Du MotoGP au WSBK, la dure compétition montre que la réputation et les moyens ne sont aucunement gages de résultats et de succès. On le voit en Grand Prix avec un premier constructeur mondial Honda dernier de sa classe et on le constate en WSBK, surtout depuis le début de cette saison, avec le blason propre sur lui BMW qui entache pourtant sa réputation avec une M1000RR loin du compte. Un de ses anciens pilotes, Chaz Davies, a analysé la situation du constructeur bavarois dont la philosophie de ne compter que sur lui-même et son système l’aurait mis dans l’ornière. Pour peu, BMW serait dans sa démarche, le plus japonais des constructeurs européens…
Scott Redding est aujourd’hui une cheville ouvrière de l’usine Ducati dans les coulisses et au service des pilotes après avoir servi le blason de nombreuses saisons sur le front de la piste. Mais il a aussi été un pilote BMW en 2013, en tant qu’équipier de Marco Melandri. Même si l’époque est lointaine, le Gallois se souvient des rouages faisant fonctionner l’équipe allemande. Un travail de mémoire dont la première conséquence est d’absoudre totalement les pilotes de la marque pour expliquer cette entame de saison calamiteuse avec une M1000RR dont on promettait pourtant monts et merveilles.
Sur Corsedimoto, Chaz Davies lève ainsi le doute : « Redding et van der Mark ont déjà réalisé des podiums par le passé. Ils sont dans la situation où il faut faire un pas et jusqu’à présent ils n’y sont pas parvenus ». Se concentrant sur Redding, avec qui il était coéquipier chez Ducati en 2020, il ajoute : « BMW l’a pris après deux ans où il s’était battu pour le titre. Scott a eu une année frustrante, car le package n’était pas là où il devait être. Si cela avait été le cas, il se serait battu pour gagner toutes les courses. Je le garantis » Chaz n’a donc aucun doute sur la valeur de son ancien coéquipier.
Chaz Davies : « si vous êtes en difficulté, vous devez regarder autour de vous«
Alors il faut chercher ailleurs les causes du marasme, ce qui revient à remettre en question la méthode de travail chez BMW. Un constructeur européen dont l’esprit d’ouverture et le sens de la remise en cause seraient aussi peu développés qu’un constructeur japonais en MotoGP… « Lorsqu’un constructeur traverse une période difficile, et ne sait pas quoi faire pour passer à l’étape suivante, la première chose à faire est d’engager un pilote de haut niveau. BMW l’a fait en investissant beaucoup d’argent dans Scott » explique le Britannique.
« Mais les choses n’ont pas encore fonctionné. Il faut donc se remettre en question et lui donner les outils pour gagner. Le pilote ne polémique pas et il est difficile de lui demander la même motivation que lorsqu’il a rejoint l’équipe. Scott est un combattant et sera motivé si on lui donne ce dont il a besoin » ajoute-t-il se faisant ainsi l’ardent avocat de son compatriote.
Mais l’ancien pilote du WorldSBK donne aussi ce précieux conseil à l’équipe allemande : « si vous êtes en difficulté, vous devez regarder autour de vous et voir qui est disponible pour engager des personnalités clés dans les différentes équipes. Chez BMW, je n’ai pas vu cela. Il n’y a pas de personnes prises à Kawasaki, Yamaha ou Ducati. Ces trois constructeurs sont à l’avant-garde du Superbike depuis de nombreuses années et disposent de données qui peuvent aider BMW ». Mais BMW est-il du genre à accepter d’avoir besoin d’une aide venant de l’extérieur ?