C’est le genre de remarque sur un sujet on ne peut plus sensible que l’on ne peut assumer que si on a les épaules solides, et, assurément, Cal Crutchlow les a. S’il est un constructeur qui est attendu de pied ferme au prochain test de Sepang, qui marquera la reprise de l’intersaison en février prochain, en donnant une indication forte sur ce que sera la future compétition en MotoGP, c’est bien Yamaha. La marque d’Iwata sera même plus observée que Honda qui a déjà posé les jalons pour dire qu’ils ne seront pas encore tout à fait prêts pour l’an prochain. Mais le blason aux diapasons a déjà joué ce joker en n’alignant pas un nouveau moteur en 2022. En 2023, cela devra être le cas et la ligne directrice semble claire. Alors pourquoi le pilote test anglais dit aussi qu’il ne faut décidément pas se braquer sur le seul sujet de la puissance ?
La situation de Yamaha est la suivante et elle est d’autant plus compréhensible qu’elle ressemble de plus en plus à Honda lors de l’arrivée de Marc Marquez : d’une M1 pour tous, on est passé à une moto comprise par le seul Fabio Quartararo. Et comme dans le cas de l’octuple Champion du Monde, il est logique que l’on écoute le titré en 2021, parce que sans lui, les hommes de Lin Jarvis se battraient avec ceux d’Alberto Puig pour ne pas se retrouver avec la cuillère de bois à la fin de la compétition.
Et que demande Fabio Quartararo ? Avant tout un moteur capable de tenir tête à celui mis dans les Ducati. Une stratégie que comprend Cal Crutchlow qui a déclaré en octobre dernier : « ils doivent être capables de se défendre dans les lignes droites. Il doit être possible pour les pilotes Yamaha de dépasser et de ne pas être dépassés si facilement ». Une analyse claire avec ce constat fait alors par l’Anglais : « ce qu’ils voulaient chez Yamaha, c’était plus de puissance et plus de vitesse et ils l’ont obtenu ». Hélas, ce n’est pas ce qui a été validé par Fabio Quartararo et le team officiel Yamaha lors du test de Valence…
Cal Crutchlow : « Yamaha doit retrouver sa philosophie, nous devons rendre la moto plus fluide, plus calme«
Il y a donc des interrogations et on en comprend le fondement lorsque l’on suit le même Cal Crutchlow dont la conviction sur la voie à suivre dans le développement colle parfaitement à celle d’un Andrea Dovizioso juste avant de rendre les armes à Misano : « je ne pense pas qu’un moteur puissant soit l’élément clé. Pour moi, le point est la maniabilité de la moto. Lorsque j’utilisais le M1 en 2012-13, vous pouviez la rouler avec une main sur le guidon la moitié du temps. Maintenant, c’est impossible de le faire. Le problème, c’est qu’elle ne convient pas à tout le monde. Mais seulement à Fabio Quartararo ».
Un mois plus tard, après le test de Valence qui était le dernier roulage avant la trêve estivale, Cal Crutchlow livrait ce sentiment que Todocircuito rappelle : « pour être honnête, je pense que Yamaha devrait revenir en arrière et faire en sorte que vous n’ayez pas besoin d’être un pilote agressif . C’est la réalité. Et ce n’est pas la philosophie de Yamaha ».
Il sème même le trouble en insistant : « la Yamaha a toujours été la moto la plus lente, mais c’est la plus rapide sur presque toute la piste. Maintenant, ils essaient de la rendre plus rapide dans la ligne droite, donc c’est plus difficile à piloter. Je pense que Yamaha doit retrouver sa philosophie. Nous devons rendre le vélo plus fluide, plus calme. Nous devons travailler là-dessus pour le prochain, et ainsi toute la moto s’améliorera ». Et il termine : « nous devons travailler pour l’année prochaine, puis aller à Sepang pour arriver en meilleure forme. J’ai vraiment hâte d’y être ». Il n’est certainement pas le seul…