Livio Suppo le reconnait : l’appel de Honda de la seconde décision sanctionnant Marc Marquez d’un double long lap pour la prochaine course où il sera apte, et non, comme il avait été mentionné dans la première, pour un Grand Prix d’Argentine où il est forfait pour cause de blessure, a de réelles chances d’aboutir devant la cour d’appel du MotoGP. Oui mais après ? Il n’y aura pas de quoi se réjouir. Mais plutôt tout à craindre des conséquences, y compris pour un pilote que Honda ne protège définitivement pas, malgré tout ce qui s’est passé ces trois dernières années.
Livio Suppo a officié aux hautes responsabilités chez Ducati, Honda et enfin Suzuki. Il connait donc très bien HRC et aussi Marc Marquez et ce qui se passe sous ses yeux avec l’appel de la marque de Tokyo de la sanction des commissaires de la FIM qui n’ont pas brillé par leur compétence dans la forme, l’interpelle.
Dans un entretien vérité sur InSella.it il s’inquiète même déjà de la suite : « d’un point de vue juridique je comprends l’attitude de Honda. Mais si j’avais encore été team principal de Honda, je n’aurais pas fait appel ». Et il explique pourquoi : « on sait qu’Austin est l’un des circuits préférés de Marc, y recourir en ce moment, c’est selon moi lui mettre trop de pression. Ce serait comme dire : nous voulons aller à Austin pour gagner, et c’est profondément faux. Un team principal doit protéger les intérêts de son équipe, et en ce moment on doit essayer de faire réfléchir Marc et de le calmer ».
Il ajoute : « Marc Marquez a besoin de quelqu’un qui le protège du désir qu’il a d’en faire trop. Son entourage devrait désormais l’aider à se contrôler. Dans les années passées, il y avait quelqu’un et maintenant il me semble qu’il n’y en a plus ». Et il fait ici allusion à Emilio Alzamora.
Livio Suppo : « c’est une situation qui n’est certainement pas bonne pour le MotoGP et j’en suis désolé »
Par ailleurs, même s’il doit faire une pénalité de deux « long lap » à Austin, rien ne sera arrangé. Cela pourrait être même pire… « ce type de sanction, au lieu de « guérir » le comportement excessif des pilotes, risque de les mettre en position de répéter les erreurs. Comme lorsqu’ils pénalisent un pilote agressif et le placent en fond de grille : au départ il sera une bête féroce car il tentera par tous les moyens de récupérer des positions immédiatement et donc il est un danger ».
Alors que faire ? Livio Suppo répond : « les sanctions qui n’aggravent pas les situations à risque doivent être soigneusement étudiées ». Une piste que l’ancien Président de la FIM Vitto Ippolito a explorée. Sur son compte Twitter personnel, Ippolito écrit : « règles et bon sens. Ce type de pénalité (règle : long tour) doit être infligé à la première occasion (bon sens). Cependant, j’ai l’impression que ce type de pénalité fonctionne bien pendant une course mais pas pour les suivantes, mieux vaut d’autres pénalités (par exemple un retrait des points…) ».
Rules and Common Sense.
This type of penalty (Rule: Long Lap) must be imposed at the first opportunity that arises (Common Sense). However, it seems to me that this type of penalty works well during the race but not for the following ones. Better other penalties (e.g. points…).— Vito Ippolito (@thestonehorse) March 29, 2023
Une réflexion à suivre. Mais Livio Suppo termine par ce constat que l’on peut hélas considérer comme définitif : « d’un point de vue juridique, Honda a la possibilité de gagner, mais il y a une grande attention médiatique, car on parle de Marc Marquez. Probablement qu’un bon avocat gagnerait, avec toutes les conséquences de l’affaire car alors un précédent serait créé. C’est une situation qui n’est certainement pas bonne pour le MotoGP et j’en suis désolé ».