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saison 2023 MotoGP

Le championnat 2023 suit son cours, et, malgré que nous ayons pas mal de courses serrées, force est de constater que le suspense pour le titre s’amenuise rendez-vous après rendez-vous. De ce fait, la question posée par le titre de cette article est plus que légitime. Analysons tout cela.

 

Pecco Bagnaia seul au monde

 

Avant l’entame au Portugal, nous avions une interrogation majeure concernant le champion du monde en titre. En effet, le personnage était déjà bien établi avec quatre saisons au plus haut niveau, mais une question restait sans réponse ; Allait-il être capable, avec suffisamment d’avance au championnat, de se transformer en véritable gestionnaire ? En 2021 et a fortiori en 2022, Pecco Bagnaia n’a jamais eu assez d’avance pour aborder un Grand Prix sereinement. Après Silverstone, il menait de plus de 37 points, soit assez pour se permettre un résultat blanc. Comment a-t-il réagi en Autriche ? Tout simplement par l’un de ses meilleurs week-ends en carrière.

 

saison 2023 MotoGP

Solo. Photo : Michelin Motorsport

 

L’Italien fait un grand chelem, une sorte de prestation « parfaite » pour reprendre les mots de son mentor Valentino Rossi. Pole, victoire en Sprint ainsi que lors du Grand Prix, le tout en menant toutes les boucles des deux manches et à chaque fois en réalisant le meilleur tour en course. C’est ahurissant. L’Italien évolue dans une autre dimension.

Une image nous a particulièrement marquée. Les possibilités de dépassement sont maigres à Spielberg, et le virage n°9 Jochen Rindt (du nom du champion du monde de Formule 1 1970, sacré à titre posthume), soit l’avant dernier tournant, est souvent privilégié. Il s’agit d’un virage à droite, en descente, assez rapide et dans lequel on peut repousser le freinage à condition de ne pas sortir de la piste dans le bout droit qui conduit à la dernière courbe. Au début du Grand Prix, Brad Binder semblait en mesure d’attaquer. Très fort aux freins, il se décale à droite pour prendre l’intérieur, retarde son freinage au maximum et… Bagnaia lui prend environ trois mètres, sans dévier de sa trajectoire. À partir de là, le Sud-Africain a sans doute compris que son dimanche allait être long.

 

 

En clair, il est l’homme du moment, le « Verstappen » du MotoGP selon Fabio Quartararo. Il n’a laissé aucune miette à ses adversaires. Comme Valentino Rossi de 2002 à 2003, Jorge Lorenzo en 2010 ou Marc Márquez en 2019. Il faut prendre du recul, et apprécier le fait de voir évoluer l’un des meilleurs pilotes de tous les temps. Il n’y a pas grand-chose à faire.

 

Du coup, ce championnat 2023, déjà plié ?

 

Alors, oui, nous savons que rien n’est acquis tant que le drapeau à damier ne s’est pas abattu sur la ligne droite des stands à Valence. Mais sauf énorme retournement de situation comme une blessure qui écarterait Pecco des circuits pendant six mois, le titre est sans doute déjà décidé. Désormais, on sait qu’il ne ralentira pas pour gérer son avance ; lui s’en moque. Au contraire, même, on dirait qu’il n’arrête jamais de progresser, tout comme sa moto d’ailleurs. Et derrière, les autres n’ont ni sa vitesse, ni sa régularité, ni sa qualité de dépassement, ni quoi que ce soit d’autre qui pourraient les aider.

Brad Binder est un très bon pilote, mais les écarts aux arrivées témoignent d’un gouffre entre les deux, d’autant plus que Bagnaia est plus vite sur un tour, et surtout, plus souvent aux avant-postes. Avant d’enchaîner deux podiums en Angleterre et en Autriche, l’officiel KTM avait connu quatre week-ends consécutifs difficiles, où il ne put jamais jouer tout devant.

Marco Bezzecchi a lâché du lest, et malgré son très bon niveau, il n’évolue pas dans la même ligue que son ami. Sur la Desmosedici, Pecco est meilleur en tous points que le Bez’, sauf, peut-être, sur le mouillé.

 

Two buddies. Photo : Michelin Motorsport

 

Jorge Martín était, selon nous, le plus sérieux adversaire de Bagnaia, sans prendre en compte les classements. Sur la grille, il est sans doute le seul à pouvoir battre frontalement l’Italien en duel sur le sec. Mais depuis trois manches, il gravite seulement autour du top 5, pas suffisant pour chatouiller Pecco. En Autriche, nous l’avons trouvé très bon et il faut souligner sa performance du dimanche, septième avec un long lap. Mais son explosivité ne lui rendit point service ; déjà, lors du Sprint, un épisode sur lequel nous sommes revenus dans un article dédié, mais aussi, en qualifications. Fin 2022, il était la référence absolue dans le domaine, mais il n’a toujours pas enregistré la moindre pole depuis le début de saison 2023 ! Pire, sur les neuf dernières courses, il ne s’est élancé qu’une seule fois depuis la première ligne.

Nous avions établi, dans une précédente étude, que la pole position n’était plus aussi importante qu’auparavant au vu de l’homogénéité du plateau MotoGP. En revanche, partir d’une bonne position est crucial, plus que jamais. Désormais, il est facile de se retrouver enfermé dans le peloton, d’autant plus que la grille se rajeunit et grouille de profils percutants, qui n’hésiteront pas à plonger. Miguel Oliveira, par exemple, en a déjà fait les frais à trois reprises. Si ça n’est pas encore arrivé au « Martinator », et qu’il a même été l’auteur d’un de ces méfaits au Red Bull Ring comme à Austin, cela ne veut pas dire qu’il y échappera toute l’année durant. Clairement, il doit retrouver la formule magique pour performer de nouveau le samedi s’il veut conserver une chance.

 

Max Bagnaia

 

Maintenant, prenez tout ce que nous venons d’expliquer et ajoutez-y le fait que Pecco possède une avance de 62 points sur son plus proche poursuivant, avec dix courses à disputer. Pour nous, cela semble fait, mais ce n’est qu’un pari et bien sûr, nous espérons un retournement de situation, sans aller jusqu’à la blessure d’un des protagonistes.

Et vous, quel pari prenez-vous pour la fin de saison ? Bagnaia ira-t-il défendre le n°1 ? Dites-le nous en commentaires !

 

Sa stabilité sur la moto est absolument fascinante. Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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