les meilleures personnes. Cela nous a conduit à notre objectif ».
Puis il mentionne ce qu’il redoutait le plus : une finale lors de la der de Valence : « je suis le seul représentant Honda dans le Top 10. Cela dit aussi quelque chose. Je n’aurais pas aimé vivre cela, mais j’ai une idée de ce qui se serait passé ». Reste que la sympathie est allée du côté du perdant, le vainqueur passant pour un mauvais garçon. Une situation que Jaume Masia n’oubliera pas en 2024, année qui sera sa première en Moto2, comme pour Sasaki … « Nous verrons comment s’en sort Ayumu, s’il est vraiment un si bon pilote, ou si ça venait de sa moto … C’est une chose que nous verrons ».