Cet article fait suite à l’analyse parue hier.
Pour une fois, l’une ne va pas sans l’autre et nous vous
encourageons vivement à jeter un œil à la première partie
juste ici pour comprendre les enjeux de
l’étude.
Si le
momentum est grandement favorable à Bagnaia, tout
n’est pas perdu pour autant. Quartararo, en réalité, dispose de
plusieurs solutions pour approcher ces trois manches cruciales de
manière optimale.
III) Bagnaia, déjà titré ?
Premièrement, nous avons conclu que le mental était décisif dans la
quête d’une bonne dynamique. Si celui de Bagnaia est excellent,
Fabio n’a pas à rougir, et nous l’a déjà prouvé par le passé,
notamment depuis sa renaissance en 2021.
Ensuite, et même si tout semble jouer en la faveur de
« Go Free », le momentum n’est pas
éternel. La meilleure manière de s’en rendre compte est de regarder
un match de football ou de basketball. Les deux équipes, auront,
parfois de manière inexplicable, 10, 12 ou 15 minutes de domination
complète, et cela peut changer plusieurs fois à l’avantage de l’une
ou l’autre. Remarquez d’ailleurs que dans les dernières minutes
d’un match, il s’agit souvent de la même équipe qui presse, et pas
nécessairement celle donnée favorite.
Que peut donc faire « El Diablo »
face au raz-de-marée ? L’on pourrait imaginer qu’il suffit de
bomber le torse, et de faire mine que notre confiance n’est pas
altérée. En réalité, c’est ici la pire manière de réagir. Ce que
l’histoire des sports nous enseigne, c’est qu’il faut un tournant,
un moment choc pour faire retourner rapidement le momentum. Les
temps morts, en sports américains, sont un bon exemple et sont pris
lors de ces moments insurmontables pour reprendre de l’air.
Bien entendu, nous ne sommes pas habilités pour donner des conseils
à Quartararo, ne vous-y trompez pas. Cependant, de
manière générale, il faut prendre le problème à bras le corps, et
ne pas l’esquiver. Cela pourrait se traduire par le fait de se
dire : « je ne peux pas rivaliser en vitesse pure avec
Bagnaia. Il faut que je gère le championnat, et que je fasse mon
maximum non pas pour gagner les courses mais juste pour ralentir sa
progression. » C’est la technique qu’avait employé
Danny Kent en Moto3 lors de la saison 2015. Dans
les dernières courses, tout souriait à
Miguel Oliveira. Au lieu de tout donner pour la gagne
et de risquer la chute, Kent opta pour l’ultra sécurité et franchit
même la ligne du circuit de Valence en 9e position, mais
champion.
Le problème, dans ce cas précis, c’est que Quartararo ne dispose
pas d’une aussi grande avance que Kent à trois courses de la fin.
Cette solution n’est donc pas viable. La situation est plus
comparable avec celle de Scott Redding en 2013,
qui n’avait pas pu, de cette manière, contenir le retour de
Pol Espargaró au deux tiers de la
saison Moto2.
Que faire ? Battre Bagnaia à son propre jeu.
La vitesse et un combat dans les derniers instants. Bagnaia est
l’un des plus redoutables sur les phases de freinage. Pas de cette
année, mais de la décennie. C’est l’un de ses points forts sur la
moto. Battre Pecco sur une course en duel serait, en se basant sur
des exemples historiques, la meilleure manière de regagner ce
momentum.
Cependant, ce n’est pas automatique, puisque
Dovizioso n’avait pas réussi à inverser la vapeur
même après la bataille de Motegi en 2017. Ce
procédé avait fonctionné pour Jorge Lorenzo en
2018, où il s’était construit un magnifique momentum après un duel
remporté à Spielberg (trois poles consécutives). Il est bon de
noter que cette confiance acquise n’avait pas été entachée par
trois mauvais résultats en course.
Par chance, si l’on peut dire, la piste de Phillip Island se prête
à la Yamaha et la firme aux diapasons ne devrait pas y être autant
en difficulté qu’à Motegi ou à
Aragón. C’est l’occasion parfaite pour mettre un
coup de pied dans la fourmilière et de jouer avec Bagnaia, quitte à
tenter le tout pour le tout, laisser parler une sorte de folie
géniale, qui, maîtrisée et encadrée par le talent générationnel de
Fabio, peut aboutir à un moment légendaire et le gain du momentum
pour les deux dernières courses.
Si aucun des deux ne repartira du tracé australien avec une
couronne, il y a fort à parier que l’on connaîtra le nom du
champion à la fin de la course, tant elle est décisive sur le plan
de la dynamique. N’hésitez pas à nous dire ce que vous pensez de la
question ! Tous les commentaires pertinents seront lus
et débattus.
Photo de couverture : Michelin Motorsport