Jorge Martín s’est entretenu avec Motociclismo juste après avoir été sacré Champion du Monde Moto3 pour une interview exclusive que nous vous reportons ici traduite.
Quelle est la première
chose à laquelle tu aies pensé ?
Ma famille, et j’ai commencé à pleurer. Je n’y croyais pas. Je me
répétais à moi-même « champion du monde, champion du monde » mais
impossible d’y croire. Puis j’ai vu mon père en bord de piste et je
me suis vraiment mis à pleurer. C’est un moment unique que je ne
veux jamais oublier. En plus j’ai gagné la course et j’étais super
content. J’étais un peu déconcentré dans le dernier tour car je
regardais les écrans géants, je savais que j’avais beaucoup
d’avance, et je ne me concentrais pas. Je sortais large dans les
virages, je passais dans les zones d’humidité. Au final je l’ai
fait. Lorsque j’ai terminé, j’ai vu sur le classement que j’avais
remporté le Mondial, c’était une sensation incroyable.
Ce Championnat a été très
disputé.
Vous n’imaginez pas à quel point. Ma carrière a été très difficile
et sans ma famille ce titre aurait été impossible. Cela a demandé
beaucoup, mais cette année a été la saison clé. J’étais très fort
et l’objectif a toujours été celui de décrocher le titre. Il
fallait être très concentré à chaque course pour gagner, mais nous
avons rencontré beaucoup de problèmes. Nous avons dû tout surmonter
: les chutes, les blessures, les résultats blancs, se retrouver
loin, reprendre des points, recommencer à en perdre… L’année a été
très compliquée, mais remporter le titre de cette façon, en gagnant
et après quelques courses où j’ai bien dominé, montre tout le
travail que nous avons fait.
Ton plan s’est-il bien
déroulé ?
Mon plan était de m’échapper, mais je ne pensais pas du tout au
championnat. Au début, comme la piste était encore mouillée je n’ai
pas voulu prendre de risques. Je préférais que les tours passent
que cela sèche, car il faisait très chaud. J’avais même un peu peur
car je voyais que tout le monde voulait mener, et Marco a même été
un peu agressif, mais mon équipe m’a toujours répété de ne pas
entrer dans ce jeu et de se mettre derrière car je pouvais
remporter le championnat avec deux secondes. Je me suis bien amusé
et c’est aussi en cela que j’ai pu être un poil supérieur aux
autres. Je savais qu’une fois devant, je pourrais m’échapper. J’ai
essayé d’économiser mes pneus pour la fin, et cela a fonctionné. Au
final, en attaquant je leur mettais presque une demie seconde et je
crois que cela a été la clé. J’ai bien travaillé durant les séances
sur le sec et je n’ai pas pris de risques lorsqu’il pleuvait, mais
tout en tirant profit au maximum des moments durant lesquels il
était possible de travailler. Hier cela a été un après-midi de
travail intense pour avoir la moto parfaite pour aujourd’hui.
Cela a-t-il été dur
d’arriver jusqu’ici ?
Je l’ai dit à plusieurs reprises. J’ai connu des moments où je
n’avais pas le choix : ou je faisais de bons résultats, ou je
rentrais chez moi. Mon père dit toujours que je travaille beaucoup
mieux sous pression. Lorsqu’il a fallu entrer à la Rookies Cup, il
fallait terminer premier pour être sélectionné. Après, une fois
dans le championnat, ou on gagnait, ou on partait. Tout cela m’a
appris à travailler sous pression et cette année, je ne l’ai pas
sentie. D’ailleurs, même en remportant la Rookies Cup je n’ai pas
pu arriver tout de suite en Mondial car on me demandait 200 000
euros pour courir, et c’est pourquoi je suis resté chez moi. J’ai
cependant eu la chance, durant toute ma carrière, de bénéficier de
bourses, et nous n’avons donc eu qu’à payer les voyages. Au final,
tout s’est très bien déroulé.
Et tu es le premier
Madrilène à devenir Champion du Monde de motocyclisme.
Être le premier dans quelque chose est unique, d’autant plus que
les chiffres sont ronds ! 600 victoires et 50 titres. C’est un
grand jour pour l’Espagne et pour Madrid.