Johann Zarco fait partie de ces pilotes qui, en 2023, vont devoir passer un cap en MotoGP. Pour le Français il s’agira de lâcher les chevaux, non pas ceux de sa cavalerie Ducati mais ceux qu’il tient rênes courtes dans sa tête. Car à force d’expertise et d’introspection, c’est bel et bien la raison principale qui l’empêche de concrétiser enfin dans la catégorie. Pendant ce temps, ses compagnons du clan de Borgo Panigale se posent moins de question et le poussent dans l’ombre chaque année un peu plus qui passe. De quoi s’angoisser, mais Johann Zarco profite de sa qualité de mélomane pour se réfugier dans la musique afin de garder sa sérénité …
Johann Zarco est une personnalité à part dans le paddock des Grands Prix. Ses prises de position sont si transparentes qu’elles peuvent le faire passer pour un candide, alors qu’il se montre seulement honnête et simple dans un milieu aux valeurs exactement contraires. Il a aussi cette faculté de se faire oublier du milieu tel l’homme invisible. Car il est cette constante souvent vérifiée : il a beau se montrer parmi les ténors du championnat, jamais, lorsqu’il s’agit de marquer le coup ou de célébrer, il n’est cité voire, invité. Souvenez-vous de la série « MotoGP Unlimited » à l’échec retentissant : jamais le pilote Ducati Pramac n’est à l’image ou considéré un seul instant.
Johann Zarco : « c’est une belle chanson d’Orelsan sur son nouvel album, il dit que c’est dur mais que tout va bien«
Johann Zarco, cependant, a comme un souci : il ne croit certainement pas assez en lui. Il ne se fie pas à son instinct dans des moments décisifs, ce qui le ferait passer dans une autre dimension, celle des vainqueurs potentiels. Au lieu de ça, il analyse, beaucoup et sans doute trop. Sa discipline envers Ducati au Grand Prix de Thaïlande, en refusant de passer Pecco Bagnaia jouant le titre pour la marque, a certainement montré une grande loyauté. Mais un podium, voire plus, a été sacrifié et l’incompréhension de ses pairs, à commencer par son propre équipier Jorge Martin actée.
La tempête souffle dans le crâne du double Champion du Monde de Moto2 qui prend la chose avec philosophie. Et il le peut car il n’est pas qu’un artiste derrière un guidon. Il l’est aussi derrière un instrument de musique. Un domaine qui est une vraie échappatoire si l’on en juge par ses propos repérés sur le magsportauto d’une interview exclusive accordée à Motorsport.com : « Tout va bien ! C’est une belle chanson d’Orelsan sur son nouvel album. Il dit que c’est dur mais que tout va bien. ‘C’est fou, je travaille tout le temps, mais c’est les vacances dans ma tête, il faut croire que la vie est belle, je ne vais pas te cacher que la vie est belle’. J’aime bien ces deux phrases ». Du Zarco pur jus. Reste qu’on aimerait le voir entonner à nouveau la Marseillaise sur un podium, mais niché cette fois à son sommet.