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Marco Bezzecchi

Après cinq Grand Prix, nous avons une vision plus claire de la hiérarchie en MotoGP. De toute évidence, la « surprise » de ce début de saison n’est autre que Marco Bezzecchi, déjà vainqueur de deux courses au nez et à la barbe des favoris. Désormais, il pointe deuxième du classement général à seulement un petit point de Pecco Bagnaia. Peut-il – vraiment – prétendre à la couronne mondiale ? Analyse en plusieurs points.


I) Un problème qui n’en est pas un


La conjonction de coordination « mais » revient souvent à l’évocation de son cas. Oui, assurément, Marco Bezzecchi est fantastique, capable de réellement dynamiter un weekend de Grand Prix de par son explosivité, sa combativité et son engagement.

Mais il y a beaucoup de « mais », au moins en ce mois de mai. Tout d’abord, il performe mais sa moto est datée et surtout, il n’est pas à la bonne place. Ainsi, il risque de connaître le même sort qu’Enea Bastianini l’an passé. D’ailleurs, les deux pilotes sont comparables sur plusieurs points même si « Bestia » était sans doute un cran au dessus.

 



Lorsque la Ducati Desmosedici GP23 réservée à Pecco Bagnaia sera enfin totalement comprise et maîtrisée, soit à la mi-saison, il y a de fortes chances que ce dernier soit encore plus redoutable à partir de ce moment-là, comme en 2022. Au vu du niveau actuel du bonhomme, ça fait peur. La moto rouge frappée du n°1 va s’améliorer, c’est un premier élément, tandis que la Ducati du Mooney VR46 Racing Team va stagner, ce qui est un deuxième élément distinct.

À la fin de la saison, l’écart entre les deux machines sera conséquent, c’est une certitude. En un sens, c’est tout à fait normal et Marco peut s’estimer heureux car il y a dix ans, les pilotes satellites rêvaient seulement de finir dans le top 4 trois ou quatre fois dans l’année.

Plus largement, nous peinons à comprendre les critiques quant à la possible différence de matériel entre les deux hommes. Ducati investit massivement dans son équipe d’usine, et il est tout à fait normal que la Desmosedici utilisée par les officiels soit meilleure que celle des clients. Nous rejoignons totalement Luca Marini sur ce point : Un pilote satellite ne pourra jamais être champion du monde MotoGP, sauf s’il se bat contre une moto d’une autre marque. Rien de choquant là-dedans, c’est la pure logique sportive.

 

Marco Bezzecchi

La puissance. Photo : Michelin Motorsport



II) Un problème qui, cette fois, en est vraiment un


Marco Bezzecchi est sensationnel, mais il se bat contre – bien – plus fort que lui. C’est notre sentiment depuis le début de saison, Pecco Bagnaia est absolument injouable sur 20 courses et cette entame en demi-teinte – de fait – ne gâche pas notre argumentaire pour autant.

Bagnaia est un meilleur pilote en tous points. Il peut faire tout ce que fait Bezzecchi sur la moto, mais en mieux. En revanche, l’inverse n’est pas avéré. Depuis le début de saison, Pecco est toujours devant, dans le bon groupe à chaque sortie et même en qualifications. « Bez » ne peut pas en dire autant. Le sophomore (dans sa deuxième année) a connu un weekend difficile à Jerez, sans possibilité de trouver du rythme. Situation similaire aux États-Unis, où il termine 6e du Grand Prix après une autre 6e place lors du Sprint.

Le format court, parlons-en. Depuis le début de saison, Bagnaia en a remporté deux avec la manière, soit autant que Brad Binder qui est, selon-nous, celui qui a le mieux appréhendé les particularités de cette nouveauté.

Nous imaginions Marco Bezzecchi plus explosif sur une petite distance, mais force est de constater que les Sprint ne lui réussissent pas tant que cela. Hormis une 2e place en Argentine, il n’a jamais fait mieux que 6e dans cet exercice. Pourtant, les points à aller chercher sont importants, surtout face à un adversaire de la trempe de Pecco. Rendez-vous compte : Le champion du monde en titre a marqué trois résultats blancs en cinq Grands Prix mais reste toujours premier du classement général ! C’est dire à quel point cette composante pèse lourd dans le bilan comptable.


III) Mais il reste extrêmement fort


Au Mans, sa performance était magistrale. Dans un style « à la Pecco », il a semé ses adversaires sans commettre la moindre erreur. Oui, s’il continue ainsi, Marco Bezzecchi sera bien placé au championnat du monde. On peut imaginer une deuxième ou une troisième place avec une saison similaire à celle d’Enea Bastianini l’an passé.

Mais jouer le titre sera difficile, voire impossible. Nous devons au moins attendre qu’il batte Pecco Bagnaia en duel. Une petite statistique illustre ce phénomène : Quand les deux franchissent la ligne (ce qui est arrivé huit fois en comptant les Sprints), Bagnaia était devant à six reprises et n’a été battu qu’en Argentine, deux fois, un weekend toujours compliqué pour lui avec une chute que nous comptabilisons tout de même pour deux raisons. Il n’aurait jamais pu rattraper Bezzecchi s’il était resté sur ses roues, et il a tout de même terminé en 16e place.

 

N°1 ou « best of the rest » ? Photo : Michelin Motorsport

 


Bagnaia tombe souvent, c’est la vérité. Mais Bezzecchi a déjà chuté une fois lui aussi, et son style de pilotage implique de souvent finir par terre comme nous l’analysions en détail avant le début de saison.

IV) Conclusion

Même s’il a marqué ce début de saison de son empreinte, nous ne voyons pas Marco Bezzecchi rivaliser avec Pecco Bagnaia sur le long terme et de facto jouer le titre. Cela n’enlève rien à son talent et peut-être nous trompons-nous, c’est le jeu d’afficher publiquement son avis argumenté. En tout cas, comme d’habitude, nous lui souhaitons le meilleur et pourquoi pas, de nous faire mentir !

Pensez-vous qu’il peut aller remporter le titre mondial ? Dites-le nous en commentaires !

Photo de couverture : Michelin Motorsport

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