Nous poursuivons notre rétrospective de la saison de chaque
pilote, du dernier jusqu’à Pecco Bagnaia. Pour apprécier la
performance de nos héros, regarder leur place au général ne suffit
pas. Ainsi, nous allons nous pencher sur les dynamiques, le
contexte, les qualifications, l’attente que le pilote en question
suscitait pour juger sa campagne. Hier, c’était la saison de
Luca Marini qui était à l’honneur.
Vous pouvez retrouver l’article correspondant en cliquant sur cette
phrase en surbrillance.
Pour rappel, cet avis reste subjectif, et ne reflète que la
pensée de son auteur.
I) Retour réussi ?
Situé en 11e position, il est très difficile de juger la saison du
champion du monde Moto3 2013. Commençons par évoquer ce qui a
fonctionné en 2022. Avant même de parler des résultats en détail,
il est essentiel de revenir sur nos attentes, et, de ce point de
vue, il est gagnant. Depuis son évincement du team Yamaha officiel,
Maverick est un outsider. Il a bien assumé ce statut,
première petite victoire.
Au guidon d’une Aprilia RS-GP en partie développée par
Aleix Espargaró, il monte sur le podium à trois
reprises. Il a été particulièrement impressionnant à Silverstone,
et on a bien cru, l’espace de quelques tours, qu’il pouvait
s’imposer. À 27 ans déjà, tout cela est très convaincant, à défaut
d’être surprenant.
II) Le problème de Viñales
Mais, pour autant, avait-on douté un instant de sa vitesse folle et
de son don pour la performance ? Jamais.
Rappelons qu’il était sur une série de six saisons consécutives
avec au moins une victoire à la clé, une statistique qu’aucun autre
héros du plateau MotoGP ne partageait en 2022. Le voir devant,
parfois proactif, sur une machine qui ne lui convenait pas plus que
cela, n’est pas tant surprenant. « Top
Gun » est l’un des plus grands talents naturels que
la catégorie reine ait connu. Maverick peut déclencher une attaque
à n’importe quel moment, faire exploser le peloton et imposer un
rythme insoutenable. Nous savions tout ça.
Son problème principal concerne son plafond.
Certes, son année 2022 est réussie car peu de gens pensaient le
revoir à ce niveau. Mais peut-il réellement faire mieux ? Maverick
est un pilote imprévisible au possible, inexplicable. Sa carrière
est une énigme. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’a pas franchi de cap.
Toujours aussi irrégulier dans la performance, il est doté un
mental friable, notamment quand rien n’allait plus pour Aprilia en
fin de saison.
À l’image de Marc Márquez, Viñales aura toujours cette étincelle en
lui, ce mode « on-off » qui peut le faire passer de
« Lorenzo
2012 » à « Lorenzo
2017 ». Mais le problème, c’est que de nos jours,
c’est un peu court pour survivre en Grands Prix motos. Ramasser
trois à cinq podiums est une condition sine qua non pour
s’assurer un guidon l’année suivante, et encore. Rappelons
qu’en 2020 et 2021, 15 pilotes étaient montés sur la boîte, contre
14 en 2022. Viñales a fait du bon Viñales, mais du Viñales
quand même. Sa place au classement général reflète assez bien sa
performance.
Conclusion :
Son cas est loin d’être simple. Avec l’énigme Maverick Viñales, il
est difficile de répondre à la simple mais limpide question :
a-t-il réalisé une bonne saison ? Nous penchons vers
le « oui », mais sans grande conviction. Certes,
il a bien rebondi, et a réalisé de belles courses (a fortiori sur
l’asphalte de Silverstone), c’est une certitude. Mais de
l’autre, nous sommes toujours en présence du traditionnel
Maverick, irrégulier au possible, capable de finir
5e comme 14e. Sa vitesse et son côté
« performer dans l’âme », toujours aussi
passionné, ne peut plus masquer des lacunes connues depuis des
années au sein d’une catégorie toujours plus fournie en profils
plus explosifs encore.
Aprilia s’en contente largement, nul doute qu’il a apporté sa
pierre à l’édifice. Mais la firme de Noale sait à quoi elle
aura droit, « Top Gun » ne crée plus la surprise. Par le
fait, il est difficile d’imaginer un Viñales fondamentalement
meilleur en 2023. Nous ne voyons pas pourquoi il arriverait, à
bientôt 28 ans, à passer ce cap sur une moto performante –
du moins qui l’était – mais capricieuse, alors qu’il
n’a jamais réussi à le faire dans un environnement où tout lui
souriait auparavant. En tout cas, nous lui souhaitons de
nous donner tort.
Qu’avez-vous pensé de sa saison ? Pensez-vous
que Maverick est capable de se renouveler et de faire mieux qu’en
2022 face à un Aleix Espargaró aux commandes, doté d’une approche
totalement opposée ? Dites-le nous en
commentaires !
Photo de couverture : Michelin Motorsport