Carmelo Ezpeleta, et ses troupes Dorna chargées de la promotion des Grands Prix, auront aussi gros à jouer dans cette saison 2023 qui sera décidément celle de tous les espoirs et de tous les dangers. Car il s’agit de faire repartir l’intérêt, et donc la popularité à la hausse, dans une époque où proposer le meilleur spectacle des sports mécaniques sur la piste n’est plus suffisant pour remplir ses objectifs et convaincre. Un nouveau format des meetings a été mis en place tandis qu’au calendrier, on veut cette fois vraiment tenir sur la crête des 21 courses. Cela aurait dû déjà être le cas l’an passé, mais la Finlande a fait faux bond. Sur ce rendez-vous manqué mais aussi sur celui qui le remplacera, l’Espagnol donne son sentiment tout en précisant les impératifs de sa charge…
Et cette charge, c’est d’abord élaborer le calendrier d’une saison qui doit le moins possible entrer en conflit avec une Formule 1 qui gagne à chaque fois ce duel audiovisuel, comme dans les tribunes. Le cas du Mugello en 2022, se déroulant en même temps que le fameux Grand Prix de Monaco aura servi, à ce titre, de leçon. Une déception à la billetterie et à l’audimat qui a été remarquée et signalée, puisque Carmelo Ezpeleta commente : « nous devons être attentifs aux nombreuses équipes et pilotes du Grand Prix d’Italie. Avec Ducati et Aprilia, nous avons deux usines MotoGP italiennes sur le terrain qui équiperont douze des 22 pilotes en 2023 ».
Une remarque qui signale qu’élaborer un planning annuel pour son paddock relève clairement de la stratégie politique et économique : « les épreuves de Formule 1 et de MotoGP ne doivent pas se dérouler simultanément dans la même partie du monde. Ce n’est pas une tâche facile » dit Carmelo Ezpeleta sur Speedweek. « Il y aura bientôt 24 courses en Formule 1. Ainsi, le nombre des week-ends disponibles pour Dorna devient de plus en plus petit ».
Carmelo Ezpeleta : « nous ne pouvons pas nous permettre d’être absents du monde des sports mécaniques aussi longtemps que cinq semaines«
Une situation qui explique ce qui semble être de prime abord un calendrier déséquilibré, mais qui est en fait un ensemble de dates que la Formule 1 a laissé libre, pour ainsi dire : « il y a trois courses de F1 d’affilée en mai. Nous avons donc dû déplacer le Grand Prix du Mugello au premier week-end de juin. Et le Grand Prix de Catalogne en septembre ». Un jeu d’équilibriste qui deviendra de plus en plus délicat à assumer puisque le patron de Dorna le rappelle : « dans nos accords avec les équipes, un maximum de 22 Grands Prix sont convenus. Nous devons étendre et prolonger la saison. Parce que l’intérêt pour le MotoGP a considérablement augmenté. L’Arabie Saoudite veut aussi un GP moto ».
Certes, mais est-ce ce parce que le Kazakhstan a marqué à ce point son intérêt pour le MotoGP qu’on le voit apparaître pour la première fois dans une saison de Grand Prix moto ? Pas vraiment… Dans ce cas, l’impératif était ailleurs : « on nous a demandé pourquoi nous allions au Kazakhstan. L’explication est celle-ci : il n’y a aucun autre organisateur qui ait accepté une date de Grand Prix en juillet. Si nous avions fait sans le circuit de Sokol, il y aurait eu une pause estivale de cinq semaines comme en 2022 lorsque le Grand Prix de Finlande a été annulé. Nous ne pouvons pas nous permettre d’être absents du monde des sports mécaniques aussi longtemps ».
Et sur ce Grand Prix de Finlande mort-né, Carmelo Ezpeleta révèle : « je n’ai jamais vraiment compris pourquoi un Grand Prix y était prévu ». Les procédures judiciaires en cours pour récupérer l’argent investi permettront peut-être de le savoir un jour.