« La pression du pneu avant dépend de la moto que vous pilotez. Cela peut beaucoup affecter et cela affecte beaucoup sur notre moto ». Ainsi débute Fabio Quartararo dans la vidéo du site officiel MotoGP.com qui aborde le sujet épineux de la gestion de la pression du pneu avant sur une MotoGP.
Le pilote Yamaha continue : « Vous n’avez alors plus de soutien de l’avant. Quand vous inclinez la moto vous n’avez plus d’adhérence sur le flanc et le pneu bouge alors beaucoup. J’ai eu un problème au Qatar cette année. La pression du pneu avant est montée très haut et globalement vous ne pouvez alors plus piloter de votre façon : Disons que le pneu devient alors très mou, globalement comme du chewing-gum. Vous ne pouvez à peu près rien faire et c’est très frustrant car vous savez que vous pourriez aller beaucoup plus vite, mais vous savez aussi que si vous attaquez davantage vous allez chuter. Globalement, vous ressentez beaucoup de choses sur la moto : Vous avez un bon feeling mais vous roulez une demi-seconde moins vite, donc ce n’est pas une bonne sensation à avoir. »
Son chef d’équipe, Diego Gubellini, explique : « Quand vous roulez derrière une autre moto ou un groupe, globalement, vous ne recevez pas beaucoup d’air frais, puis bien sûr la pression augmente. Sur certains circuits, là où la pression est davantage critique, nous essayons de simuler quelques tours derrière d’autres pilotes, simplement pour vérifier à quel niveau la pression monte en suivant un autre pilote. »
Mais c’est l’homme de l’art, en l’occurrence Piero Taramasso, le Manager Deux-roues de Michelin Motorsport, qui précise : « Cela dépend à quel point vous freinez fort, et cela est également important. Cela dépend de la moto, du transfert de charge et de la répartition des masses. Il y a beaucoup d’autres choses qui peuvent affecter cela. Par exemple, parfois, ils mettent des couvre-disques. Ceux-ci aident pour l’aérodynamique et ils peuvent gagner de la vitesse dans la ligne droite, mais vous générez alors plus de chaleur qui chauffe la jante qui chauffe le pneu. La seule façon de faire est de ralentir un peu, ou de changer de trajectoire : Sortir de la trajectoire idéale pour prendre un peu d’air frais afin de refroidir le pneu, et quand le pneu est refroidi vous pouvez attaquer de nouveau. Mais il y a une limite et à l’avant c’est 1,9 bar. Vous devez respecter cela et vous ne pouvez pas rouler en dessous de 1,9 pour une question de sécurité. Cela dépend des pilotes et des motos, et sur certaines motos des réglages de suspension avant. Certains pilotes sont plus sensibles, d’autres moins. »
Cet éclairage global, ainsi que les problèmes rencontrés en course par certains pilotes, permettent au grand public de se faire une première idée de l’importance de la gestion de la pression du pneumatique avant en course. Toutefois, cela est loin d’être assez détaillé pour vraiment en apprécier la finesse extrême, et c’est pour cela que nous publierons prochainement un article sur le sujet.