Pecco Bagnaia a encore failli depuis la première
position. Depuis le moment où ses ailerons latéraux ont rayé le
bitume texan, les théories vont bon train concernant ses deux
contre-performances consécutives. Nous n’allons pas tant revenir
sur sa chute, mais plutôt sur ce qu’elle nous enseigne, car ceci
est très intéressant. Comme souvent, nous ne sommes pas d’accord
avec la majorité des observateurs et c’est pourquoi nous vous
proposons cette analyse à contre-courant, assumée et argumentée,
comme toujours.
I) Bagnaia ne tombe pas parce qu’il est en tête, il tombe
depuis la tête parce qu’il est toujours en tête.
Cette simple phrase pleine de « tête » résume une bonne
partie de notre pensée. Il s’agit de simplement décortiquer le
phénomène. Oui, Bagnaia chute souvent. Ce n’est
pas une surprise depuis son arrivée en MotoGP lors de la saison 2019. Il
finit par terre parce que son style l’impose. L’Italien, à raison,
mise sur
sa vitesse intrinsèque et sa polyvalence pour
performer. Comme Jorge Martín, cela
demande beaucoup d’engagement et parfois, ça ne va pas au bout.
D’ailleurs, le « Martinator » aussi
tombe souvent. La seule différence avec Bagnaia est que ce dernier
est toujours devant, à chaque sortie. Depuis qu’il a compris le
fonctionnement de la Ducati Desmosedici GP22 à Jerez l’an passé
(soit 20 courses en arrière en comptant les Sprints), il n’y a que
deux courses où nous l’avons vu en retrait, au Japon (chute dans le
peloton) et à Valence (9e alors qu’il jouait le titre) en 2022.
C'EST PAS POSSIBLE 😱😱
— CANAL+ MotoGP™ (@CanalplusMotoGP) April 16, 2023
Francesco Bagnaia chute alors qu'il était en tête ! Nouvelle erreur après celle commise en Argentine…
Rins est le nouveau leader, Quartararo est 2ème, Zarco 6ème 🇫🇷#AmericasGP #MotoGP pic.twitter.com/obt4wizZXK
C’est difficile de s’en rendre compte, mais hormis ces deux
occurrences, l’Italien est constamment aux avant-postes, qu’il
chute ou non. Nécessairement, quand il en fait trop, il
tombe depuis les premières positions, rien de plus
logique, c’est pourquoi cela se remarque plus.
II) Un problème de pression ?
Cet argument, aujourd’hui, ne tient plus vraiment. Dire d’un pilote
qui a remonté un déficit de 91 points, en bataillant contre des
adversaires aussi coriaces que Enea Bastianini en
un contre un (Misano, Aragón et
Sepang 2022) qu’il tombe sous la pression
d’Álex Rins paraît difficile à croire. D’ailleurs,
au moment de sa chute en Argentine comme aux États-Unis, il était
dans une phase pro-active de sa course (notez l’écart sur Rins au
moment de la chute).
III) Ce n’est pas grave
Du moment qu’il ne se blesse pas, ces chutes n’ont pas tellement
d’incidence. Principalement pour deux raisons ; cette année,
beaucoup tombent et aucun pilote ne semble vraiment vouloir prendre
la tête du classement général. Avec trois vainqueurs en
trois courses, on se dirige vers une saison avec un total de points
marqués historiquement faible, comme depuis quelques
années. Ce phénomène est appuyé par les Sprints, qui
offrent tout de même 25 % de tous les points disponibles.
Ainsi, en ayant chuté deux fois le dimanche en seulement trois
Grands Prix, Bagnaia est toujours deuxième du
général à seulement 11 points du leader Marco
Bezzecchi, que l’on imagine pas tenir à cette position à
mesure que la GP23 va s’améliorer.
La deuxième raison est d’autant plus évidente. Pour l’instant,
Pecco Bagnaia est un ton au dessus en termes de
pilotage. Ce qu’il réalise en qualifications est
ahurissant, idem lors du Sprint. Nous ne le dirons jamais assez :
La vitesse est largement plus importante que la régularité. Dans
cette nouvelle ère, vous pouvez vous permettre
cinq, six et peut-être
sept chutes lors des courses et quand même
prétendre à la couronne mondiale, du moment que vous avez la
vélocité pour compenser. Ce paramètre est trop important pour être
négligé, et c’est pourquoi nous ne sommes pas inquiets pour Pecco
Bagnaia. Son profil est tellement rare : Il fait
partie de cette caste de pilotes qui peuvent s’imposer quatre fois
d’affilée et mettre tout le monde d’accord.
IV) Ne pas se laisser avoir
Nous ne sommes pas en train de dire que ces chutes n’ont absolument
aucun effet sur Pecco Bagnaia. Oui, si jamais un rival pointe le
bout de son nez à mi-saison et se met à rouler comme l’officiel
Ducati le fait, cela pourrait devenir un problème. Mais
nous ne l’imaginons pas une seule seconde, au moins, pour le
moment.
En revanche, Pecco doit faire attention à la dimension
psychologique, tellement importante dans le sport moderne. Le piège
serait de se dire qu’effectivement, ces échecs ont un impact
négatif sur son classement, le forçant à ralentir pour éviter de
tomber. Il doit faire l’inverse, soit exactement ce qu’il
avait réalisé en 2022 : aller encore plus vite.
Aucun pilote n’arrive à se créer une dynamique positive à partir
d’une chute comme « Go Free ». L’an dernier, il est revenu de
plusieurs désillusions consécutives : zéro pointé en
Catalogne puis en Allemagne, suivi de quatre victoires de
rang avec 91 points de retard sur Fabio. C’est
pour cette raison que l’équipe Ducati doit continuer à lui faire
confiance sans sourciller. Dès qu’il ralentira pour assurer, alors
il ne sera plus le même pilote et c’est à cet instant que ses
chances de titre seront compromises.
Vous l’aurez compris, nous sommes optimistes car quoi qu’on en
dise, aucun autre pilote n’est aussi rapide et constant dans la
performance que lui. Qu’en pensez-vous ?
A-t-il déjà grillé toutes ses cartouches ? Subit-il encore la
pression ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport