Pour tout un tas de raison, les Yamaha boys ont souffert
à Jerez. Jusqu’à maintenant, nous n’avions encore pas abordé ce
début de saison catastrophique, au moins sur le plan statistique.
C’est désormais chose faite. Fabio et Franco peinent, et pire, ne
trouvent pas de solutions. Analyse en plusieurs
points.
I) Le bilan après quatre courses
Au risque de divulgâcher notre pensée, nous affirmons dès
maintenant que nous sommes pessimistes quant au sort de l’équipe
d’Iwata. D’abord, penchons nous sur les résultats. Avec seulement
deux machines sur la grille, Yamaha est bon dernier du classement
constructeurs. L’équipe, elle – finalement, ce qui compte – est
classée sixième mais doit se méfier de LCR Honda
juste derrière.
Franco Morbidelli retrouve un peu de vitesse, et il
faut noter son bon retour en Argentine, deux fois quatrième, même
si nous pensons toujours qu’il s’agissait d’un concours de
circonstances. D’ailleurs, ses performances à Austin comme à Jerez
n’ont pas été des plus convaincantes. Quoi qu’il en soit, il semble
« mieux », ou à vrai dire, poursuit sa légère progression
entamée fin 2022. L’impression est tronquée car Fabio, lui,
est beaucoup moins bien mais nous l’évoquerons dans le point
n°2.
Les résultats du Français sont plutôt honnêtes à défaut d’être
flamboyants. Malgré un nombre de chutes important, il marque
toujours des points le dimanche et s’est même retrouvé sur le
podium aux États-Unis alors qu’il terminait 7e l’an dernier.
Après deux long laps à Jerez, il effectua une belle
remontée pour prendre les points de la 10e place.
II) Et pourtant…
Il faut regarder la réalité en face : Yamaha est loin d’être à sa
place et l’on ne saurait se contenter d’un top 10 pour
Fabio Quartararo, champion du monde 2021. En
Andalousie, il faut
remonter à 2006 pour ne pas trouver de Yamaha dans le top 5 et
encore, Valentino Rossi avait chuté. Nous allons
vous présenter ce qui nous inquiète sous forme de
points-arguments.
1. Depuis le début de saison, les critiques entre
coéquipiers sont fréquentes, ce qui, en sport, n’est jamais bon
signe. Fabio Quartararo stipulait que Morbidelli ne faisait
« pas le job » au Portugal, et Éric Mahé, manager
de Fabio, stipula que l’agressivité de « Franky » à Jerez coûta des
places à Quarta («
Fabio est en colère contre Franco Morbidelli parce qu’il fait des
choses inutiles »). Dans une équipe, d’autant
plus en difficulté, tous doivent travailler dans le même sens.
Ce n’est pas Fabio Quartararo contre Franco Morbidelli,
mais Fabio & Franco contre le reste de la grille.
2. Fabio Quartararo, tout particulièrement, est
retombé dans ses travers. Tous les weekends, on le voit
s’énerver, s’agacer au guidon ou dans le box. Ce n’est pas
la première fois qu’un pilote d’usine n’a pas une machine à la
hauteur de son talent. Mais tirer l’équipe vers le haut
n’est-il pas aussi la mission d’un officiel ? Un pilote du
rang de Fabio devrait avoir une attitude de leader, en conquérant.
Comment un pilote d’usine peut-il affirmer que sa moto a « perdu
tous ses points forts » ? Ceci doit interroger sur la
nature de son rôle. Dans les faits, la YZR-M1 régresse
mais Quartararo, comme Morbidelli, sont aussi responsables du
développement et de la direction à prendre. Savoir imposer
sa pensée, donner le ton, privilégier une direction fait aussi
partie du job, factuellement.
De plus, il semble régresser lui aussi malgré son beau podium à
Austin. Franco Morbidelli, comme expliqué précédemment, ne fait pas
mieux que l’an dernier et c’est Fabio qui galère. Sa 16e
position en qualifications à Jerez – pire que son
coéquipier – sur l’une de ses pistes préférées en dit long et ne
doit être ignorée dans le cadre d’une analyse objective.
3. L’incompréhension règne, ce qui est assurément
l’un des pires sentiments. Les pilotes ne comprennent pas ce qu’il
ne va pas (cf.
Fabio Quartararo : « nous avons besoin de nous améliorer
partout »). Le langage corporel d’« El Diablo »
se rapproche de celui de Johann Zarco, ce qui,
vous l’aurez deviné, n’est pas bon signe. Le français est abattu,
sans solutions. Pour compenser, il attaque à outrance comme au
Texas mais cette solution de dernier recours n’est jamais
annonciatrice d’améliorations significatives à court
terme.
Pour toutes ces raisons, nous pensons que la saison va être longue
pour Yamaha mais puissent-ils nous faire
mentir ! Comme d’habitude, nous souhaitons le
meilleur à tous les pilotes.
Qu’en pensez-vous ? Voyez-vous Yamaha revenir au plus haut
niveau avant Valence ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport