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Joan Mir

C’est moralement en lambeaux que Joan Mir sort des quatre premières joutes de ce championnat MotoGP qui épuise même les pilotes pour lesquels tout va bien. Mais pour le Champion du Monde 2020 sur Suzuki, tout va mal depuis qu’il est chez Honda. Avec ses cinq chutes en quatre jours passés à Jerez, dont deux ont prématurément mis un terme à ses deux courses du Grand Prix d’Espagne, l’escapade en Andalousie a été un coup dur. Groggy depuis la victoire d’Alex Rins à Austin sur la même RC213V que la sienne, il voit arriver l’échéance du Grand Prix de France avec un genou à terre. La crainte du coup de grâce dans la Sarthe est réelle puisqu’il annonce lui-même être moralement au bord de la rupture.

Une confidence que l’on trouve sur Autosport qui révèle un Joan Mir blessé. Mais à la différence de Marc Marquez, son équipier, Miguel Oliveira, Enea Bastianini ou Pol Espargaró, ce n’est pas le physique qui est touché. C’est le mal pernicieux du découragement, prélude à la perte de contrôle qui promet de sombrer dans les abysses, qui le ronge. Une lente et implacable corrosion du mental déjà vu dans ce côté du box Repsol qui manque d’air et ne voit jamais la lumière puisque ces éléments sont absorbés et accaparés par le puissant colocataire Marc Marquez.

Joan Mir

Joan Mir : « c’est le plus grand défi de ma vie »

La situation de Joan Mir est déjà catastrophique au championnat. Avec cinq malheureux points, il reste bloqué derrière son illustre équipier qui n’a marqué que lors de la course Sprint à Portimao. Le reste du temps, il n’était même pas là. 20è sur 25 classés, il devance les pilotes tests qui ne font que des apparitions sporadiques et un Raul Fernandez en proie à un complexe souci de syndrome des loges qu’il espère avoir résolu par une récente opération.

La Majorquin sait très bien qu’il n’est pas à sa place comme il a bien conscience qu’il n’est pas encore près de sortir d’un gouffre dont le sol est fait de sable mouvant. Il déclare : « ce n’est pas facile car avoir le contrôle de soi-même, c’est quelque chose avec lequel je lutte un peu parce que je ne me vois pas me battre pour la 18e ou la 17e place. Je ne peux pas… Quand vous avez l’habitude d’être devant et de vous battre un mauvais jour pour la septième position, ce n’est pas facile de se battre pour la 18e et de toujours essayer et essayer et essayer encore, mais ne jamais aller de l’avant… C’est le plus grand défi de ma vie ».

Un défi qui n’est pas que technique et sportif, mais aussi très personnel, ce qui induit des dégâts considérables non plus seulement sur le pilote mais aussi sur l’homme en cas d’échec. Il fallait pourtant s’y attendre. Avant lui, ce passage chez Repsol a poussé Jorge Lorenzo à la retraite avant d’user jusqu’à la moëlle un Pol Espargaró à la guigne de tenace, puisque se blessant gravement après s’en être exfiltré après deux ans marqués par la déception, pour retrouver une KTM RC16 qu’il voit très performante depuis sa télé.

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