Le chef mécanicien de Marc Marquez qu’est Santi Hernandez a aussi fait son point de la saison après cinq Grands Prox disputés et dix courses qui se sont résumés à deux Grands Prix et quatre compétions avec son octuple Champion du Monde. La raison de cette portion congrue est encore à trouver en une blessure au terme d’une prestation où le pilote essayait, comme toujours de forcer sa Honda frappée du 93 à produire un niveau de performance dont elle est intrinsèquement incapable. Ce qui revient à revenir sur le sujet sensible de la dégradation des performances techniques de la Honda depuis que Marc Marquez en a pris la direction…
Une thématique sur laquelle Santi Hernandez a évidemment son idée. Dans une interview avec Nico Abad sur sa chaîne Twitch il dit : « c’est très compliqué, mais avec un pilote comme Marc la mentalité est toujours de faire au mieux. Je suis réaliste, nous ne sommes pas au niveau pour nous battre pour la victoire à chaque Grand Prix, mais nous avons le meilleur pilote et tout peut arriver ». Il ajoute : « notre objectif est de rester devant chaque week-end, pas de penser au titre ».
Voilà pour la situation générale. La conjoncture particulière est ainsi appréhendée par l’Espagnol : « on ne peut pas gagner, on souffre, on le voit avec tous les pilotes Honda, pas seulement avec Marc. On voit combien il doit risquer en course pour rester devant ». Puis il assure : « il ne demande pas une moto que lui seul peut piloter, mais que tout le monde peut piloter. On le voit avec Ducati : avoir 8 pilotes qui vont vite sur la même moto fait grandir ».
Un noble sentiment, une démarche quasiment altruiste qui ne tient cependant pas face aux propres déclarations de Marc Marquez ni l’évaluation fate par certaines sources proches du dossier. Santi Hernandez n’a visiblement pas regardé la série documentaire centrée sur son pilote intitulée « Marc Marquez All In ».
Santi Hernandez aura du mal à convaincre sur l’altruisme de Marc Marquez
Pour rester totalement dans le contexte, on rappellera la philosophie imposée par l’homme de Cervera dans le box Honda depuis son arrivée en 2013. En se rappelant de son arrivée dans le box Repsol, Marc Marquez dit : « à l’époque, nous avions une excellente moto et tout fonctionnait bien. Donc si une pièce fonctionnait pour Pedrosa, je n’aimais pas ça et je disais : « Ça ne marche pas, je veux l’autre, je veux cette pièce de rechange, puisque je suis en tête ! Ne lui donnez pas ça ! C’était comme ça. Et quand on me demandait : ‘et cette pièce ? Tu veux essayer ?’ Je ne voulais pas. Car je ne voulais pas qu’il l’ait ». Dans cet aveu, on ne trouve pas vraiment le fameux « il ne demande pas une moto que lui seul peut piloter, mais que tout le monde peut piloter ».
Cette drôle d’ambiance, cette emprise est confirmée en tout point par Dani Pedrosa : « dans l’équipe dans laquelle on était, HRC, c’était comme ça : celui qui va le plus vite c’est le numéro 1, celui qui choisit les pièces et celui qui détermine un peu la direction. Quand il est arrivé, j’étais dans cette position puis avec les courses et les championnats, il a pris cette position et a décidé à sa manière ».
Une manière bien différente… « Quand je dirigeais l’évolution de la moto, j’avais d’abord les pièces et je n’ai jamais pensé à moi. Ma façon a toujours été de faire ce qui était le mieux pour l’équipe, et si j’ai les meilleures pièces pour faire de la meilleure moto, je ne pensais pas à mon rival juste à côté, mais à Yamaha, Ducati… Car je me considère comme faisant partie de la marque. Plus tard, il a eu cette autre façon de faire, que je n’ai jamais faite parce que ce n’est pas ma façon d’être. Par exemple, avant que Marc n’arrive, avec Stoner, on n’a jamais fait ce jeu-là non plus ».
Le même Pedrosa conclut : « je comprends qu’ils sont dans une situation étrange pour ce qu’ils sont. C’est peut-être un peu la moisson de certaines choses qui se sont passées avant. Ce que vous voyez maintenant, ce sont des choses qui se sont passées avant ».
On rappellera aussi cette évaluation faite par un homme d’Aprilia qu’est l’ingénieur Giulio Bernardelle dont on s’était fait l’écho le 30 novembre 2022. L’Italien avait listé deux problèmes touchant Honda en MotoGP dont celui-ci : « il y a un problème qui est lié à la gestion de Honda HRC, qui, ces dernières années, a été trop absente compte tenu de la grande puissance du sponsor Repsol et de tout l’environnement espagnol. Les Japonais doivent être à nouveau plus présents dans la gestion directe de leur investissement, qui ne peut plus être lié uniquement au sort de Marc Marquez, mais doit avoir une vision à plus long terme ».