La question de l‘évolution technique des MotoGP, qui a directement impacté sur le déroulement des courses et sur la façon de piloter, fait débat dans le paddock et parmi les fans. L’arrivée des ailerons et du correcteur d’assiette mécaniquement actionné ont ouvert l’ère d’une aérodynamique totalement sous-estimée par les constructeurs japonais. C’est le génie de Ducati, qui a parfaitement respecté les règles, d’avoir changé la donne par ses recherches et compétences pour mieux prendre la main sur une compétition qui était perdue d’avance, au vu de la puissance de feu industrielle de ses adversaires. Du coup, la question de l’évolution de la compétition sous l’impulsion de ces trouvailles se posent de la mauvaise façon, car le mérite des Italiens semble être remis en cause par des mauvais-perdants. Et pourtant, la situation mérite attention, comme le signale un Randy Mamola qui fait ce constat…
Le MotoGP d’aujourd’hui est bien différent de celui d’avant même la déclaration de la crise sanitaire, qui n’est pas si loin. Sur sa lancée, il pourrait encore évoluer vers d’autres aspects sous l’impulsion de l’évolution technique. Une marche vers l’inconnue avec ses frissons et ses dangers qui n’est pas nouvelle dans les sports mécaniques. L’expérience de la Formule 1 est ainsi sous nos yeux, une jurisprudence par ailleurs reconnue par Carmelo Ezpeleta, patron du promoteur Dorna qui a confirmé récemment marcher sur les traces de la compétition majeure en sport automobile pour dynamiser son propre cœur de métier.
Oui mais, en Formule 1, la question technique est un vrai sujet stratégique pris en compte par une armada de techniciens travaillant sans relâche pour garder un équilibre général qui s’étend du spectacle à livrer sur la piste jusqu’à l’écosystème même du paddock. En MotoGP, il n’y a que le vaillant mais bien isolé Danny Aldridge face à l’imagination prolifique de l’équipe réunie autour d’un Gigi Dall’Igna qui connait parfaitement son sujet.
Le dernier résultat du cours des choses est cette GP22, née d’une GP21 encore redoutable, qui ne fait pas que donner la leçon sur tous les tracés du championnat. Elle réussit aussi l’exploit d’enthousiasmer ses huit pilotes qui ont des styles et une morphologie qui sont différents. Pendant ce temps, ceux qui tentent de suivre souffrent. Et pas seulement au sens figuré. Au sens propre aussi, car ces nouvelles machines créent des turbulences dans leur sillage. Un phénomène sur lequel s’attarde souvent Marc Marquez.
Randy Mamola sur le MotoGP : « c’est une question d’époque, de réglementation et de position«
Tout ça nous amène à cette expertise d’un Randy Mamola qui a connu une autre époque, et c’est le moins que l’on puisse dire. Contrairement à ses pairs de la même génération, il ne se lamente pas sur le passé en déplorant le présent, mais il se montre clair sur l’avenir… On lit ainsi de lui sur crash.net : « si vous n’êtes pas fan de Formule 1, vous ne pourrez pas non plus être fan de MotoGP ». Une annonce claire qui pose le cadre…
L’Américain développe : « nous avions l’habitude d’entendre de la Formule 1, il y a trois, quatre, ou cinq ans le refrain du ‘Je ne peux pas suivre la voiture devant moi’, et nous avons ce problème de pilotes qui ont du mal à suivre dans les courses de moto ». La légende des Grands Prix ajoute : « c’est une question d’époque. C’est une question de réglementation et de position ».
Tout est là et Randy Mamola met ainsi les dirigeants face à leurs responsabilités : « je crois qu’un constructeur en ce moment a une assez grande emprise là-dessus, avec plus d’un pilote que peut gagner sur sa moto, et c’est Ducati. Pour moi, il faut un gel technique. Il faut figer la situation dans ces domaines pour que d’autres constructeurs puissent rattraper leur retard, pour que Ducati ne puisse pas passer au niveau supérieur, ou qui que ce soit d’autre ».
Le discours est donné, mais pour ce qui est de la méthode… « Comment faire ça, je ne sais pas, je ne suis pas un gars de la réglementation ou des règles ou quelque chose comme ça, mais je pense que quelque chose doit arriver, du genre des concessions pour d’autres fabricants ». Puis il termine en revenant sur son idée maitresse : « maintenant, nous rencontrons les problèmes de la Formule 1. Donc si vous avez un problème avec la Formule 1, vous avez un problème avec le MotoGP ».