Pit Beirer le reconnait, la question aérodynamique est à présent devenue incontournable dans un MotoGP qui l’avait largement ignorée jusqu’à ce que Ducati la mette en avant. On se souviendra que les premières ailettes s’étaient attiré les sarcasmes d’un staff Honda embourbé dans ses certitudes tandis que chez KTM on ne regardait pas d’un œil favorable l’arrivée de ces accessoires. On ne les apprécie pas plus aujourd’hui mais à Mattighofen on est aussi pragmatique. On a également des opportunités avec un partenaire comme Red Bull qui excelle en Formule 1, discipline qui aime jouer avec le dieu Eole s’il en est. Et les compétences de la redoutable enseigne Red Bull Advanced Technologies se sont effectivement penchées sur la RC16…
Le team Red Bull en Formule 1 est motorisé par Honda, mais ses ingénieurs sont allés aider ceux de KTM dont l’aventure en MotoGP est notamment financée par la boisson qui donne des ailes. Et des ailes aux ailerons, il n’y a qu’un souffle qu’a apparemment insufflé le fameux Red Bull Advanced Technologies que le patron de la compétition Pit Beirer a découvert en plein travail à Mattighofen : « notre partenariat avec Red Bull est très spécial en général, il remonte à notre premier projet de course en 2003 et il existe toujours », explique l’homme de KTM.
Puis il entre dans le détail : « nous avons vu que nous devions faire quelque chose avec le développement aérodynamique et si vous regardez les gars de Formule 1 de la famille Red Bull, vous pouvez voir qu’ils ont établi la norme ». Et il se réjouit d’annoncer sur Speedweek : « c’était vraiment rafraîchissant pour nous d’avoir ces gens à bord, de regarder la moto d’une manière différente et de faire quelques pas aérodynamiques auxquels nous n’avions pas pensé. C’était une belle expérience cet hiver ».
Pit Beirer : « en MotoGP, une erreur signifie que vous devez vous battre pour les derniers points«
On est donc impatient de voir dans maintenant quelques jours à Sepang ce que cette réflexion de gens on ne peut plus aviser sur le sujet a donné sur la RC16. Cependant, Pit Beirer rappelle que l’aérodynamique n’est qu’un élément parmi bien d’autres pour façonner une MotoGP gagnante : « il y a tellement de choses que vous devez faire correctement et tout doit être développé davantage, nous ne pouvons donc pas dépenser la moitié du budget pour le développement aérodynamique ». Et combien ça coûte ? « Je ne peux pas dire quel pourcentage du budget on dépense pour l’aérodynamique, mais par rapport au budget total ce n’est pas énorme. Ça fait partie du puzzle, mais le reste est quand même très important » répond Beirer.
« En MotoGP, vous échouez à 100% si un aspect n’est pas assez bon, je pense » assure Pit Beirer. « Si quelque chose n’est pas assez bon pour obtenir les deux derniers dixièmes, alors vous ne retombez pas d’un podium à la 7e place, vous êtes hors des points… C’est dire à quel point le niveau est serré. La moindre faiblesse signifie que vous devez traverser une phase difficile, et c’est exactement ce qui s’est passé avec nous l’été dernier », mentionne-t-il.
Pit Beirer termine : « dans d’autres disciplines, si vous avez une bonne base sur la moto et un pilote solide, vous savez déjà que vous vous retrouverez quelque part dans le top cinq. Dans la catégorie MotoGP, cependant, ce n’est actuellement pas une évidence. Une erreur signifie que vous devez vous battre pour les derniers points ».
