Lorsque, à la fin de la saison 2020, Jonathan Rea abandonnait à Toprak Razgatlioglu sa plaque de n°1 qui était sienne depuis les six dernières années écoulées, il pensait que ce ne serait que pour une parenthèse d‘une seule saison. Nous voilà en 2023 et l’Irlandais du Nord arbore toujours sur sa Kawasaki le n°65 fétiche de ses débuts. Et, d’ores et déjà, on peut lui prédire une prolongation pour la prochaine échéance de 2024, tellement Alvaro Bautista domine son sujet avec sa Ducati Panigale V4R. Mais il y a plus grave : son Ninja est maintenant dépassé…
Kawasaki n’a que le WSBK comme vitrine sportive, au contraire de Ducati, de Honda et de Yamaha qui se mesurent aussi en MotoGP, avec d’ailleurs la même issue décevante pour les marque japonaises face à leur homologue italienne. On pourrait donc imaginer la firme d’Akashi concentrer ses moyens, industriellement conséquents, pour relever le gant dans la catégorie réservée aux motos issues de la série. Mais il semble qu’il y ait une fatalité lorsque l’on court avec un quatre cylindres en lignes, un concept que Suzuki a su pourtant admirablement faire évoluer avec sa GSX-RR en MotoGP, avant de se saborder.
Maintenant, la question est de savoir si Kawasaki veut vraiment aller au défi. On connait déjà une partie de la réponse en se penchant sur les projets d’évolution du modèle ZX-10R de sa gamme, et elle n’est pas encourageante. Un retard qui commence à écorner la belle réputation patiemment construites avec Jonathan Rea ces dernières années. Au point que le pire depuis longtemps est actuellement vécu par les verts. Les débuts de la campagne 2023 en Australie et en Indonésie ont été difficiles pour Kawasaki, avec un seul podium sur piste sèche à leur actif, qui est celui d’Alex Lowes dans la Course Superpole. Rea était sur le podium de la Course 1 de Phillip Island, qui s’est déroulée sur piste mouillée.
Cependant, depuis son retour en Europe, Jonathan Rea est devenu un challenger régulier pour le podium, avec deux trophées en trois courses à Assen et un à Barcelone. Bien qu’il ne soit monté que sur un podium en Catalogne, l’Irlandais du nord était en quête d’un trophée dans la Course Superpole et il aurait pu se battre pour un podium dans la Course 2, s’il était parti de la première ligne plutôt que de la dixième place à la suite de sa chute.
Jonathan Rea : « nous savons ce qu’il faut faire, l’équipe sait ce qu’il faut faire, mais ce n’est pas quelque chose sur lequel nous pouvons réagir pour l’instant »
Après cette manche, il est clair que le fer de lance Kawasaki n’est pas à considérer comme une menace pour le plus que jamais leader du championnat Alvaro Bautista qui compte après la manche catalane 236 points contre 100 à Rea, seulement quatrième au classement général provisoire. Mais le plus préoccupant est que cette situation risque de perdurer chez KRT… « Je pense que nous devons simplement faire du bon travail chaque week-end, mettre toutes les choses en bonne place du point de vue de l’équipe pour nous battre pour le podium » commente Rea.
Puis il reconnait : « nous sommes très loin de nous battre pour une victoire. Nous savons ce qu’il faut faire, l’équipe sait ce qu’il faut faire, mais ce n’est pas quelque chose sur lequel nous pouvons réagir pour l’instant. C’est notre situation. Je pousse l’équipe au quotidien sur le circuit, lors des tests, mais c’est quelque chose de très frustrant. Rouler face à d’autres motos en piste met vraiment en évidence nos difficultés ». Ainsi, la Kawasaki s’enfonce inexorablement dans le peloton.
Il termine : « nous n’abandonnerons jamais. L’équipe travaille très dur sur ce que nous pouvons contrôler et, bien sûr, je suis compétitif. J’ai eu pas mal de places de second cette année, mais ce qui est plus encourageant, c’est le bon résultat d’Alex Lowes. Cela montre que lorsque les choses vont bien, sur un circuit qui consomme beaucoup de pneus, la Kawasaki peut encore être forte ». Il est clair que l‘ensemble du message envoyé depuis le site wsbk.com est à destination du Japon, l’équipe faisant du mieux qu’elle peut avec ce qu’elle a.