Livio Suppo le rappelle pudiquement, au terme de ce Grand Prix de Valence qui nous attend le week-end prochain, il y aura de la joie et de belles célébrations, mais il y aura aussi des déchirements et des larmes. Ceux-là seront dans un box Suzuki qui en aura alors terminé avec la belle aventure GSX-RR. Un titre de Champion du Monde en 2020, et même une victoire en cette dernière année avec Alex Rins en Australie ont démontré que les tuniques bleues n’avaient rien à se reprocher. Mais un conseil d’administration, de nos jours, ne s’embarrasse plus de la moindre considération envers ceux qui triment sur le terrain.
A la fin du Grand Prix de Valence, Suzuki fermera définitivement son box et Livio Suppo rendra son tablier, un an à peine après l’avoir accepté. On connait les circonstances qui ont amené à cette issue fatale pour bien des compétences nichées dans ce paddock MotoGP qui a dû demander des comptes avant de valider malgré tout cette trahison. L’annonce tombée d’en haut a été froide et brutale, à l’image de ceux qui l’ont prise et qui ne seraient rien sans ceux qu’ils ont biffé, d’un revers de main, de leur organigramme.
L’histoire jugera mais en attendant, les hommes du team Ecstar Suzuki partiront la tête haute avec leur honneur intact. En ce sens, la victoire d’Alex Rins en Australie a été un moment fort, apprécié à sa juste valeur : « c’était vraiment important parce que c’était évidemment une saison difficile après avoir appris que Suzuki voulait se retirer. Je suis vraiment content qu’Alex nous ait offert ce cadeau de gagner au moins une course » dit le team manager Livio Suppo. « Je suis donc heureux que nous ayons pu être super heureux au moins pendant une journée et que nous ayons quelque chose à célébrer ».
Livio Suppo : « j’espère vraiment que l’électromobilité est une bulle«
Le même Suppo analyse aussi globalement la situation : « nous savons tous que ce n’était pas notre faute. Quand j’ai appris la mauvaise nouvelle, c’était dimanche soir à Portimao, nous étions en tête des championnats des pilotes et des équipes. Cela signifie que nous avons fait du bon travail de notre côté et que l’entreprise a clairement pris une décision qui n’avait rien à voir avec les résultats ».
L’Italien de 57 ans ajoute : « je respecte la décision et je comprends que beaucoup de choses changent très rapidement dans ce monde. Tant en termes de situation économique que de guerre. Nous vivons ici dans le paddock et oublions la réalité. Mais si vous regardez la réalité, vous devez réaliser que le monde traverse une période très difficile ».
Justement, Suzuki a voulu se montrer progressiste en affirmant qu’ils allaient se concentrer sur l’électromobilité. Sans convaincre… « la course moto, la Formule 1… Nous devrons tous faire face à cette grande révolution du moteur électrique. J’espère vraiment que ce n’est qu’une bulle parce que je ne peux pas imaginer que nous allons tous être électriques » termine Livio Suppo qui est bien placé pour en juger, puisqu’il a une société qui vend des vélos électriques…