Honda présente une vidéo qui fait le portait d’un homme qui lui est indispensable sur le terrain dans une saison de MotoGP. Et on ne sait comment la prendre. Dans un premier temps, on reste admiratif et on éprouve un respect immense face au dévouement de cet homme par lequel passe toutes les commandes des pièces détachées du team Repsol au Japon, comme la prise en compte de leur réception dans le paddock. Si l’on comprend bien le document, il a, seul, la responsabilité de toute la logistique du premier constructeur mondial engagé dans un Grand Prix MotoGP. Et ça suscite aussi comme une interrogation, presqu’un malaise. Car le même homme semble aussi vivre reclus au fond de la remorque d’un camion dont il connait seul les recoins, dans une sorte de solitude qu’un modeste écran de télévision égaye plus ou moins. Car les images diffusées sont celles du Grand Prix en cours, qui l’alertent sur ce qu’il devra préparer comme pièces lorsqu’une de ses Honda se retrouve par terre…
Il s’appelle Shibasaki Katsura. C’est un Japonais de 52 ans sans qui la grande usine Honda serait dans de grandes difficultés s’il lui passait par la tête de prendre des congés, de tomber malade ou de compter ses heures. Mais il semble plus que volontaire pour ce travail de forçat dans le plus grand anonymat. Une situation que Marc Marquez résume ainsi dans le document vidéo : « le coordinateur des pièces détachées est l’un des gars les plus importants de l’équipe » assure l’octuple Champion du Monde. « Et pourquoi personne ne le sait ? Parce qu’il est entre deux cartons pendant, je ne dirais pas 24 heures, mais 15 heures par jour », révèle-t-il.
Il ajoute : « c’est celui qui quitte le circuit en dernier et celui qui arrive en premier. Dans notre cas, c’est Shiba-san, et il effectue un travail incroyable. Son état d’esprit est l’un de ceux de qui on se demanderait : « mais comment peut-il faire cela ? ». Cette intervention de Marc Marquez rassure un peu sur le fait que l’on a conscience chez Honda de la situation de celui qui est surnommé « Shiba » qui est aussi le titre de cet opus.
« Je m’appelle Shibasaki Katsura, je suis japonais et j’ai 52 ans » se présente le héros de l’ombre, au sens propre comme au figuré lorsqu’on l’on constate ses conditions de travail. « Mon travail au sein de l’équipe Repsol Honda est d’être le coordinateur des pièces, je récupère les pièces pour les motos et j’ai également la charge de la gestion des commandes », explique-t-il avec une grande humilité en avouant que cette remorque de camion peuplée de 1 600 pièces est quasiment sa « maison ».
« Travailler pour Honda en MotoGP est comme un rêve »
« En tant que motard, travailler pour Honda en MotoGP est comme un rêve » assure-t-il. « Pendant la semaine de course, normalement le mercredi est le jour de préparation. Je reçois des pièces de rechange du Japon que j’ai commandées et j’ouvre la boîte et vérifie combien de pièces de rechange nous avons, combien nous recevons, et je les mets à leur place ». Marc Marquez précise : « si vous tombez en FP1 et devez réparer la moto pour la FP2, ils commencent à demander à la radio ‘nous avons besoin de cette pièce, et ça, et ça’, et le coordinateur des pièces de rechange doit comprendre et savoir où tout se trouve ». Un métier pas facile lorsque l’on sait que l’on parle de Honda, soit l’usine où les pilotes chutent le plus souvent…
Loin de la grande technologie et des computers, il existe toujours dans l’ombre du MotoGP des petites mains au sens noble du terme car, sans elles, et surtout sans ces hommes seulement animés par leur passion, leur compétence et leur dévouement, qu’ils font passer au-dessus de leur propre vie, rien ne serait possible, même pour un premier constructeur mondial.
