Le docteur Ángel Charte dirige l’équipe médicale de tout le championnat du monde de moto depuis une décennie entière. Il a été l’un des nombreux médecins qui ont dû traverser cette mauvaise période consistant à soigner des blessures graves de pilotes. On pourrait dire que Charte est le protecteur de tous, et son travail est évidemment très important.
Par Ana Puerto de Motosan
Cela a commencé par hasard : « c’est vrai que j’aime les motos, mais je me suis lancé dans ça par hasard. J’étais dans mon hôpital et un jour les dirigeants du MotoGP sont apparus pour me proposer le nouveau projet », raconte Charte. « C’était à la suite du décès de Marco Simoncelli. Au début, j’ai dit non. Un jour je suis allé au Qatar pour voir une course et là j’ai décidé de poser mes conditions pour changer certaines choses de mon point de vue humble et austère », révèle le médecin.
« Il ne s’agissait pas de mettre le pilote sur une civière, mais de lui donner des options de vie et le seul moyen d’y parvenir était de travailler au pied de la piste », a expliqué le médecin. « C’est ma vision, mon rôle et ma mission ici. Ils ont accepté mes conditions et depuis j’ai travaillé avec la plus grande responsabilité pour toujours sortir les pilotes en vie ».
Docteur Charte : « quelles que soient les situations d’urgence, les pilotes sont humains »
« Notre système médical est divisé en trois parties : les soins immédiats au pied de la piste avec des véhicules médicalisés, le service de rééducation via la clinique mobile et un centre médical dans chaque circuit qui se coordonne avec nous pour effectuer des radiographies, échographies, électrocardiogrammes ou tout ce dont nous avons besoin à un moment donné », explique-t-il.
« Quelles que soient les situations d’urgence, les pilotes sont humains », dit-il avec conviction. « Ils ont des gastro-entérites, des rhumes, toute une batterie de maladies courantes. Des kinésithérapeutes et des médecins du sport travaillent dans la clinique mobile afin que les pilotes puissent récupérer au niveau musculaire s’ils en ont besoin après les courses », précise le Dr Charte.
La santé mentale occupe également une place importante : « c’est très important dans la vie d’un pilote MotoGP. Ce n’est pas facile. Nous sommes loin de chez nous environ 150 jours par an. Cette situation, surtout chez les jeunes, crée une anxiété familiale importante. La famille est loin. Certains ont leurs psychanalystes personnels, des psychologues du sport. Nous nous intéressons beaucoup à eux et nous sommes très près d’eux sue ce point », a-t- il affirmé.
Mais, néanmoins, tout n’est pas joli. « J’ai eu beaucoup de situations compliquées, oui. Ce sport vous procure beaucoup de joie, mais aussi beaucoup d’angoisse, parfois d’impuissance et de tristesse », commente-t-il après avoir passé des moments en tout genre, mais intenses en tout cas.