Soulagé par un tribunal administratif qui a définitivement éloigné le spectre fiscal qui tournait autour de lui depuis quelques années, lui promettant de finir sa vie en prison, Sito Pons a retrouvé toute sa verve. Il s’exprime sur la discipline, ses ambitions et rappelle son histoire, maintenant que le voilà au-dessus de tout soupçon. Et ça nous éclaire sur la marche du paddock.
Sito Pons est le patron d’une équipe éponyme qui a collectionné les titres de gloire dans les catégories intermédiaires des Grands Prix tout en ne se débrouillant pas trop mal dans la classe reine. Mais l’Espagnol n’est plus de cette grille, ce qui ne l’empêche pas de rappeler qu’il l’alimente aujourd’hui largement en talents.
On lit ainsi de lui sur Speedweek : « nous avions beaucoup de bons pilotes sous contrat. De nombreux pilotes MotoGP d’aujourd’hui ont été formés chez nous. Pol Espargaró, Maverick Viñales, Tito Rabat, Alex Rins, Fabio Quartararo, Augusto Fernández… Ils étaient tous avec nous. De nombreux talents se sont formés et développés au sein de notre équipe. Après cela, ils sont passés au MotoGP. Ils sont tous bons ».
Mais lui, il n’est pas en MotoGP. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé… « Nous avons eu de nombreuses discussions sur le MotoGP avec le PDG de Dorna, Carmelo Ezpeleta. Nous lui avons officiellement demandé si nous pouvions revenir dans la catégorie MotoGP avec le Team Pons. Mais Carmelo m’a clairement fait comprendre qu’il voulait un constructeur et qu’il ne signait pas d’équipes satellites supplémentaires pour le moment. C’était sa réponse claire. Nous lui demandons depuis de nombreuses années si nous pouvons obtenir des créneaux MotoGP. Il y a eu une opportunité une fois, mais nous l’avons ratée parce qu’aucune usine ne voulait nous donner de motos ». N’est pas Ducati qui veut…
Sito Pons : « dans la catégorie MotoGP, les équipes obtiennent de Dorna beaucoup plus de soutien financier«
C’est donc une question de place qui est avancée par Sito Pons et non un souci de budget, comme on aurait pu s’y attendre. Une analyse que l’on comprend mieux lorsque l’Espagnol entre dans le détail de l’écosystème du paddock : « les coûts sont les mêmes dans les deux classes, plus ou moins », explique le patron d’un team en Moto2 en pensant au MotoGP. « Dans la catégorie MotoGP, les équipes obtiennent de Dorna beaucoup plus de soutien financier ».
Concrètement, et selon le site germanophone, Dorna paie à chaque équipe privée jusqu’à 7 millions d’euros par an, sur un budget de fonctionnement de l’ordre de 10 millions. Certaines usines fournissent gratuitement des motos aux meilleures équipes clientes, paient les salaires des pilotes et placent des ingénieurs dans les stands.
Ainsi, aujourd’hui, une équipe MotoGP privée ne coûte pas plus cher qu’une équipe Moto2 à deux pilotes, ce qui nécessite un budget de 2,5 à 3 millions d’euros… Sito Pons et son équipe ont remporté pas moins de 13 victoires en Grand Prix dans la catégorie reine (500cc et MotoGP), auxquelles ont contribué des stars telles que Criville, Puig, Checa, Barros, Capirossi et Biaggi.