C’est une expérience qui laissera des traces, et pas seulement sur le mental d’un Takumi Takahashi envoyé au carton le week-end passé à Misano par son employeur Honda. A cours de pilotes remplaçants pour une RC213V pour laquelle on préfère en ce moment être évité qu’un invité à la rencontrer, HRC a expédié sur les bords de l’Adriatique ce qui lui restait : Takumi Takahashi. C‘est dans l’absolu un bon soldat, parce que l’on ne remporte jamais par hasard les 8 Heures de Suzuka, mais le MotoGP d’aujourd’hui, ce ne sont plus les Grands Prix d’antan. Il y a peu, on pouvait y arriver et faire plus ou moins bonne figure, ce qui sauvait l’honneur et gardait les illusions intactes. Mais ce n’est plus cela. Et Takumi Takahashi l’a durement appris en n’étant même pas autorisé à poursuivre sa route jusqu’aux qualifications au regard de ses performances que les officiels ne pouvaient légitimement pas validés tellement elles étaient insuffisantes par rapport au reste de la meute …
Un camouflet qui aura fait apprendre que, rouler en MotoGP, c’est vraiment être avec l’élite. Honda avait établi une liste de noms prestigieux, mais tous depuis à la retraite, avant de placer son compatriote devant ce qui a été sportivement un peloton d’exécution. Car les stars avaient décliné, et heureusement pour elles. Et il y a fort à parier que ce retentissant cas concret fera jurisprudence auprès de ceux que l’on irait chercher pour renouveler ce type d’expérience.
Dès le vendredi, Takumi Takahashi, 33 ans, était à la dernière place, toujours environ 1,4 seconde trop lent pour simplement respecter la règle des 105 pour cent. Ce n’était que sa sixième participation à un Grand Prix. Il est apparu pour la première fois aux Championnats du monde en 2005 dans l’équipe 125cc d’Arie Molenaar. Lors de sa seule participation en MotoGP à ce jour, Takahashi a terminé douzième de la course mouillée de Motegi en 2015.
« Takumi Takahashi était super nerveux, il était complètement paniqué et ne savait pas quoi faire ici »
Mais c’était donc une autre époque, avec d’autres machines. Dès les premiers tours de roues, le pauvre Takahashi a compris ce qui l’attendait et dans quelle galère il était monté. Son compatriote Nakagami se souvient : « Takumi était super nerveux », a révélé Taka. « Il était complètement paniqué et ne savait pas quoi faire ici. Mais je lui ai dit de s’amuser et de profiter de ces trois jours. Et bien sûr, j’ai pu lui donner quelques conseils ».
Mais le pire a suivi… Lors des essais libres Marco Simoncelli, Takumi Takahashi a d’abord subi une chute qui a provoqué une petite fracture au pied droit. Le Japonais n’a donc pas été en mesure de continuer à pousser et à réduire l’écart en termes de temps au tour, et, après ne pas avoir atteint les fameux 105%, il a dû manquer le Sprint comme bien sûr la course du dimanche. L’équipe LCR a certes tenu à le remercier pour ses efforts et son engagement tout au long des séances pour apprendre et donner le meilleur de lui-même sur un nouveau circuit qu’il ne connaissait pas, et avec une équipe avec laquelle il n’avait jamais travaillé… Mais quand même, ça fait mal au pilote, à l’équipe et ça interpelle toujours sur les décisions de Honda en général.
Takumi Takahashi a commenté sur ce cauchemar éveillé : « ce fut difficile car je n’avais jamais roulé à Misano. Je me suis amélioré tour après tour, et malgré l’écart considérable, l’important était de continuer à apprendre et à m’adapter à la moto et à l’équipe. J’ai donné le maximum, mais attaquer est devenu impossible après la chute en raison de la petite blessure que j’ai subie. Je tiens à remercier le HRC et LCR pour ce week-end et je souhaite un prompt rétablissement à Alex Rins ». Puis il est vite retourné dans ses foyers où il devra se remettre de ce désastre.