Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de
chaque pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour
apprécier la performance de nos héros, regarder leur place au
général ne suffit pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les
dynamiques, le contexte, les qualifications, l’attente que le
pilote en question suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était
la saison de
Miguel Oliveira qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) Flamboyant mais pas souvent
Classé 9e au général,
Jorge Martín n’a pas explosé comme on aurait
pu le prévoir. En effet, sa saison rookie 2021 fut marquée par de
nombreux exploits, dont une victoire avec la pole pour sa sixième
course seulement. Ainsi, nous attendions la confirmation en 2022,
mais elle n’est jamais venue.
Tout d’abord, comment passer outre son début de saison absolument
catastrophique. Quatre abandons en sept Grands Prix et une autre
chute à Jerez, bien qu’il n’y était pour rien au Qatar.
Globalement, Jorge en voulait trop. C’est l’un des
problèmes liés à l’environnement ultra-compétitif actuel. Des
jeunes qui sont en âge d’apprendre sont attendus devant et,
souvent, cela n’arrive pas. De plus, les discussions concernant le
potentiel remplacement de Jack Miller au sein de la structure
officielle allaient déjà bon train. Si Martín
était le candidat logique, la montée en puissance de
Bastianini dès l’entame, contrastant avec la
mauvaise forme de l’Espagnol, rebattait quelque peu les cartes.
Pour sûr, cela ajouta une pression psychologique
supplémentaire.
De plus, le package Ducati 2022 ne semblait pas intrinsèquement
moins performant que celui de l’année précédente – dont Bastianini
disposait, mais certainement plus difficile à mettre au point et à
faire marcher sur la durée d’une course. Nous l’avons observé avec
Pecco Bagnaia mais l’exemple le plus probant est
celui de
Luca Marini, que nous avons déjà traité.
Tout ceci rendait la situation tortueuse : Martín ne donnait
plus l’impression de progresser, ce qui est paradoxal quant l’on
connaît sa qualité d’adaptation et son plafond, extrêmement haut. À
vrai dire, les résultats confirment cette théorie : il a
engrangé moins de points, en moyenne, qu’en 2021 (7,6
points par course contre 7,9 ppc l’an dernier), et
surtout, n’a pas réussi à franchement dominer un Zarco pourtant en
difficulté sur la deuxième moitié de l’exercice 2022.
II) Et pourtant
Ne vous-y trompez pas,
Martín reste un cador. Il est l’incarnation du pilote
du futur, et bien qu’il n’ait pas été à la hauteur des attentes,
aussi élevées fussent-elles, le « Martinator » n’en reste pas moins
exceptionnel. Tout d’abord, sa vitesse, à coup sûr son arme
privilégiée. Quand il laisse parler son génie en qualifications, il
est tout simplement irrattrapable. Il finit meilleur poleman
ex-aequo de l’année à égalité avec Pecco Bagnaia,
cinq réalisations chacun. Au total, il en compte déjà neuf, soit,
dans l’absolu, plus que Johann Zarco ou
Andrea Dovizioso ! Dans l’histoire de la
moto, seuls sept pilotes font mieux si l’on rapporte ce chiffre au
nombre de départs (neuf pole en 34 essais, soit 26,4
%). Il devance, par exemple, Phil Read ou
encore Fabio Quartararo.
Certes, la Desmosedici est une arme sur un
tour. Mais son record à Sepang était tout simplement
ahurissant. Rares sont les pilotes capables de faire une session
type
« Formule 1 », c’est à dire sortir, réaliser un tour
sans erreurs, puis rentrer, puis ressortir, puis refaire un tour
parfait. Martín, comme une machine, peut réaliser
l’impossible, deux fois de suite. Un véritable paradoxe.
Il n’a pas triomphé cette année, c’est un fait, mais comment
peut-on rester insensible à ce pilote si tranchant, empreint d’une
philosophie que seuls les plus grands se partagent ?
Conclusion :
Comme pour Miguel Oliveira, il est impossible
d’affirmer que sa saison est ratée, ni même en demi-teinte. Nous
parlons ici d’un pilote dans sa deuxième année, qui cumule trois
podiums, cinq pole et deux meilleurs tours en course. D’ailleurs,
fait amusant, il détient le meilleur tour à Sepang malgré sa chute
dans la sixième boucle (!) Oui, historiquement, ces pilotes très
explosifs ne laissent pas indifférents. Soit l’on admire la force
de caractère et la personnalité souvent marquée, ou soit l’on y est
insensible, car au final, les résultats manquent. Une chose est
sûre, ces pilotes aux antipodes des Luca Marini et
autres Bradley Smith doivent exister, car la
richesse du MotoGP émane aussi de la palette des profils
représentés. Sans contestation possible, le futur est avec eux. Les
courses sprint favoriseront les plus incisif, et nul doute que le
« Martinator » répondra présent.
Qu’avez vous pensé de sa saison ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport