Romano Albesiano est le directeur technique d’une usine Aprilia qui s’est affirmée dans le groupe de tête durant la saison 2022. Une position conquise après des années de vaches maigres, commencée en 2015 et durant lesquelles il s’est demandé s’il ne menait pas l’usine de Noale droit dans le mur. Puis, en 2017, les premières lueurs d’espoir sont apparues avant que l’arrivée de Massimo Rivola en 2019 ne l’aide à prendre le taureau par les cornes. La consécration est arrivée en Argentine l’an passé, un moment dont se souvient très bien Romano Albesiano…
Il est discret mais son regard déterminé en dit plus long que tout autre discours. Romano Albesiano, en tant que directeur technique d’Aprilia, a été des premières heures du projet RS-GP, et elles n’ont pas été faciles… « Parce que nous étions si compétitifs en WSBK, nous nous attendions au début de notre aventure MotoGP à être sur un pied d’égalité avec les autres constructeurs » commence l’Italien sur Speedweek. Mais il est tombé de haut assez rapidement : « on s’est vite rendu compte que ce n’était pas le cas. C’était vraiment mauvais. Je me souviens encore de la première course à Doha avec le pauvre Alvaro Bautista. Oui, c’était dramatique », avoue l’homme de 59 ans qui le reconnait à présent : « le niveau m’a surpris. La technologie était à un autre niveau ».
Romano Albesiano : « pendant longtemps, je me suis demandé si je n’avais pas fait d’erreur«
De là est née une forte pression, voire un sentiment de culpabilité : « je me suis senti responsable parce que j’ai mis tellement de pression sur nous pour entrer en MotoGP. Pendant longtemps, je me suis demandé si je n’avais pas fait d’erreur et je me suis dit : ‘ce n’est pas bon pour l’entreprise.’ Il nous manquait simplement les connaissances de base. Mais nous avons construit cela ».
« C’était un processus d’apprentissage et cela a probablement pris plus de temps que prévu » se souvient Romano Albesiano. « Je dirais que dès 2017, il y a eu les premiers signes que nous avions atteint un niveau raisonnable de compétitivité. Ensuite, il y a eu quelques mauvaises phases car nous n’étions pas assez forts pour être régulièrement à ce niveau ».
On connait la suite, jusqu’à cette saison 2022 et surtout cette victoire d’Aleix Espargaró en Argentine que le patron de la technique a apprécié à sa façon, loin de l’hystérie collective qui a alors saisi ses troupes : « je n’ai pas pleuré. Mais je suis allé à la piscine de l’hôtel et je me suis allongé dans l’eau et j’ai levé les yeux vers le ciel et je me suis dit : « Quel soulagement ! » J’étais simplement soulagé et moins émotif lorsque nous avons finalement atteint notre objectif ». 2023 sera un autre défi à relever, car Aprilia ne sera plus une surprise, et avec quatre motos s’il vous plait.