Carlos Ezpeleta, en tant que haut représentant de Dorna, a officialisé le fait qu’un plan de sauvetage de Yamaha et de Honda en MotoGP était bel et bien en cours d’élaboration. Un sujet brûlant comme un dossier sensible qui met sur le grill des enjeux et des intérêts de premier ordre. Il faut donc rassurer et ménager les susceptibilités des protagonistes qui jouent leur réputation comme leur équilibre économique. C’est exactement le contraire qu’a fait le fils de Carmelo en s’épanchant dans les médias avant même de traiter avec les principaux concernés que sont les constructeurs. Et ça coince forcément chez Ducati qui est pourtant ouvert au principe de tendre la main aux Japonais pour les sortir de l’ornière.
Le principe en est acquis : on va aider les Japonais Yamaha et Honda a retrouvé leur chemin et le sens de la marche en leur traçant une voie réservée pour rejoindre la tête du convoi MotoGP. Ainsi est acté le fait que, malgré leur histoire et leur puissance économique comme industrielle, les Japonais restent incapables de se débrouiller par eux-mêmes. Ils ont été mis en échec par leur suffisance et un règlement. Le genre de revers qui vous donnerait envie d’arrêter la partie et de quitter les lieux. Et ce message de Carlos Ezpeleta dans les médias sera sans doute du genre à entretenir l’espoir d’une revanche, d’un retour à des lendemains qui chantent pour les hommes du pays du soleil levant.
Comme, apparemment, les trois autres constructeurs du MotoGP attendaient des détails pour travailler sur un dossier dont ils se doutaient bien qu’il était ouvert, il semble qu’il y ait eu urgence chez Dorna à mettre la charrue avant les bœufs. Y-avait-il à ce point urgence à rassurer les conseils d’administration de Tokyo et d’Iwata ? Etions-nous finalement si proche de la retraite au Japon qu’il fallait inverser la tendance avec cette communication ?
On ne sait, mais ce qui est sûr, c’est que Ducati a peu goûté à cette sortie médiatique. Sur GPOne, le directeur sportif de l’armée rouge se montre très clair sur la déception ressentie à Borgo Panigale : « je ne sais pas s’il y a de proposition sur ces nouveaux points de concession, mais il semble qu’on en ait parlé d’abord avec des journalistes plutôt qu’avec les constructeurs ».
« Nous pensons que la méritocratie doit être une valeur du MotoGP, nous sommes prêts à évaluer une proposition dans un esprit de collaboration quand il y en a une »
Et il fait ce rappel au règlement : « une telle proposition devrait être discutée au sein de la Commission Grand Prix et débattue par ses membres : Dorna, FIM, IRTA et MSMA. La MSMA, réunie jeudi dernier à Assen pour parler de la réglementation technique pour l’avenir, n’a reçu aucune proposition. Lorsque Dorna décidera de mettre à jour le système de concession pour répondre aux constructeurs en difficulté, elle devra expliquer comment et quel impact cela aura. Veulent-ils accorder plus de jours de test ou permettre aux pilotes officiels de tester ? Nous ne savons pas ».
Voilà l’ambiance dégradée d’un coup d’un seul et c’est dommage, car, jusque-là, on partait sur de bonnes bases. Que Ciabatti rappelle au nom de Ducati : « nous sommes prêts à évaluer une proposition dans un esprit de collaboration quand il y en a une. Mais nous devons garder à l’esprit certains points. Nous, comme Aprilia et KTM, nous sommes arrivés là où nous étions en nous battant contre le peloton et en respectant la réglementation, alors que les deux constructeurs japonais n’ont pas pu suivre. Je le répète, nous sommes prêts à évaluer une proposition, mais cela ne doit pas être à la carte, cela doit fonctionner pour tous les fabricants qui pourraient se retrouver dans cette situation à l’avenir. On en parlera entre nous constructeurs et on comprendra s’il y aura une majorité positive ou négative ».
Il ajoute : « nous sommes ouverts à l’évaluation d’une proposition, en gardant à l’esprit qu’il ne faut pas trop céder à ceux qui n’ont pas fait leur travail comme les autres. Nous avons besoin d’une proposition articulée, précise et surtout juste et partageable. En ce moment, il y a deux constructeurs japonais en difficulté et trois européens en bonne situation. Dans le passé, ils n’ont pas pu profiter des concessions, puis ils se sont un peu perdus. C’est dans l’intérêt de tous, même au championnat, que tous les constructeurs aient leur mot à dire sur la piste, mais ceux qui ont bien travaillé ne doivent pas être pénalisés. Nous pensons que la méritocratie doit être une valeur du MotoGP ». Dorna va maintenant devoir recoller les morceaux.