Honda revient en World Supersport avec la base de course CBR600-RR, qui n’est pas importée en Europe. Mais en Asie c’est très fort…
De Paolo Gozzi de Corsedimoto
Honda a été la moto à battre en World Supersport pendant de nombreuses années, remportant le titre des pilotes à neuf reprises. Depuis le premier triomphe de Fabien Foret en 20022, les triomphes se sont succédé avec Chris Vermeulen, Karl Muggeridge, Sébastien Charpentier (deux fois), Kenan Sofuoglu, Andrew Pitt et enfin Michael van der Mark en 2014. Puis la glorieuse CBR-RR est sortie de la scène, laissant le champ libre d’abord à Kawasaki et enfin à Yamaha, maître des dernières éditions. L’année prochaine, Honda revient avec deux pilotes qui seront managés par l’équipe Mie de Midori Moriwaki avec le soutien direct du HRC, le département course du géant de Tokyo.
Le projet est passionnant pour plusieurs raisons, dont la première est que la routière CBR600-RR n’est plus commercialisée en Europe. La version que nous verrons sur la piste, après être passée sous les fourches caudines de l’homologation, est la « Race Base », c’est-à-dire la version racing que HRC a lancée en 2020 pour ses clients sportifs. Sans la pandémie, le retour dans le championnat du monde aurait eu lieu deux ans plus tôt.
Grâce à la formule Next Generation, le championnat du monde Supersport a retrouvé de l’élan et voit les 600 quatre cylindres de Yamaha, Kawasaki, ainsi que les Ducati V2 (955 cc) et les trois cylindres MV Agusta (800 cc) et Triumph (765 cc) au départ. Pour homogénéiser les performances de motos aussi différentes, une réglementation « variable » est en vigueur, qui intervient sur divers paramètres (régime moteur, boîtiers de commande, etc.) au gré des commissaires techniques. Le concept est un peu bizarre, mais cela a fonctionné, car les courses de 2022 étaient spectaculaires et pleines de protagonistes.
« La Honda CBR600-RR a été pratiquement imbattable en Asie ces derniers temps«
Sur les cinq marques au départ, seule la Ducati V2 n’a pas réussi à s’imposer, malgré la montée à plusieurs reprises de plusieurs pilotes sur le podium. Dans l’environnement Supersport, le retour de Honda est perçu avec un certain scepticisme, en grande partie parce que l’équipe Mie en Superbike de 2019 à aujourd’hui n’a pas vraiment brillé en termes de performances. Mais ils feraient tout de même bien de s’inquiéter car le potentiel de la CBR600-RR est très élevé. Dans les compétitions asiatiques, cette Honda est la moto à battre dans la catégorie.
La Honda était forte dans tout le Japon tandis que dans le championnat asiatique de courses sur route, la série continentale asiatique, elle a déchiré tout le monde, remportant 9 courses sur dix et plaçant quatre pilotes en tête du classement. Le règlement technique de l’ARRC est légèrement différent de celui du Championnat du Monde qui est plus contraignant. Mais ceux qui connaissent bien la situation sur le terrain assurent que Honda sera extrêmement redoutable. Andrea Ballerini, en plus d’être le chef technique du Triumph officiel, est consultant auprès d’une équipe malaisienne qui courra dans l’ARRC avec Yamaha : « nous sommes confrontés à un défi improbable car la CBR600-RR a été pratiquement imbattable en Asie ces derniers temps », explique l’ancien pilote champion du 125GP. « En la voyant courir en Asie, j’étais convaincu que cette moto serait aussi une protagoniste du Championnat du Monde, et je me suis demandé pourquoi personne ne la visait. En 2023, on la retrouvera, et c’est notre chance que l’équipe Mie n’ait pas misé sur un grand nom de la catégorie, mais se présentera avec deux pilotes inexpérimentés… »
Nous ne verrons pas Honda courir lors des deux courses d’ouverture, les 25 et 26 février à Phillip Island (Australie) et la semaine suivante à Mandalika, en Indonésie. Les motos, les pièces détachées et les pièces d’évolution arrivent directement du Japon, l’équipe Mie a donc du travail. L’aventure de Tarran MacKenzie, ancien champion britannique de Superbike, et du Malaisien Adam Noroddin, débutera les 22 et 23 avril depuis Assen, la première manche européenne. Il est difficile de croire qu’un pilote de premier plan comme Tarran MacKenzie, qui a couru pendant des années en BSB avec la meilleure équipe Yamaha, ait accepté le défi sans avoir des garanties concrètes de compétitivité directement du HRC avec, en plus, la perspective à moyen terme de se lancer dans le Superbike. Les adversaires feraient bien de ne pas sous-estimer la Honda, encore moins le pilote…