A cette mi-temps de la saison 2023 de MotoGP, force est de constater à la simple lecture du classement général provisoire du championnat que Brad Binder est le pilote qui résiste à ses homologues sur Ducati. Il est ainsi le seul à ne pas être équipé en Desmosedici dans le top 5. Il n’a pas encore remporté de Grand Prix proprement dit cette année, au contraire d’un Alex Rins au Texas, dont il faut rappeler d’autant plus l’exploit qu’il a été réalisé sur une Honda. Mais dans la course Sprint, le Sud-Africain a montré par deux fois de quel bois il se chauffait avec la RC16 d’un constructeur KTM par ailleurs dauphin de Ducati au classement des constructeurs. Il faut donc intégrer le fait que l’équipier de Jack Miller n’est pas un intermittent du spectacle MotoGP mais bel et bien un de ceux qui jouent un rôle principal. Et ce n’est pas son team manager Francesco Guidotti qui dira le contraire.
Francesco Guidotti est l’heureux team manager du team officiel KTM, marque qui a su en quelques mois dissiper les doutes que l’intersaison avait fait naître sur la dernière mouture de sa RC16. A l’époque, le nouvel arrivé Jack Miller s’agaçait même en mentionnant qu’il était face à un mur. Un mauvais souvenir maintenant lointain au vu du déroulé de cette première partie de la compétition. Comme quoi, on peut trouver des solutions à ses problèmes en un temps réduit malgré le nouveau format. A condition d’avoir la méthode et la volonté. Et on rappellera que KTM ne bénéficie plus des points de concession …
Cela étant dit, le même Guidotti, qui est l’une des nombreuses prises de guerre Ducati faites par les hommes de Mattighofen, a fait connaissance avec un pilote Brad Binder qui est un pur produit KTM. Et voilà ce que l’Italien en dit, dans un entretien accordé à GPOne : « Brad Binder est un pilote qui ne se pose pas trop de questions. Il monte juste sur la moto et s’en va » commence Guidotti qui ajoute néanmoins : « mais à ce niveau il faut se poser quelques questions pour affiner son style de pilotage. Il avait l’habitude de rouler d’une certaine manière, il est très agressif au freinage, mais il a encore besoin d’aplanir certains côtés et il va certainement grandir ».
Francesco Guidotti : « Brad Binder avait des idées préconçues qu’il a maintenant surmontées grâce à Miller »
Et pour cause : Brad Binder métabolise vite : « quand vous lui montrez des choses, il les comprend et les met en pratique. C’est un animal de course qui évolue et je pense qu’il pourrait être vraiment dangereux dans un avenir pas trop lointain ».
D’autant plus qu’il a un équipier Jack Miller qui lui a ouvert de nouveaux horizons grâce à son expérience forgée au sein des marques Honda comme Ducati : « Brad est devenu convaincu de tant de choses qu’il ne comprenait toujours pas. Les techniciens peuvent vous les expliquer, mais avoir un coéquipier qui les fait, c’est différent. Il a vu que certaines manœuvres pouvaient aussi se faire avec notre moto et cela lui a ouvert un horizon beaucoup plus large » assure le team manager.
« Jack a apporté son expérience avec d’autres motos, d’abord Honda puis Ducati, qui manquait. Brad lui-même avait attrapé des habitudes, des routines dans son style de pilotage, en raison du fait qu’il ne connaissait pas d’autres motos » dit-il.
L’homme de KTM illustre sa position avec cet exemple : « nous avons couru à Assen sur le pneu tendre après avoir vu certaines manœuvres de Jack dans les virages qui lui ont permis de le sauver, ce que Brad pensait que ce n’était pas faisable avec notre moto. Parce qu’il avait toujours piloté la RC16 d’une certaine manière, cependant, malgré une suspension et un châssis différents des autres, elle se comporte comme une moto « normale » ». Et Guidotti conclut : « Brad Binder avait des idées préconçues qu’il a maintenant surmontées grâce à Miller ». Le Sud-Africain sera donc à suivre de près lors de la seconde partie de saison au calendrier plus fourni que lors de la première, puisque l’on passera de huit meetings à douze, dont cinq en outre-mer.