Le moment de vérité au championnat a sonné pour Ducati en cette saison 2023. Son pilote officiel Pecco Bagnaia est en grand danger au classement général face au collègue de marque du team satellite Pramac Jorge Martin qui le suit après le Grand Prix du Japon et avant celui d’Indonésie. Trois points seulement les séparent. L’équilibre traditionnel des forces en MotoGP voudrait que celui qui représente l’usine prenne le pas sur celui qui n’est le fer de lance que de son équipe. Mais chez Ducati, c’est actuellement plus compliqué que ça et que la conjoncture 2022 avec Bastianini chez Gresini. Car Jorge Martin est sous contrat Ducati, il n’a pas d’accord ni n’est payé par le team satellite contrairement à ce qu’était « Bestia ». Et Pramac a exactement la même GP23 que celle qui est peinte en rouge. Du coup, que le meilleur gagne ? Paolo Ciabatti semble le dire, mais il envoie aussi un autre message …
Ducati a ce que l’on appelle un problème de riche. Ses motos dominent la plateau MotoGP, au point de séduire un octuple Champion du Monde qui se contenterait d’en rouler une de la génération précédente en 2024. Trois pilotes représentant sa marque sont aux trois premières places du championnat et sans la moindre pression d’un concurrent arborant un autre blason. Cependant, son pilote d’usine est sous la pression d’un collègue placé au sein d’une structure satellite. Il s’agit de Pramac, dont la considération à Borgo Panigale, va aussi, il est vrai, au-delà de l’abord du simple client. On y place en effet des pilotes sous contrat Ducati et on y met dans le box la crème de la crème des Desmosedici.
Ce qui devait arriver un jour au vu de ce cahier des charges se produit en 2023 : Pramac est en mesure de damer le pion au championnat avec Jorge Martin à l’écurie officielle représentée par le champion du monde en titre Pecco Bagnaia. Sportivement c’est beau, mais politiquement et économiquement, ça interpelle forcément en interne …
D’où ce discours d’un Paolo Ciabatti, responsable de la compétition chez Ducati, distillé au Japon, après le verdict rendu par la piste du Motegi, et où chaque mot compte. Car ce qui est craint, c’est qu’à un moment donné des consignes arrivent. L’Italien répond ainsi sur AS en commençant d’abord par cette mise au point très claire : « l’équipe Pramac a la même moto, les mêmes pilotes officiels et tout ce dont ils ont besoin. Si Ducati n’avait pas voulu qu’ils soient égaux, ils auraient donné les vieilles motos et n’auraient pas signé les pilotes ».
And it's officially game on between these two! 🤜🤛#JapaneseGP 🇯🇵 pic.twitter.com/zxMFLoe36n
— MotoGP™🏁 (@MotoGP) October 1, 2023
Paolo Ciabatti Ducati : « si nous avions peur que Jorge Martin et Pramac gagnent, nous ne leur accorderions pas le même traitement »
« Davide Tardozzi est le team manager du Team Lenovo et a des intérêts dans l’équipe, mais si Ducati n’aimait pas cette formule, il n’aurait pas donné de motos compétitives au Team Pramac. L’important est qu’une Ducati gagne et pour Davide il est plus important que cette Ducati soit de l’équipe Lenovo, mais je m’en fiche » assure-t-il avant de glisser quand même : « même si je comprends que l’équipe officielle a des responsabilités avec ses sponsors ».
Un remarque qui lui permet d’ajouter : « c’est pour ça que j’aimerais que Pecco gagne ». Puis il enchaine : « mais si Jorge le fait, il l’aura fait parce qu’il aura été meilleur. Il a une moto officielle et un contrat officiel. C’est un investissement que Ducati fait avec ce pilote dans cette équipe. Les gens ne le comprennent pas. Si vous ne voulez pas que cela se produise, ne donnez pas à la moto officielle tout le développement. Regardez la moto de Pecco et celle de Jorge, toutes deux avec des ailes sur la fourche. Pourquoi ça ? Sommes-nous fous ? Beaucoup de gens m’écrivent pour me dire qu’il est impossible qu’une équipe satellite soit comme une équipe officielle, car ce ne serait alors pas une équipe satellite ».
Paolo Ciabatti termine : « les sponsors sont différents, mais les motos sont les mêmes et les pilotes ont un contrat Ducati. Si nous avions peur qu’ils gagnent, nous ne leur accorderions pas le même traitement ». On rappellera que, de son côté, Marco Bezzecchi troisième dans une course au titre qui pourrait tout aussi bien tourner en sa faveur avec 222 points encore à prendre, est sous contrat VR46 avec une GP22 avec les dernières mises à jour 2023 ou peu s’en faut. L’an prochain, il restera là où il est, avec la même haute considération auprès du staff de Borgo Panigale.