Les heures se sont écoulées depuis l’arrivée du Grand Prix de Malaisie et il apparait à présent clairement que l’on avait toutes les raisons de craindre le pire chez Ducati dans un duel à couteaux tirés entre Pecco Bagnaia et Enea Bastianini qui n’était en aucun cas simulé. Pourquoi ? Au vu de l’enjeu sportif, cette situation semble incompréhensible. Mais si l’on place le curseur sur l’argent promis au travers d’une prime exceptionnelle, tout s’explique…
Oui, Pecco Bagnaia avait tout à craindre d’un Enea Bastianini qui voulait sincèrement le battre pour le gain de la victoire en Malaisie. D’ailleurs, le leader du championnat et vainqueur à Sepang n’a jamais été dupe : « Bastianini est un adversaire, seul Miller aurait fait différemment » a commenté celui qui n’est à deux points du titre avant le dernier rendez-vous de l’année à Valence.
Et en effet, Bastianini a déclaré : « je voulais le passer à l’intérieur, mais cette manœuvre aurait été trop difficile. C’est pourquoi je suis passé à l’extérieur et j’ai perdu du temps en conséquence », décrit Bastianini à propos de son dernier tour. Puis il fait cet aveu : « j’ai vu le panneau mentionnant Bagnaiai. J’ai quand même donné mon maximum. Bien sûr, je savais que je devais faire attention car c’était une course très importante pour Ducati. Mais je voulais vraiment gagner. Cette mention n’a eu aucune incidence sur mon objectif ».
Bagnaia et Bastianini se sont observés pendant pratiquement toute la course et se sont relayés plusieurs fois aux avant-postes, parfois avec des manœuvres difficiles. L’équipe de direction de Ducati avec Gigi Dall’Igna, Paolo Ciabatti et Davide Tardozzi était donc tendue. Encore et encore, le trio a pu être vu dans des discussions intensives. Le contenu n’est pas connu, mais facile à deviner : des commandes stables ont été discutées.
Et en effet, Davide Tardozzi révèle : « est-ce que Bastianini aurait dû se montrer moins agressif ? C’est à lui qu’il faut le demander. Ça aurait pu être « plus doux », mais il sentait qu’il pouvait gagner » Gigi se souvient aussi d’Argentine 2016 : il était inquiet, il nous a demandé s’il fallait intervenir d’une manière ou d’une autre. On lui a dit non, parce qu’on a confiance en nos pilotes ».
Il précise : « on aurait pu mettre » P2 « sur le panneau de Bastianini, mais nous ne l’avons pas fait ». Vu l’ambiance, on se demande déjà comment se passera 2023… « je ne suis pas inquiet » répond Tardozzi. « Ce sont deux pilotes forts. On va tout mettre en œuvre pour gérer au mieux la situation ». Et d’autant mieux que cette « situation » sera différente. Car il y a un contexte qui explique tout…
Le manager d’Enea Bastianini explique tout : « Ducati devrait nous garantir l’argent pour la troisième place au Championnat même si on termine quatrième »
Ce fameux contexte est détaillé par le manager de Bastianini, soit Carlo Pernat. On lit de lui sur Speedweek : « Enea veut toujours remonter à la troisième place du championnat du monde des pilotes. C’était son objectif en Malalsie et il le sera à Valence dans deux semaines ». Il développe : « en situation normale, Enea aurait tenté de doubler dans le dernier tour. Peut-être qu’il aurait causé un désastre, je ne sais pas. Mais il n’a pas pris ce risque. C’est pourquoi nous demandons maintenant à Ducati une prime pour la troisième place du Championnat du Monde, même s’il ne termine que quatrième du Championnat du Monde. Ça c’est sûr ! ».
Carlo Pernat est très ferme sur le sujet : « maintenant, c’est une question d’argent. En tout cas, Ducati devrait nous garantir l’argent pour la troisième place du Championnat du Monde. Car la différence avec le bonus du rang 4 est considérable. Il ne s’agit pas seulement du contrat Ducati, il s’agit aussi de sponsors comme le cuir Alpinestars, Red Bull, les casques KYT et de plus petits financiers. Si nous ne terminons pas troisièmes du championnat parce qu’Enea a été attentif à Bagnaia ici à l’arrivée, nous perdrons beaucoup d’argent ». Fermez le ban !
MotoGP Malaisie Championnat : classement (19/20)
Crédit classement motogp.com