Une fois n’est pas coutume, la rubrique « Parlons
MotoGP » se transforme en « Parlons Moto2 », ou plus
largement, « Parlons avenir ». Aujourd’hui, on se penche
sur un talent, un crack, un grand malgré son jeune âge : Pedro
Acosta. Ensemble, nous allons étudier toutes les possibilités de
signatures, avec les points forts et faibles de chaque option. Un
article ludique, avec des éléments précis à surveiller. Comme
d’habitude, vous êtes invités à donner votre avis en
commentaires.
I) Petites précisions
Avant de commencer, clarifions la situation : nous n’avons pas plus
d’informations que ce que le pilote a laissé sous-entendre la
semaine dernière. L’Espagnol a déclaré que « la
priorité était KTM ». Ainsi, nous allons nous
baser là dessus pour l’analyse, mais cela ne veut pas dire que nous
excluons les autres pistes.
Deuxièmement, nous ne tenons pas tellement compte de
l’aspect contractuel de la chose. Beaucoup de pilotes sont
signés jusqu’en 2024, mais nous partons du principe qu’aucun papier
n’est indéchirable et le passé nous l’a prouvé, en MotoGP comme
dans les autres sports mécaniques. En tout cas, nous étudions ici
la question dans l’absolu, et cela reste, au final, des
suppositions.
Troisièmement, rappelons tout de même qui est ce pilote et pourquoi
on parle tant de lui si vous ne suivez pas les autres catégories.
Dès sa première année en championnat du monde Moto3, il
s’est imposé au nez et à la barbe des habitués chez Red Bull KTM
Ajo. Cela lui valut un passage en Moto2, toujours dans la
structure d’Aki Ajo, et là encore, il se montra véloce dès ses
premiers tours de roue. Avec trois victoires, deux podiums et une
pole, Pedro termina l’année en 5e position. En
2023, un début tonitruant avec des victoires au Portugal et aux USA
le place dans une position idéale au championnat. Actuel deuxième à
25 points de Tony Arbolino, il essayera d’aller
chercher sa deuxième couronne mondiale dans sa 19e année seulement.
Vous l’aurez compris, l’expression « talent
générationnel » n’est pas de trop pour Pedro
Acosta.
II) Les options
1. Une nouvelle année de Moto2
Les plus : Après tout, le marché est encore
bouché en MotoGP. Pedro
Acosta est – très – jeune, il a le temps. Ne pas
précipiter le talent est aussi un bon moyen d’arriver plus tard
dans une équipe MotoGP établie, et surtout, avec plus d’expérience.
Prenons l’exemple de Jorge Lorenzo, ou de
Johann Zarco, qui ont remis leur titre en jeu
avant de débarquer en catégorie reine avec de bons guidons. De
plus, on imagine que sa priorité reste le sacre Moto2 2023 mais ce
dernier est loin d’être acquis au vu de la concurrence.
Les moins : Forcément, au vu de la pépite,
on voudrait le voir en MotoGP, là où sont les meilleurs
pilotes. Faire une année supplémentaire représente aussi
un risque, celui de se blesser sans même avoir goûté au rêve, ou
plus simplement, perdre en performance et intéresser moins
d’équipes bien placées, ce qui s’est déjà vu par le passé. Précoce,
son âge est une force et il ne faudrait pas « gâcher »
ses meilleures années pour conquérir un titre finalement pas si
décisif (Joan Mir, Maverick
Viñales ou Jorge Martín ne l’ont pas
attendu).
2. Honda Repsol
Les plus : Clairement, on ne peut s’empêcher
de trouver des similitudes avec Marc Márquez. Les
deux sont espagnols, toujours souriants, rapides, explosifs, forts
en petites catégories et ont cette image de jeunes génies. Suivre
les pas de l’octuple champion du monde ne serait pas une mauvaise
idée. Honda Repsol a besoin de se reconstruire, et l’équipe
bénéficie toujours de cette aura caractéristique. Pourquoi ne pas
faire venir Pedro Acosta pour repartir sur de nouvelles bases ?
