La situation chez la force dominante du MotoGP qu’est Ducati en vue de 2024 est devenue limpide lors du Grand Prix de Grande Bretagne qui marquait la rentrée des classes pour la catégorie à Silverstone, après cinq semaines de trêve estivale. Une conjoncture qui a été déterminée par l’éviction annoncée de Franco Morbidelli des rangs de Yamaha. Et l’italo-brésilien est un membre éminent de la VR46 Académie qui jouait jusque-là avec les nerfs de Paolo Ciabatti sur le cas de son pilote et tout aussi brillant élève de Tavullia Marco Bezzecchi. Au milieu un Uccio Salucci qui peut maintenant négocier en avançant ses deux cavaliers sur un échiquier où Johann Zarco est clairement un pion.
D’un côté nous avons Ducati en la personne de Paolo Ciabatti qui souhaite qu’en 2024 le box officiel soit toujours occupé par Pecco Bagnaia et Enea Bastianini, tandis que chez l’affidé Pramac on aurait Jorge Martin et Marco Bezzecchi. Le quatuor sous contrat officiel serait en GP24, les machines de la saison précédente étant, comme de tradition, disséminées chez Gresini et la VR46. Pourquoi ? Parce que jamais Pramac n’ira chez un autre constructeur. Tandis que Gresini, et surtout la VR46 avec possiblement Yamaha en 2025, sont plus libres de leur destin car moins en vue à Borgo Panigale.
De l’autre, nous avons la VR46 avec sa pépite Marco Bezzecchi que les hommes de Valentino Rossi mettent en avant pour avoir une GP24 dans leur box et ainsi monter en puissance face à Pramac. Le staff Ducati est réticent, mais veut fidéliser Bezzecchi avec un contrat usine. Alors, comment procéder pour faire lâcher prise Tavullia ? Réponse : en ouvrant les portes à Franco Morbidelli. Bezzecchi irait alors chez Pramac à la place de Johann Zarco qui n’aurait alors que deux solutions : être soutenu par Ducati pour s’installer chez Gresini où filer chez Honda en prenant ses quartiers chez LCR avec un contrat pluriannuel.
Uccio Salucci sensibilise Ducati : « Franco Morbidelli est un très, très bon pilote et il vient de la VR46 Riders Académie »
Une conjoncture qu’a très bien expliqué Uccio Salucci à Silverstone au micro de Speedweek : « nous attendons une décision de Ducati car nous recherchons une moto d’usine pour Marco Bezzecchi qui la demande. Nous avons eu beaucoup de conversations » commence le bras droit de Valentino Rossi qui poursuit : « si nous n’obtenons pas de moto d’usine pour Marco dans notre équipe, alors je ne sais pas… Peut-être que Marco décidera alors de passer à Pramac, avec une moto d’usine et un contrat Ducati. Mais honnêtement, lorsque nous avons décidé de créer cette équipe, nous l’avons fait pour que nos pilotes soient promus dans une équipe d’usine et non dans une autre équipe cliente. Je n’aime pas ça ».
« Uccio » ajoute : « je comprends aussi Marco parce que l’équipe Pramac est certainement bonne, avec un soutien d’usine et un contrat direct avec Ducati, et blablabla… Mais je crois aussi que notre équipe n’est pas mauvaise. Nous avons une bonne équipe. Je ne sais pas si nous sommes comme Pramac, mais nous sommes prêts à gérer une moto d’usine dans notre équipe. Nous étions peut-être trop jeunes l’an dernier et nous avons certainement commis des erreurs », a admis le directeur de l’équipe. « Mais maintenant, nous avons un an d’expérience de plus et nous sommes prêts à gérer une moto d’usine. Nous verrons ce qui se passera, mais Ducati connaît notre demande et l’Académie connaît notre situation. Je suis là, j’attends un peu au milieu, mais je suis très détendu ».
Que faudrait-il donc faire pour débloquer la situation et satisfaire tout le monde ? La réponse fuse : « Bezzecchi est définitivement ma première option. Si ça ne marche pas, on veut Morbidelli. C’est un très, très bon pilote et il vient de la VR46 Riders Académie. Je le connais depuis 20 ans ! Alors on va attendre et voir ». Dès jeudi, à Silverstone, Johann Zarco avait vu le coup venir en parlant de la « puissance de la VR46 ». Le Français connait bien son milieu.