Sollicité sur le niveau technique actuel d’un MotoGP qui présente le Japon comme le pays au soleil éclipsé par l’ombre européenne conquérante, Romano Albesiano, le représentant d’Aprilia en la matière, se fait quasiment l’écho d’un Davide Brivio dont le dernier discours sur la méthode est à classer parmi les analyses contemporaines clé. Un point de vue qui semble confirmer cette crainte qu’avec une telle inertie dans leurs rouages, Honda et Yamaha ne sont pas sortis du sable…
On rappellera l’approche de Davide Brivio dont nous nous sommes déjà fait l’écho : « les équipes européennes sont plus agressives dans leur approche de la course. En fait elles ont établi une nouvelle façon de courir. Elles se lancent dans des courses dans le but d’avoir des motos toujours plus performantes, elles ne ménagent aucun effort et ne cessent de s’améliorer. Honda et Yamaha partent en piste sans avoir de données précises. Ils n’ont pas bien compris que ce MotoGP n’est plus ce qu’il était il y a 20 ans ».
L’ancien de Suzuki a aussi ajouté : « les Japonais ont toujours eu une approche conservatrice, se contentant d’évolutions mineures au cours de la saison, concentrant l’essentiel du développement pour la saison suivante. Les années dorées de Doohan à Marquez en passant par Rossi sont révolues, quand ce type de moto suffisait à gagner. J’ai entendu Marc dire qu’il avait interrogé l’équipe sur un test de composant spécifique mais qu’elle ne savait pas lui répondre. Cela signifie que chez Honda, ils continuent d’utiliser l’ancienne méthode ».
Romano Albesiano : « cette différence entre Européens et Japonais s’applique également à la production de motos de série«
Chez Romano Albesiano, on a cette version, pour le moins très proche, distillée sur Speedweek : « la philosophie est différente » dit l’homme d’Aprilia. « On peut dire que les Japonais prennent ‘moins de risques’. En tant qu’Européens, nous sommes probablement plus audacieux pour introduire de nouvelles choses. Nous prenons plus de risques et poussons constamment le processus de développement. Les Japonais sont extrêmement prudents dans le développement pour éviter tout type de problème. C’est bien sûr positif dans certains domaines et généralement très bon pour la fiabilité, mais cela ralentit le développement ».
« C’est une façon d’expliquer cette situation. De plus, ils n’ont probablement pas assez investi dans certains nouveaux domaines, comme l’aérodynamisme, qui ont fait une grande différence ces dernières saisons » ajoute-t-il, avant de terminer ainsi : « je crois que les constructeurs européens ont au moins atteint le niveau des japonais. Certes, la mentalité est différente, probablement aussi le modèle de développement, et cela s’applique également à la production de motos de série ».