Avec cette mention de Pecco Bagnaia au terme d’un Grand Prix d’Espagne qu’il a remporté avec autorité, il faut bien reconnaitre que, pour la première fois d’une façon aussi flagrante, le panel des commissaires de la FIM a fortement pesé sur l’issue d’une course MotoGP. Il faut dire que, jamais depuis le début de cette saison marquée par l’avènement d’une épreuve Sprint qui réunit tous les ingrédients d’une bataille de chiffonniers, les juges ne s’étaient montrés aussi intrusifs et intransigeants dans la compétition. Les pilotes l’ont remarqué durant l’épreuve, et comme ils apprennent très vite, ils ont bien assimilé l’inédite conjoncture andalouse. L’officiel Ducati en explique les conséquences sur un final haletant face à Brad Binder qui donne entièrement raison à son analyse…
Lors du dernier Grand Prix d’Espagne, les commissaires de la FIM, dont leur nature indépendante est gravée dans le marbre de leur statut, n’ont pas été avares en réprimandes et autres sanctions, une ambiance qui n’a notamment pas échappé à Fabio Quartararo et à Pecco Bagnaia, et à Franco Morbidelli avant eux. Toucher n’était plus jouer à Jerez, alors que les mêmes contacts avaient été tolérés lors des trois meetings précédents.
Mais il semble que l’on ait changé son fusil d’épaule chez les
officiels, une évolution qu’Enea
Bastianini regrette sans doute de ne pas avoir pu en
profiter avant, tandis que Luca Marini peut être
soulagé qu’elle arrive sur le tard… Pecco Bagnaia
a commenté cette nouveauté, en mentionnant notamment le danger d’un
mouvement trop brutal du balancier passant de l’impunité à la
tolérance zéro : « il faut se souvenir des
dépassements au dernier virage à Jerez et à Barcelone, ceux de
Laguna Seca, où il y a eu des contacts, une bagarre serrée.
On va dans un sens qui enlève tout ça »
regrette le Champion du Monde sur
GPOne.
Pecco Bagnaia : « en pénalisant les dépassements, ils dénaturent le sport-moto »
Il ajoute : « l’aérodynamisme te limite un peu, il faut inventer des dépassements à la limite et ce qui se passe t’en empêche. Mon contact avec Jack Miller n’a pas eu de conséquence, j’ai levé la main en guise d’excuse. Puis Miller, avec Martin, a vu une chance de le dépasser et ils ne se sont pas touchés. Jorge peut à juste titre s’énerver, mais ce sont nos courses ». Cependant, la distribution de sanctions faite à Jerez a été prise en compte : « par rapport au passé, maintenant il faut avoir un peu peur de faire certaines manœuvres, car dès qu’on fait une petite erreur on reçoit une pénalité. En plus, dimanche, on m’a puni 4 tours après ce qui s’était passé, j’avais déjà 7 dixièmes de retard sur Miller ».
Oui mais ce qui l’a gêné dans un premier temps l’a aussi servi ensuite… « je suis sûr que si les commissaires n’avaient pas eu le point de vue qu’ils ont maintenant, Binder aurait essayé de me dépasser dans le dernier virage. Il ne l’a pas fait parce qu’il savait qu’en cas de faute, il aurait écopé d’une pénalité ». Qu’en dit le teigneux Sud-Africain ? Ceci sur Speedweek : « j’y ai pensé plus que je ne le fais normalement en course… La réalité est que si vous commettez des erreurs et frappez les autres, vous obtenez des pénalités. Cela enlève une partie du plaisir, mais le rend plus sûr. J’avais l’impression d’être assez proche de Pecco, mais ce n’était pas le cas. Il m’aurait fallu voir ce qui en serait sorti. Peut-être que ça aurait marché, mais il y avait de bonnes chances qu’il y ait un contact. La position que j’aurais gagnée m’aurait été enlevée ».
Alors, en est-on déjà arrivé à ce constat formulé par Pecco Bagnaia qui regrette ainsi : « en pénalisant les dépassements, ils dénaturent le sport-moto » ? L’Italien laisse une porte ouverte : « nous pouvons nous améliorer et je suis heureux que les Commissaires Sportifs fassent partie de la Commission de Sécurité au Mans. Nous avons besoin de clarté, de connaître leur point de vue. Ainsi, ils déforment notre monde, je cours depuis 19 ans et les contacts ont toujours été là, maintenant il semble que nous ne pouvons plus les avoir ».
MotoGP Espagne J3 : classement
Crédit motogp.com
