Les dernières sorties des vétérans champions du monde Casey Stoner et Jorge Lorenzo étaient comme des signaux d’alarme au sujet d’un MotoGP aux aides au pilote trop intrusifs et à l’aérodynamique contre-nature. Pour l’Australien, autant de « conneries qui doivent disparaître, car nous avons plus d’électronique que la Formule 1, cela doit cesser ». De son côté, Jorge Lorenzo voit bientôt un 400 km/h en vitesse de pointe qui serait une pure folie. Et ceux qui sont encore sur la moto, qu’en pensent-ils ? La réponse de celui qui est Champion du Monde en titre comme leader actuel du classement général provisoire qu’est Pecco Bagnaia révèle qu’il n’y a pas unanimité ni vérité sur la question …
Le MotoGP s’est-il engagé trop loin dans une voie technique que d’aucuns aiment à comparer à une Formule 1 en se désolant, tout en reconnaissant sur d’autres sujets que la même Formule 1 est un exemple à suivre ? Les vétérans pensent que oui, mais le Champion du Monde d’aujourd’hui est bien moins affirmatif. Sur Speedweek, il a donné son sentiment qui donne un autre éclairage sur l’évolution de la catégorie.
Avant de parler du présent, l’officiel Ducati traite l’idée souvent répandue du « c’était mieux avant » : « lors de mon premier test MotoGP au Qatar, j’ai demandé à tester une moto sans ailerons. J’ai bien aimé car cela facilitait le pilotage ». Voilà une idée reçue voulant que c’était au contraire plus sélectif avant pour le moins crucifiée… Puis il explique : « maintenant, vous devez pousser la moto à la limite pour en tirer le meilleur parti. Auparavant, c’était principalement le pilote qui contrôlait la machine. Dans les virages, c’était beaucoup plus facile sans les ailerons. Lors de l’accélération, vous deviez utiliser beaucoup plus le frein arrière et jouer davantage avec le gaz. Maintenant, avec tous les outils, il faut tout pousser à fond pour être efficace ».
Pecco Bagnaia : « notre sport est le summum du monde de la moto, nous devons donc toujours aller plus loin et essayer d’en faire toujours plus »
A partir de là, il raconte comment cela se passe derrière un guidon aujourd’hui : « contrairement à de nombreuses opinions, nous avons souvent montré que le dépassement est également possible avec l’aérodynamisme. Si vous êtes plus rapide que le pilote qui vous précède, vous pouvez dépasser. En ce qui concerne la sécurité, l’aérodynamisme aide. Le développement de l’aérodynamique signifie que nous continuons à nous améliorer, alors nous devons continuer à le développer et à l’utiliser ».
Et l’effet de tous ses artifices sur la valeur des pilotes ? Là aussi, Pecco Bagnaia contredit ses illustres ainés : « je me fiche de savoir si nous roulons avec ou sans pièces aérodynamiques parce que je suis rapide avec les deux. Peu de choses changeraient. Aérodynamique ou pas, c’est toujours le pilote qui fait la différence ». Cependant, il a une préférence : « j’aime avoir beaucoup de puissance et être celui qui contrôle ce qui se passe sur la moto. Je ne toucherai jamais à l’électronique car je n’aime pas qu’elle interfère. Autrefois, le pilote contrôlait tout lui-même, sans aucune électronique. C’est comme ça que j’aime le mieux ».
Et les 400 km/h en pointe redoutés par Jorge Lorenzo ? Là aussi, Pecco Bagnaia ne voit là rien d’effrayant. Ce serait même la vocation du MotoGP : « ce n’est jamais trop rapide pour moi, je veux toujours être un peu plus rapide ». Puis il conclut : « notre sport est le summum du monde de la moto, nous devons donc toujours aller plus loin et essayer d’en faire toujours plus. Je ne vois pas pourquoi nous devrions ralentir. C’est normal que nous devenions toujours plus rapides dans les lignes droites et dans les virages. Les tracés s’adaptent aux performances actuelles. Je pense que toutes les parties du MotoGP doivent s’améliorer et s’adapter, pas seulement les motos ».