Paolo Simoncelli a toujours eu des avis tranchés sur le paddock des Grands Prix comme sur le déroulé des courses, et il a toujours mis un point d’honneur à les assumer dans une chronique que l’on trouve sur le site de son écurie. Dans sa dernière, il est revenu sur une épreuve MotoGP au Mans qui l’a impressionné par l’intensité du spectacle, dont Marc Marquez n’a pas été étranger. Revenant après 45 jours de convalescence et qui plus est sur un châssis Kalex qu’il n’avait jamais roulé jusque-là, l’officiel Honda a renouvelé son abonnement aux avant-postes avec le style sans concession qui est sa marque de fabrique. Mais qui semble lasser jusqu’à ses pairs, dans un peloton aux nerfs à fleur de peau puisque plus sujet aux blessures avec le nouveau format des Grands Prix… Le genre de procès que Paolo Simoncelli connait très bien. Cela lui rappelle feu son fils, le regretté Marco. Et ça se sent dans son argumentation où il y met tout son cœur…
Paolo Simoncelli commence son propos en fustigeant ceux qui crient au loup à propos de cette meute que serait devenu le peloton du MotoGP, sujet à des « dépassement trop risqués ou trop proches de l’autre pilotes, presque à la limite de l’absurdité ». Et il pose cette question : « et si dimanche dernier il y avait eu Marc Marquez au milieu ? Et s’il avait été coupable de l’un des incidents ou contacts qui se sont produits ? » L’Italien répond, en ne doutant pas du sort qui aurait été réservé à l’octuple Champion du Monde : « ils l’auraient brûlé sur le bûcher dans le parfait style Jeanne d’Arc, pour citer une Française au hasard ».
Paolo Simoncelli : « apprécions la beauté de ce sport et laissons ces gars-là faire ce que seuls quelques-uns dans le monde peuvent faire ! »
A partir de là, il développe, s’appuyant notamment sur ses souvenirs douloureux : « ce dont Marc Marquez est accusé aujourd’hui me semble une histoire déjà entendue… il me semble incroyable qu’un gars, après quarante-cinq jours de convalescence monte sur une moto avec un cadre qu’il jamais essayé auparavant, et risque de prendre la pole (arrachée seulement par un grand Bagnaia). Et nous, que faisons-nous ? Nous le critiquons… Sérieux ? Lui, contrairement à d’autres, est accusé de dépasser en étant trop agressif et avec des manœuvres à la limite de l’inconvenance, mais les dépassements, les trajectoires affleurantes avec le vibreur, l’adrénaline et les sensations fortes sont l’essence même de la moto. Sans ça ce sport n’existerait pas ».
« Une course comme celle de dimanche en MotoGP, nous n’en avions pas vu depuis longtemps. Des freinages incroyables, des dépassements de ligne limite. Que vous le vouliez ou non, il l’a embellie et en a fait une amante qui nous a tous collés à l’écran. Une course comme celle-ci doit être prise en compte. Ces personnes offrent LE spectacle dont le monde de la moto a besoin, dans un contexte sportif où le football est le maître. Alors je me dis : apprécions la beauté de ce sport et laissons ces gars-là faire ce que seuls quelques-uns dans le monde peuvent faire ! ». Puisque Paolo Simoncelli a fait référence à l’histoire nationale, on pourra donc imaginer qu’avec cet exposé, il a aussi fait sa révolution et acté en France la Déclaration des Droits du pilote et du spectacle.