Avoir un phénomène comme Marc Marquez dans son équipe est à la fois une bénédiction et une calamité. Une situation que vit actuellement Honda et cette évaluation nous vient d’un homme de l’intérieur qui n’est autre que Stefan Bradl. Celui que la rumeur rapproche de plus en plus de KTM pour son prochain bail de pilote-test avance d’ailleurs les exemples de Red Bull et de la marque de Mattighofen dans une argumentation qui est aussi un avertissement pour ses nouveaux équipiers au HRC que sont Alex Rins et Joan Mir.
De 2013, année de son arrivée en MotoGP, à 2020, moment de l’accident à Jerez qui l’a fait entrer dans une autre phase de sa carrière et de sa vie, Marc Marquez a porté sur ses seules épaules le poids de la réputation du premier constructeur mondial en MotoGP. Parmi ses hauts faits d’armes, on citera, au débotté, la pole position et sa première victoire lors de son deuxième Grand Prix dans la catégorie en 2013, saison au terme de laquelle il remporte le titre en tant que rookie âgé de 20 ans. Si 2013 est l’année de la consécration, 2014 est celle de la domination totale : avec 10 victoires consécutives, Marc fait preuve d’une supériorité que nul ne peut remettre en cause. Après une année tumultueuse en 2015, il reprend sa marche en avant en 2016, où il l’emporte sur Rossi. En 2017, 2018 et 2019, c’est Andrea Dovizioso avec la Ducati qui tente de contrarier sa moisson de titres. En vain.
L’année 2020 commence avec le souvenir du bilan intimidant de l’année précédente : 12 courses remportées sur 19, deuxième à 6 autres reprises, et un seul abandon. Et puis c’est la chute à Jerez. Marc Marquez n’a depuis couru que 27 courses au cours des 3 dernières années, et cette saison, il n’a terminé qu’une seule fois sur le podium, grâce à sa deuxième place en Australie. Cependant, pour 2023, il semble enfin en mesure de retourner au combat dans un état physique décent et avec un moral à toute épreuve. Reste à Honda à lui donner une bonne moto.
Stefan Bradl : « les coéquipiers de Marc Marquez n’auront peut-être pas le temps ou la patience nécessaires«
Justement Honda… La marque s’est enivrée du talent de son phénomène et se trouve à présent livrée à elle-même. Mais l’aura de Marc Marquez pèse toujours, tétanisant l’équipe. Une situation que Stefan Bradl, le pilote test de la marque vit ainsi depuis le box : « avoir un talent exceptionnel comme Marc Marquez dans l’équipe est à la fois une bénédiction et une malédiction » assure-t-il. « Ce n’est pas facile pour le chef d’équipe et pour les autres managers de Honda ». Et il ajoute : « j’ai lu un jour que le patron de KTM, Stefan Pierer, avait donné une raison pour ne pas vouloir engager Marquez : s’ils gagnent, c’est grâce au pilote. Et s’ils perdent, c’est la faute de la moto. C’était l’une des raisons. C’est une situation qui n’est pas facile à gérer ».
Et c’est encore plus compliqué lorsque l’on est son équipier… Là aussi, l’Allemand fait un parallèle avec une enseigne autrichienne sur Speedweek … « La même chose se produit en Formule 1. Chez Red Bull, vous avez le pilote numéro 1, comme Max Verstappen, tandis que le « Checo » Pérez est derrière lui. C’est le cas chez Repsol Honda. Le second pilote doit faire la preuve de sa valeur et si les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, comme quelqu’un qui prétend être constamment sur le podium, alors la pression augmente ». Il précise : « en effet, compte tenu du passé de Honda, les Japonais examinent directement les résultats. Les coéquipiers de Marc Marquez n’auront peut-être pas le temps ou la patience nécessaires. Il faut parfois laisser du temps aux pilotes ».
A part Dani Pedrosa, Marc Marquez a pour ainsi dire détruit ses équipiers, de Jorge Lorenzo à son propre frère Alex en passant par Pol Espargaró. On observera donc comment Alex Rins chez LCR et Joan Mir en tant que voisin de l’octuple Champion du Monde tireront leur épingle du jeu dans un environnement vivant par ailleurs la plus grave crise de son histoire dans la compétition.
