Jorge Viegas s’est-il laissé enivré par sa réélection à la quasi-unanimité à la tête de la FIM, validée il y a 24h00 par l’Assemblée générale annuelle qui s’est tenue à Rimini en Italie ? Celui qui est reparti pour un mandat de quatre ans dans une fonction qu’il tient depuis 2018 a en effet obtenu 99% des voix des fédérations nationales présentes. Le pourcent récalcitrant doit se sentir bien seul, mais, nanti d’un tel soutien, Jorge Viegas a donné l’impression qu’il était en position de décider pour les autres. Et c’est ce qu’a découvert Valentino Rossi ce samedi matin…
Quelle mouche a piqué Jorge Viegas, Président de la FIM renouvelé avec un score asymptote de l’unanimité ? Un résultat qui lui a d’abord inspiré ses mots : « je suis très reconnaissant du soutien continu que j’ai reçu de la part des fédérations qui estimaient que je méritais leur vote. Les quatre dernières années ont été une aventure incroyable qui n’a été possible que grâce à l’extraordinaire équipe avec laquelle j’ai travaillé. Je n’exprimerai jamais assez de gratitude pour leur motivation, leur disponibilité et leur amitié, ils sont vraiment ma famille ».
Il a ajouté : « je tiens également à remercier les fédérations nationales pour les remarquables réalisations que nous avons accomplies ensemble, grâce à nos objectifs communs, à notre dur labeur et, surtout, à notre excellente collaboration. J’ai la chance de travailler avec chacun d’entre vous et mon désir le plus sincère est de continuer à prendre soin de vous à l’avenir ».
Voilà pour le cadre officiel et le tour de son domaine de compétence. Mais la suite, révélée par GPOne, a mis en lumière un Jorge Viegas s’exprimant sur une situation généralement décrite par le promoteur Dorna, qui décide en fait de tout et fait tourner la boutique. Preuve en est avec le team RNF Aprilia de Razlan Razali, sauvé après avoir renoncé à son statut de patron, par un sponsor amené par les hommes d’un Carmelo Ezpeleta qui ne s’en est d’ailleurs pas caché puisqu’il l’a mentionné dans le communiqué officiel de l’équipe annonçant la prise de pouvoir de l’enseigne CryptoData.
Jorge Viegas marche sur les plates-bandes de Valentino Rossi
Mais là, Jorge Viegas a parlé à la place de Valentino Rossi sur une démarche initiée par Yamaha au travers de Lin Jarvis qui clame à qui veut l’entendre que la saison 2023 sera l’exception à la règle voulant qu’en MotoGP, il y ait quatre M1. Il n’y en aura en effet que deux l’an prochain aux couleurs officielles, puisque l’équipe RNF précitée est à présent le satellite d’un autre constructeur.
Un débat auquel s’est ainsi joint de manière inattendue le Président de la FIM quasiment plébiscité par ses pairs : « je ne vois pas cette situation de deux Yamaha seulement comme étant particulièrement bonne, mais je pense que ce ne sera que pour 2023. En 2024, l’équipe Rossi de Valentino passera de Ducati à Yamaha ». Et il a même ajouté : « pour l’instant c’est une idée et rien n’est confirmé, mais je partage quelques nouvelles. Il y aura 6 Ducati et 4 Yamaha ».
Cette prise de position va faire forcément jaser. Au sein de la VR46 d’abord où les deux pilotes, à commencer par Luca Marini, sont heureux de leur Ducati. Le demi-frère du patron est même convaincu que c’est la marque avec laquelle il faut poursuivre pour l’avenir du team. De son côté Yamaha n’a encore certainement pas démontré sur la piste sa capacité à sortir une M1 capable de tenir la dragée haute à une Desmosedici.
De même, le contrat entre la VR46 avec Ducati court jusqu’à fin 2024, et il faudrait donc en passer par une rupture prématurée du bail. Paolo Ciabatti, le directeur sportif de la marque de Borgo Panigale a certes reconnu qu’à moyen terme, tenir un clan à huit motos n’était pas une solution pérenne, mais il n’a certainement pas non plus envisagé le cas de figure d’une fin avant échéance avec un de ses teams clients actuels.
Enfin, on attend la réaction de Valentino Rossi qui jusqu’à plus ample information reste le patron de son équipe VR46 et aussi de sa communication. Le Doctor appréciera-t-il que d’autres, tout prestigieux soit-il, donnent l’impression de décider à sa place ?
