Chez Ducati, on était supposé craindre cette grande nouveauté parmi les nombreuses déjà annoncées de cette saison 2023 en MotoGP, et il s’agit de l’arrivée du capteur unique pour le contrôle unifié de la pression des pneus. Un dispositif capable de changer bien des choses sur la performance des motos sur la piste. Sachant que toutes les écuries prennent beaucoup de libertés sur le sujet, tout en restant dans les normes d’une sécurité avec laquelle on ne transige pas, faire rentrer tout le monde dans le rang, au moyen d’un dispositif unique qui donnera enfin des éléments fiables pour exiger des sanctions est un paramètre que les protagonistes vont devoir intégrer. A ceci près qu’ils ne croient pas une seule seconde à ce scénario. Et on le dit ouvertement chez Ducati.
La pression des pneus sur les MotoGP a été un sujet rapidement abordé durant cette saison 2022 avant d’être aussi vite évacué. Et pour cause : le thème est sensible, et d’autant plus ouvert à la polémique que les instruments de mesure de ladite pression n’étaient pas jusqu’alors uniformes. Les résultats ne pouvaient donc pas décemment servir de base à une quelconque réclamation. Car les pneus des MotoGP doivent avoir une pression réglementaire qui est un vrai casse-tête à faire tenir lorsqu’une machine est dans les turbulences aérodynamiques de celle qui la précède. Alors, dans les équipes, on part d’une base et on imagine l’évolution de la pression en course pour être dans les clous à l’arrivée… Sachant que les Européens seront toujours plus audacieux que les Japonais dans ces estimations. Mais en 2023, ce sera une autre histoire, et ça promet une belle foire d’empoigne…
« Cela ne m’étonnerait pas que rien ne soit fait » entend-on chez Ducati
Avec ce capteur unique, l’organisateur affiche enfin sa ferme intention de faire respecter par les participants au MotoGP la plage de pression de travail des pneus prévue par Michelin. Ce qui veut dire aussi une échelle de sanctions. Le directeur de la technique du MotoGP Corrado Cecchinelli a expliqué sur le sujet qu’en « 2023, nous disposerons d’un système unifié capable de mesurer de manière sécurisée la pression en temps réel ».
Tous les ingrédients sont donc réunis pour une reprise en main d’une situation dont on parlait beaucoup sous le manteau, avec notamment l’idée reçue que l’on aimait beaucoup jouer avec la limite chez Ducati… De quoi calmer la puissance de feu des Desmosedici ? En fait, on semble très serein dans le clan de Borgo Panigale, et pour une raison qui ne met pas les organisateurs à l’honneur. On lit ainsi de Marco Rigamonti, ci-devant le chef mécanicien d’Enea Bastianini au sein de l’équipe usine Ducati ces propos sur moto.it : « la situation n’est pas encore claire : il n’y aura pas de capteur dans les deux premières courses. Et on ne sait toujours pas quelle sanction sera infligée si une anomalie est détectée : cela ne m’étonnerait pas que rien ne soit fait… ». Tout ça pour ça ? La crédibilité et la détermination des officiels sont ici clairement remises en cause.