Désormais équipée d’Aprilia RS-GP, la formation
RNF MotoGP Team peut-elle prétendre à des places
d’honneur ? Alors que la saison 2023 approche à grands pas,
nous vous présentons dix sujets à surveiller tout au long de
l’année. Cela peut concerner des pilotes, des équipes ou d’autres
thématiques, avec, à chaque fois, un avis relativement
tranché ; ici, on se mouille. Bien sûr, vous
êtes invités à dire ce que vous en pensez en commentaires.
Hier, nous sommes revenus sur la place des constructeurs européens
et japonais ; une analyse que vous pouvez retrouver en cliquant sur
ce lien en surbrillance.
Pour leur première année avec Aprilia, les hommes de Razlan
Razali auront à cœur de faire bonne impression. Et pour
une fois, nous croyons en ce projet, la sauce peut prendre, et
vite. Tout d’abord, la machine est performante et désormais bien
connue. Sa stabilité et sa polyvalence démontrée en 2022 en font
une arme de choix pour deux nouveaux arrivants bourrés de talent.
En plus, Aprilia fait vraiment des efforts et tente de se surpasser
notamment en
aérodynamique. Pour les pilotes qui chevaucheront les
RS-GP22, c’est bon signe pour la suite. L’équipe, même si elle a
réalisé des choix plus que douteux sur ces dernières années
(dont le recrutement 2022, l’un des pires de l’ère
moderne) a déjà été performante par le passé.
C’est un bon point, et le fait que le team réalise un nouveau
départ aide considérablement. C’est une constante que l’on retrouve
dans tous les sports, et c’est pour cette raison que les équipes de
football sont statistiquement meilleures avec un nouvel entraîneur.
Certes, les saisons 2021 et 2022 ont été catastrophiques, il n’y a
pas d’autres mots, mais ce vent de fraîcheur, aussi bien au niveau
des pilotes sélectionnés que de l’équipement, peut faire un grosse
différence. La dynamique pourtant si cruciale n’a pas tant
d’importance dans ce cas précis.
Vient donc la question des pilotes. Qu’on se le
dise : la grille est tellement fournie qu’il n’est pas difficile de
bien choisir. RNF s’est offert un équipage de
choix, avec
Miguel Oliveira et
Raúl Fernández. Attention, car les deux jouent gros et
c’est aussi pourquoi il faudra garder un œil sur la formation dès
la manche portugaise.
De son côté, Oliveira doit confirmer. Sa situation
est particulièrement complexe. Si l’on soulève les points positifs,
l’Aprilia peut lui aider à retrouver de la régularité dans la
performance, ce qui lui manque cruellement depuis son arrivée en
MotoGP. La KTM était difficile à faire fonctionner
trois week-ends de suite, parfois de manière totalement
incompréhensible comme en 2021. Ce transfert peut l’aider à
passer ce cap et à, enfin, devenir régulier.
Mais c’est à double tranchant. La KTM, aussi
casse-tête qu’elle fut, lui a permis d’engranger cinq victoires au
plus haut niveau chez Tech3 ou au sein de l’équipe
d’usine. Miguel peut être considéré comme l’un des meilleurs
pilotes à n’avoir jamais remporté le moindre titre. De fait, le
passage chez RNF est donc une régression pour deux raisons.
Premièrement, vous êtes toujours plus près de la sortie en étant
pilote satellite qu’officiel. Deuxièmement, si nous pensons qu’il
peut souvent bien figurer, il aura plus de mal à gagner des courses
comme il l’a fait ces années précédentes. Dans un bon jour, le
potentiel de l’Aprilia est tout de même limité même si les essais
hivernaux sont plus que satisfaisants. Aleix
Espargaró développe l’Italienne depuis 2016 et n’a eu le
rythme pour jouer la gagne que deux fois seulement sur toute une
campagne. On connaît la chanson : moins de grosses performances
signifient moins d’exposition, car la régularité ne paye plus
vraiment.
Une piste intéressante pour les années à venir serait de viser
la place de Maverick Viñales dans
l’équipe officielle. Miguel a le profil pour faire un
très bon pilote d’usine, tandis que l’Espagnol,
relativement volatil, pourrait bien décevoir comme
ce fut le cas avec Yamaha. À 28 ans déjà, Oliveira doit se
méfier même si nous sommes relativement confiants tant son talent
est immense.
Dynamique tout à fait différente pour Raúl
Fernández. Le MotoGP va vite, très vite. C’est
tout à fait dingue qu’en un an à peine, Fernández soit passé d’un
potentiel talent générationnel à un rescapé qui peut s’estimer
heureux d’être là. En effet, il n’est pas passé loin de la
correctionnelle en 2022. Il a été préféré à Remy Gardner mais il
s’en fallut de peu tant les deux campagnes des pilotes
Tech3 étaient moroses. Son âge et son
plafond ont sans doute joué en sa faveur.
Car oui, et même si c’est dur de se raccrocher à cela uniquement,
Raúl a tout d’un prodige. Contrairement à ce que
beaucoup affirment, cette pointe d’arrogance ou tout du moins, ses
traits de caractère affirmés peuvent être un vrai plus à notre
époque. Cela aura tendance à motiver le pilote en question, car il
sait qu’il sera attendu au tournant. Enea
Bastianini est un exemple que cette stratégie peut
fonctionner. Désormais, Raúl Fernández a la
pression même s’il aborde cette campagne sereinement, avec la joie
de piloter. Il doit absolument transformer l’essai dès 2023 pour
s’assurer un avenir au plus haut niveau. Il a beau avoir 21 ans,
les jeunes loups poussent en catégorie intermédiaire. Pour
l’instant, c’est très prometteur d’autant plus que Massimo
Rivola a confié que la prise en compte des hommes du
CryptoDATA RNF MotoGP Team était essentielle
à la performance de la marque.
Pour conclure avec un petit « pronostic » (même
s’il ne faut pas s’y fier, l’imprévisibilité de notre sport le rend
beau), nous pensons que les deux vont s’en sortir, et
même, dans le meilleur des cas, iront chatouiller les
officiels. Ils jouent gros, mais nous pensons que l’un
comme l’autre sont de très grands artistes qui parviendront à
composer avec la pression latente liée à leur survie en MotoGP à
moyen terme. Miguel Oliveira, en cas de pluie, a
une carte à jouer. S’il arrive à agrémenter ces exploits ponctuels
dont il a le secret avec une bonne régularité dans la performance,
alors il intéressera plus d’une écurie. Nous voulons voir un Raúl
Fernández revanchard, explosif, en outsider prêt à tout pour des
podiums quitte à chuter, et qui tente de prendre les sprints à son
avantage. Un scénario pas si improbable s’il évite les
blessures. D’ailleurs, les deux ont réalisé des tests
concluants à Portimão, et tout ceci nous laisse rêveur. RNF
n’a-t-il pas, sur le papier, l’un des meilleurs équipages en MotoGP
?
Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous aussi optimistes que nous
concernant RNF ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport