Lin Jarvis donne son sentiment sur les nouvelles courses sprint. Le directeur général de Yamaha Motor Racing ne cache pas que les stratèges des équipes engagées en MotoGP travaillent dur pour évaluer et lever toutes les incertitudes possibles posées par cette compétition encore jamais vécue. C’est comme un saut dans l’inconnue, mais avec des réflexions fortes qui concernent l’organisation du travail au sein des teams et l’intégrité des pilotes. Ces derniers auront a priori plus d’occasions de se blesser tandis que les mécaniciens devront configurer la moto pour chaque étape du Grand Prix, des essais aux courses sprint au Grand Prix plus long du dimanche, en un temps record. Tout le monde sera à flux tendu dans une saison à 21 rendez-vous donc 42 départs et deux destinations inédites sur des tracés lointains à découvrir.
C’est un fait acquis et qui commence à être assimilé par tous les protagonistes du MotoGP : cette saison 2023 sera sans doute la plus éprouvante jamais vécue. Car elle sera la plus longue de l’histoire et, par le nouveau format des Grands Prix, la plus intense. Lin Jarvis, dans un entretien à Speedweek explique comment cette échéance est appréhendée comme organisée chez Yamaha, sans rien cacher des craintes que suscitent ce qu’il faut bien appeler une nouvelle compétition.
« Ce concept est nouveau pour toutes les usines et toutes les équipes. Il y a donc une incertitude pour le moment » confirme d’abord Lin Jarvis avant de balayer les conséquences qu’auront les courses sprint sur une équipe dans le déroulé de sa saison. Il commence avec le moteur et les pièces : « je ne pense pas que nous aurons besoin d’un moteur supplémentaire car nous ferons probablement autant de kilomètres lors de la saison 2023 qu’auparavant. Peu de choses changeront de ce point de vue. Et en ce qui concerne le budget, nous ne prévoyons pas non plus de coûts supplémentaires pour les pièces ».
On rappellera qu’avec 21 Grands Prix la réglementation a porté l’allocation annuelle moteur à huit par pilote au lieu de sept précédemment. De ce côté-là, ça devrait effectivement passer, mais pour le coût supplémentaire de pièces, ça reste à voir car le même Jarvis précise : « il y aura plus d’incertitudes et de risques dans les courses que dans les essais libres. Il faut toujours s’attendre à une chute quand on pousse et qu’on va à la limite. En réalité, beaucoup de choses étranges peuvent se produire dans une course ». Et l’Anglais ajoute : « un problème auquel nous pourrions être confrontés est celui des blessures des pilotes. Parce qu’à mon avis, le risque de blessure des courses de sprint sera plus élevé qu’avant ».
Lin Jarvis : « l’équipe qui s’adaptera le mieux au nouveau format remportera le championnat«
Le directeur général de Yamaha Motor Racing annonce aussi que ce nouveau format entrainera une organisation de travail différente, demandant une réactivité à optimiser avec le même personnel qui ne manquera pas d’être mis un peu plus sous pression : « nous devrons avoir les motos prêtes pour la course 24 heures plus tôt qu’avant. L’équipe devra maintenant préparer la moto pour la course de samedi. Et puis la configuration de la course devra être modifiée à nouveau pour la course plus longue du dimanche afin d’obtenir à nouveau des performances maximales ».
« Dans le cadre de la présentation de l’équipe à Jakarta, nous avons évoqué le fait que les pilotes auront besoin de plus en plus d’énergie physique pour pouvoir piloter une machine MotoGP à la limite et au top niveau. On demandera beaucoup aux pilotes » signale Lin Jarvis. « Ce n’est pas facile de maîtriser les MotoGP à cette vitesse, avec toutes les forces qui sollicitent les pilotes ».
Puis il termine : « nous allons gérer cette nouvelle situation car toutes les équipes vont s’adapter et gérer les nouvelles exigences. Mais peut-être que l’équipe qui s’adaptera le mieux remportera le championnat. Nous devons absolument planifier à long terme et garder un œil sur toute la saison. Vous devez gagner des courses en équipe, mais en même temps, vous devez vous concentrer sur les effets à long terme. Il faut trouver comment rester au top et s’impliquer tout au long de la saison jusqu’à fin novembre ». Cette course sprint, décidément, va faire entrer le MotoGP dans une nouvelle ère.