Marc Marquez est ici le principal sujet d’une vidéo poignante de vérité intitulée « Behind The Dream », un opus très officiellement estampillé HRC. Il s’agit de la première d’une série à deux épisodes et on y apprend déjà beaucoup sur la souffrance qui a été le quotidien, durant deux ans, de l’octuple Champion du Monde. Physiquement, il en a forcément pâti, mais on sent que moralement, il a été également fortement impacté. Certes, il sera toujours le combattant intraitable en compétition sur une moto, mais il a maintenant conscience qu’il n’est pas indestructible et qu’il y a aussi une vie après être descendue de son fier destrier. Et cela n’a pu que le changer…
C’est le genre de document qui distille des émotions que jamais la série déjà tombée dans l’oubli « MotoGP Unlimited » n’a réussi à produire. Mais cette première vidéo d’un Marc Marquez progressivement de retour à la compétition, et tournée avant son quitus médical pour reprendre le guidon d’une moto, est une réussite tant sur le fond que dans la forme. En moins de dix minutes, Marc Marquez nous met dans la confidence. Il nous fait entrer dans son « bunker », avec son « peuple », où tout se vit et se dit, mais pas trop dans ce cas à cause des micros dont l’octuple Champion du Monde rappelle l’existence avec un large sourire, lorsqu’une confidence semble être sur le point d’être faite…
Mais sinon, il y a des moments furtifs et saisissants comme cet instant où Marc Marquez grimpe, ou plutôt bondit carrément, sur la RC213V dans le box du Red Bull Ring. Son regard ne trompe pas. Vif et avide, il met instinctivement la tête dans la bulle, il touche les commandes, et ne demande qu’à rouler avec. « Elle porte un autre numéro mais c’est ma moto » dit-il avec autorité avant de lâcher cette frustration : « je ne veux pas être sur un circuit sans piloter ». Et il se donne actuellement les moyens d’y rependre sa place en tant que tel, la preuve…
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Marc Marquez : « ma façon d’affronter les courses et mon avenir a changé »
Mais il y a aussi ce côté humain, une plaie aussi ouverte que l’a été son bras droit lors de la quatrième et, quoi qu’il arrive dernière, opération qu’il a subie en moins de 24 mois… « Les gens qui m’entourent sont la chose la plus importante parce que je suis quelqu’un qui peut sembler fort. Oui, je peux être fort ou pas, ça dépend de la situation, mais j’ai besoin d’avoir quelqu’un avec qui partager, bon ou mauvais. Tu ne peux pas tout garder pour toi ». Une posture qui raisonne de façon particulière dans une période où l’Espagnol change de manager, donnant son congé à un Emilio Alzamora qui était à ses côtés depuis l’âge de 12 ans.
Mais cette confidence était le préliminaire d’une autre, peut-être plus profonde : « je sais maintenant qu’il y a une différence entre la peur pour une course importante et celle pour l’avenir » a-t-il expliqué. « Dans le premier cas, je n’ai jamais vraiment ressenti de peur, car j’ai donné le meilleur de moi-même et je savais que tout serait fini lundi. La peur pour son avenir est différente, je ne la ressentais pas il y a deux ans, maintenant je vais continuer à toujours prendre des risques sur la piste, mais ma façon d’affronter les courses et mon avenir a changé ». Il ajoute : « je continuerai à prendre des risques car c’est ma mentalité et je ne peux pas la changer, mais la façon d’affronter mon avenir, mes blessures … Ça change ». Le nouveau Marc Marquez commence à se dévoiler.