Après tout, il s’agit de la plus grande équipe de l’histoire de
notre sport. Refuser Honda usine en Grands Prix est très
difficile.
Les moins : La moto n’est clairement pas au
niveau et s’il vient, Pedro sait déjà que les deux premières années
(ou au moins, la première) seront tortueuses. De plus,
attention à ne pas se faire avaler par Marc Márquez,
toujours rapide malgré ses blessures. Forcément, la performance de
la machine jouera dans son appréciation et Honda est loin d’être en
pole position dans ce domaine, c’est le moins que l’on
puisse dire.
3. KTM
Les plus : Nous séparons l’équipe d’usine
KTM de GASGAS. Finalement, le
passage chez les Autrichiens est le plus logique : Pedro Acosta
connaît bien la maison, et la firme de Mattighofen a ses faveurs
pour le moment. La relation est saine et établie, c’est déjà un
grand avantage par rapport aux autres écuries. La RC16 est
sur la pente ascendante, ce qui est encore une très bonne
nouvelle.
Les moins :
Brad Binder est indéboulonnable, car lui aussi est un talent
générationnel. Le seul fusible est Jack Miller, mais
force est de constater que
malgré les erreurs récurrentes et une approche
douteuse, il fait le job en ce début d’année.
Prendra-t-on le risque de s’en séparer pour faire monter Pedro
Acosta ? Cela semble risqué, d’autant plus si l’Australien
progresse encore et aide KTM a décrocher un titre constructeur ou
équipes.
4. GASGAS
Les plus : Tech3 est
une institution qui a développé beaucoup de jeunes, et
souvent avec du succès. La machine n’est pas moins performante et
la place tenue par Pol Espargaró loin d’être
irrévocable, même si ce dernier à d’excellentes relations avec KTM.
Clairement, c’est la piste la plus probable.
Les moins : Pedro Acosta est un tel talent qu’il
serait presque dommage de le voir sur une GASGAS, sans
manquer de respect à Hervé Poncharal et ses équipes.
Comprenez : C’est comme si Jorge Lorenzo ou Dani
Pedrosa, des monstres en devenir, avaient signé chez Team Roberts
et Konica Minolta Honda à l’époque. Comme pour ces
légendes, il faut débloquer une place au sein d’une équipe
officielle. De fait, GASGAS reste une équipe « de transition », de
« formation » alors que Pedro Acosta, comme Marc Márquez
avant lui, est destiné à briller dès son arrivée.
5. Yamaha et Ducati
Nous regroupons les deux afin de ne pas faire trop long, mais les
pistes méritent aussi d’être explorées.
Les plus : Ducati et Yamaha sont des équipes qui
attirent, malgré tout. La Ducati est la meilleure machine du
plateau, et Yamaha jouit d’une histoire qui pourrait
légitimer un tel transfert.
Les moins : Les voies sont bouchées,
sauf à la place de Morbidelli sous le auvent
d’Iwata. Ducati aurait raison de miser sur Bagnaia et
Bagnaia uniquement, à moins de lui trouver une place chez
Pramac avec un montage impliquant Johann Zarco et la sortie de
Fabio Di Giannantonio, mais finalement, il ne serait qu’un
second couteau supplémentaire malgré la performance intrinsèque de
la machine. Cela implique aussi un chamboulement au sein de la
hiérarchie Ducati. Cette option n’est pas inintéressante
pour autant. Ensuite,
Yamaha ne montre rien qui pourrait faire signer Pedro
Acosta. L’argument du passé est valable, mais le
manque d’envie couplé à la perte de motivation de la superstar
Fabio Quartararo en ce début de saison n’est pas
rassurant.
Selon-vous, que va-t-il faire ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Red Bull KTM Ajo