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Toprak Razgatlioglu

Comme vous l’avez sans doute récemment appris, Toprak Razgatlioğlu vient d’officialiser son arrivée au sein du team officiel BMW pour la prochaine saison 2024 en championnat du monde Superbike.

Cette annonce n’a pas manqué de surprendre le milieu sportif, tout d’abord dans la catégorie MotoGP où le pilote turc était pressenti au sein du team Factory Yamaha. En effet, les déclarations de Maio Meregalli sur les performances jugées décevantes du Turc lors d’essais privés à Jerez, le tout associé au scepticisme de son propre manager Kenan Sofuoğlu quant à la pertinence de cette opportunité, ont achevé de fermer l’option.

Dès lors, quelle ne fut pas la surprise du paddock WSBK lorsque Toprak annonça la fin de sa collaboration avec Yamaha pour mieux rebondir quelques heures après au sein du team ROKit BMW.

Un contrat au salaire sans doute mirifique, manifestement supérieur à ce que proposait Yamaha qui n’était pourtant jamais allé aussi loin financièrement, l’a donc aidé à accepter ce nouveau challenge.

La seule partie réellement gagnante de ce transfert reste le constructeur munichois qui peut désormais compter sur l’un, pour ne pas dire le meilleur talent actuel du plateau.

Certes, c’est peut-être faire injure au pilote catalan Álvaro Bautista qui est bien parti pour être doublement couronné cette saison. On n’ignore pas cependant la supériorité intrinsèque de sa Ducati Panigale, d’où l’impressionnant talent et la formidable combativité de Toprak qui résiste malgré une Yamaha désormais dépassée en performance pure.

À moins que des évolutions notables au règlement soient actées d’ici l’année prochaine, on imagine pourtant mal le Turc en capacité de glaner un nouveau titre mondial, se bornant plus à des coups d’éclat du fait de l’infériorité mécanique de sa future monture. Car oui, osons le dire : la M1000RR n’est pas l’arme absolue pour tutoyer les sommets. En l’état ce serait même plutôt l’inverse…

Scott Redding, actuel leader de la marque et qui n’a pourtant pas démérité jusqu’à présent, n’y arrive clairement pas et se démotive d’autant faute de solutions.

Qui plus est, le gabarit des deux futurs coéquipiers (à moins que ce ne soit Michael Van Der Mark en lieu et place de Redding) est similaire : Plus grands et plus lourds que le jockey Bautista sur Ducati, ils sont pénalisés tant sur le plan aérodynamique qu’en matière de vitesse et d’accélération du fait d’un rapport poids puissance légèrement inférieur. Cependant, le talent des 2 hommes est bien différent. Scott Redding a les défauts de ses talents, se laissant vite emporter par son impétuosité, il ruine souvent ses chances.

En revanche, bien malin qui pourra dire ce qui se passera l’année prochaine lorsque le Turc entrera dans le feu de l’action.

Il devrait donc continuer d’écrire sa légende mais pas en catégorie reine. Et finalement, n’est-il pas là le grand gâchis ? Quel pilote n’a jamais rêvé de briller en MotoGP ou sont réunis les meilleurs talents du monde ?

Même s’ils sont peu nombreux, quelques pépites du Superbike y ont officié avec succès. Ben Spies fait partie de ceux-ci : Champion du monde Superbike en 2009 avec la marque au diapason, il fit des débuts tonitruants l’année suivante avec le team Yamaha Tech3 avant d’être promu en seulement un an au sein du team Factory Racing.

Pourquoi Toprak n’a t-il pas choisi cette option ?

Quels risques prenait-il ? Car enfin, ayant déjà glané le titre suprême en World Superbike, ultra-talentueux et tenace, il aurait très bien pu faire une carrière dans l’élite. Son manager, Kenan Sofuoğlu, a pourtant réussi à l’en dissuader, prétextant que le Superbike était sa famille et qu’il se perdrait en MotoGP.

Selon nous, en admettant qu’une ou 2 saisons ne lui permettent pas de briller, nous sommes convaincus qu’un retour en Superbike ne poserait pas de problème, loin de là ! Surtout à la lecture de son cursus.

C’est d’autant plus dommageable pour le Turc que pareille occasion n’est pas près de se représenter à nouveau. On le constate déjà puisque l’antichambre traditionnelle qu’est la Moto2 regorge de talents, et ces derniers se bousculent déjà au portillon de la catégorie reine.

La catégorie WSBK est souvent considérée, à tort, comme le refuge d’anciennes stars de la MotoGP qui n’y ont plus leur place. A l’image du verre à moitié vide. Ceux voyant le verre à moitié plein apprécieront cet apport de stars au bénéfice de la popularité et du spectacle. Difficile de leur donner tort d’ailleurs, les combats du trio Bautista-Rea-Razgatlioğlu lors des deux dernières saisons furent un régal. Et Bautista vient de la MotoGP…

L’inverse est d’autant plus vrai pour les pilotes migrant de la SBK au MotoGP : Soit ils brillent de par leur capacité d’adaptation à une discipline sans concession, soit ils s’y brulent les ailes. Nul doute que Toprak y brillerait : Son flegme, son pilotage tout en dextérité, son ardeur et sa combativité forcent l’admiration comparativement à nombre de ses pairs. Il n’a pas attendu longtemps pour être le meilleur, il lui en faudrait peu pour être l’un des plus grands.

Gageons que ce ne soit que partie remise.

En même temps, il n’est pas interdit de rêver à d’autres opportunités. Et pourquoi pas avec BMW ? Le constructeur Bavarois en aurait largement les moyens. Avec la défection de Suzuki l’année passée, leur présence en MotoGP fut un temps évoquée en coulisses.

Qui plus est, Razgatlioğlu revendique fort et clair son gout pour les challenges. Qui sait si, avec leur nouveau porte-étendard « fort comme un Turc » ils ne se laisseraient pas à nouveau tenter ?
Quelle allure cela aurait !

 

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