Après le coup de chapeau à l’équipe test de KTM et Dani Pedrosa (40 personnes tout de même !), puis l’observation de l’Aprilia, nous continuons notre revue technique des forces en présence lors du week-end MotoGP à Misano, incluant le Grand Prix et le test.

Faisant suite à deux saisons plutôt difficiles pour Yamaha, cette unique journée de test était particulièrement importante pour valider les différentes directions de développement qui doivent permettre à la YZR-M1 de retrouver son niveau de compétitivité.

Ces derniers temps, la conviviale machine d’Iwata a peu à peu perdu sa facilité de pilotage au détriment d’une agressivité qui ne s’est pas traduite dans les performances. Chez Yamaha, on doit donc retrouver la légendaire vitesse de passage au virage propre à la machine bleue, tout en élevant d’autant plus le niveau de puissance que celle-ci est maintenant absorbée de façon non négligeable par les appuis aérodynamiques de plus en plus importants.

Réussir cette quadrature du cercle tient donc du tour de force mais Yamaha s’y est attaqué en travaillant dans tous les domaines.

À Misano, Fabio Quartararo et Franco Morbidelli disposaient donc d’un nouveau châssis, d’une nouvelle évolution aérodynamique et, surtout, du premier moteur « revisité » par la famille Marmorini, père et fils. Et c’était sans doute là, où les attentes étaient les plus grandes, après les diverses déclarations menaçantes du pilote français. La tension était donc grande dans le box des bleus et nous n’avons guère vu de sourires tout au long de la journée de test. On sait le quatre cylindres en ligne d’Iwata handicapé par ses soupapes d’admission au niveau de la puissance mais, évidemment, nous ne savons pas quel a été l’apport de l’ingénieur italien dans ce domaine.

Pour le moment, les retours de Fabio Quartararo ne sont pas positifs.

« Je m’attendais à ce qu’il soit bien meilleur pour ce test. J’ai besoin de faire plus d’essais, mais comme je l’ai dit, j’attendais mieux de ce moteur. »

L’analyse des vitesses de pointe montre une différence de 3 km/h avec Franco Morbidelli, mais le pilote français n’a pas senti de réelle progression, alors que Maio Meregalli avait annoncé que le moteur était plus rapide et plus facile à piloter. Petite déception sur cet aspect, donc, même si le tracé de Misano, sans grande ligne droite, n’est sans doute pas le meilleur endroit pour évaluer la puissance moteur. Le double échappement essayé de nouveau ne semble pas non plus faire une grosse différence…

Un autre point faible de la Yamaha est son manque de motricité par faible adhérence, et la surface très gommée du circuit italien ne semble pas avoir permis de valider quelque chose dans ce domaine, même si un nouveau châssis a aussi été essayé par Franco Morbidelli. Son objectif est de répondre aux diverses plaintes des pilotes concernant la perte progressive de la capacité à tourner et le manque de retour d’information du train avant. Fabio Quartararo n’en a pas fait état, mais l’Italien a déclaré qu’il ne préférait pas la sensation procurée par ce châssis.

Châssis « normal » :

Nouveau châssis :

Enfin, une évolution aérodynamique était la chose la plus visible dans le box Yamaha, avec principalement des downwash ducts bodybuildés et des ailerons latéraux.

Mais là encore, son objectif de limiter les wheelings n’a pas été réellement perçu par les deux pilotes, Fabio Quartararo déclarant même qu’il était bien plus lent qu’avec la configuration classique (*1) qu’il utilise à nouveau depuis Barcelone (alors que Franco Morbidelli est resté fidèle à l’évolution plus massive apportée en Autriche (*2)), un appui plus important pour réduire les wheelings se traduisant forcément par une certaine lourdeur en entrée de virage.

(*1)

(*2)

En résumé, Yamaha ne semble pas encore avoir trouvé le Graal, même si différents petits éléments aérodynamiques ont été brièvement testés, comme des prolongateurs fixés à la hâte dans la partie haute du carénage, ou différentes formes de cuillère de bras oscillant qui, là, ont enfin reçu l’aval du pilote français.

Dans deux mois aura lieu le test MotoGP à Valence, les ingénieurs japonais ne vont certainement pas se tourner les pouces d’ici là…

Quelques détails…

A suivre…

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