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Jorge Martín champion

C’est l’image que nous allons retenir de ce premier Grand Prix d’Inde. Jorge Martín, un champion, qui s’écroule en descendant de moto après avoir ardemment défendu sa deuxième place face à Fabio Quartararo. Depuis quelques courses, le « Martinator » entre dans une toute nouvelle dimension, et clairement, la dynamique joue pour lui. Cette performance était loin d’être anodine. Analyse.

 

Jorge Martín’s champion’s ride

 

L’histoire des sports est jonchée de moments similaires à celui offert par l’Espagnol. Vous savez, c’est ces performances qui font passer un cap, qui marquent une carrière. De celles qui vous font dire : « D’accord. Il a quelque chose de spécial. » Bien sûr, on connaissait tous le talent de Jorge Martín et il l’avait encore exprimé avec son grand chelem à Misano. Mais cette fois, c’est différent.

Largué par Marco Bezzecchi puis par Pecco Bagnaia, Jorge ne pouvait faire autrement que de subir en troisième position, physiquement diminué tôt dans la course. D’ailleurs, même son entame ne lui ressemblait pas avec un dépassement approximatif sur Pecco au bout de l’immense ligne droite de retour. La course semblait scellée quand le pilote Pramac se rata au même endroit, dans la dernière boucle, permettant à Fabio Quartararo de revenir dans ses échappements. Et c’est à ce moment que la magie opéra. Immédiatement, il se ressaisit, puis, dans un éclair de lucidité, dépassa « El Diablo » par l’extérieur dans le sinueux. Être capable, après 35 minutes de combat contre soi-même, de réaliser telle action est loin d’être anodin. Pour moi, très subjectivement d’ailleurs, c’est à partir de ce moment là qu’il entre dans la course au titre.

 

 

Immédiatement après l’arrivée, il ne tient plus debout. Jorge doit faire intervenir le docteur Charte dans le parc fermé pour le réhydrater et lui éviter l’évanouissement. L’image d’un guerrier à terre est magnifique, et offre une profondeur cinématographique au moment. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne faut pas forcément remporter une course pour faire changer le momentum, une notion expliquée dans l’article que vous pouvez retrouver en cliquant ici. La cinquième place de Jorge Lorenzo à Assen en 2013, juste après s’être fait opérer de l’épaule, avait la même saveur. De même, nous avions dit exactement la même chose quand Fabio Quartararo avait terminé 13e du Grand Prix d’Espagne 2021, dépassé par toute la grille en raison du syndrome des loges. Néanmoins, il ne lâcha rien. C’est typiquement le genre de tour de force qui pourrait nous faire dire, au soir du Grand Prix de Valence, que c’est ici qu’il a gagné le titre.

Jorge Martín a roulé comme un champion du monde MotoGP même s’il ne l’est pas encore, et peut-être qu’il ne le sera pas cette année d’ailleurs. L’histoire se moque du mérite, de la manière. Jorge Lorenzo s’est fait battre par un Marc Márquez moins grand en 2013. Attention, nous n’affirmons pas que le « Martinator » mérite plus que Bagnaia pour l’instant, car Pecco était aussi dans une situation similaire à Misano bien que le pilotage fut moins impressionnant. Mais penchons-nous tout de même sur l’aura des deux géants.

 

Jorge Martín champion

Un tableau de maître. Photo : Pramac Racing

 

Comme une légende

 

D’un point de vue totalement objectif cette fois, on ne peut pas nier qu’il se passe quelque chose avec Jorge Martín. Il est naturellement charismatique, photogénique, avec un visage mi-bad boy mi-rock star. D’ailleurs, les clichés pris après le franchissement de la ligne illustrant cet article parlent d’eux-mêmes. C’est un personnage à part, qui est impressionnant – au premier sens du terme – aussi bien sur la moto qu’à côté. Bien que j’imagine Pecco Bagnaia meilleur pilote, et sans doute d’assez loin, ce sont des qualités que l’Italien n’a pas. Des qualités, oui, car la discrétion ne paye jamais. C’est triste, mais c’est comme ça ; l’histoire se souvient davantage des bruyants.

 

La dynamique change

 

La saison était à sens unique jusqu’à maintenant, mais c’est désormais révolu. Le momentum a changé de camp depuis la chute de Bagnaia à Barcelone, c’est à n’en pas douter. Malgré la large victoire de Marco Bezzecchi, Jorge Martín est le grand gagnant de ce week-end indien. Il a marqué le plus de points (32) et maintenant, c’est officiel ; il joue le titre, et abordera cette fin de saison avec la confiance d’un champion, mais sans pression comme un outsider. Cela peut faire très mal. Soyez-en sûrs : quoi qu’il en dise, lui aussi rêve de la couronne et fera tout pour aller le chercher.

Pensez-vous qu’il s’agit là d’un tournant de la saison ? Dites-le moi en commentaires !

 

Face of the franchise. Photo : Pramac Racing

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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