La question de la notoriété et de la popularité des Grands Prix motos en général et du MotoGP en particulier taraude au quotidien Hervé Poncharal mais aussi le promoteur qui en a la charge, soit Dorna, organisation à la tête de la quelle on trouve Carmelo Ezpeleta. Dans un monde en crise et incertain, qui reste celui de l’après dont l’an 1 a été prononcé par une crise sanitaire, par ailleurs officiellement toujours en cours, il faut surveiller cette situation comme le lait sur le feu. Pour garder l’intérêt du public à température, les décideurs ont pris l’initiative de bouger les lignes avec une course sprint qui entrera dans le format des meetings en 2023. Reste une époque maussade qui n’encourage pas à la frivolité de dépenser pour aller vivre un Grand Prix. Les officiels du paddock en ont bien conscience, mais il est un argument trop facilement avancé pour expliquer le manque d’affluence dans les gradins qu’ils ne veulent pas entendre comme excuse universelle : l’absence de Valentino Rossi sur la grille de départ pour cause de retraite.
Et à ce titre, le prochain Grand Prix de Saint Marin à Misano sera un véritable crash-test pour l’Italie des Grands Prix. En effet, il n’a pas été apprécié l’échec populaire d’un Grand Prix d’Italie qui s’est déroulé sur un site du Mugello qui a été loin de faire le plein en termes de public. La retraite de Valentino Rossi a été avancée pour expliquer cette désaffection, et elle a certainement joué. Mais pas à ce point. On a étudié le phénomène plus en profondeur chez Dorna, et on s’est rendu compte de certaines failles qui ont aussi précipité ce qu’il faut bien appeler un échec italien.
Carmelo Ezpeleta n’a pas apprécié et a rappelé que trop de désaffection et de tribunes vides signifieraient une disparition au calendrier. Car d’autres pays veulent accueillir le MotoGP, tandis que d’autres Nations au calendrier tirent magnifiquement leur épingle du jeu, à l’instar du Mans et du Sachsenring. Hervé Poncharal, patron de l’association des teams, a fait un point sur cette situation sur motosprint. Il fait comprendre que Misano serait l’heure de vérité pour l’Italie des Grands Prix.
Hervé Poncharal : « l’abandon de Valentino Rossi n’explique pas le flop du Mugello«
On lit ainsi du Français, patron de Tech3 : « le Mugello est un de mes endroits préférés, une piste magnifique, avec de la passion et des marques italiennes… » Et il raconte : « on y est arrivé, il y avait peu de monde. Dorna a contacté les organisateurs, des tribunes aussi dépouillées paraissait incroyable à tout le monde. J’évite cependant de critiquer… pas de bombes fumigènes, de soirées, d’animations et de salle comble. Le contraire de ce qui était d’usage ».
Puis il en vient à cette excuse de l’absence de Valentino Rossi : « ce n’est absolument pas la raison de ce flop. Prenons l’Allemagne : pas de pilote MotoGP local, pourtant il y a eu un « sold out ». A propos du Mugello, j’ai entendu plusieurs théories : prix trop élevés, concomitance avec un festival de musique dans la ville voisine de Florence, coïncidence avec le jour férié du 2 juin. Je sais seulement qu’en arrivant dans la région, j’ai remarqué le manque de publicité lors de l’événement ».
Et il fait parler son expérience du terrain : « je me suis arrêté pour prendre un café et échanger avec les locaux : personne ne savait que le Grand Prix d’Italie était là. Je sais qu’Ezpeleta a souligné que la situation n’était pas acceptable, surtout compte tenu des personnes présentes et admirées sur les autres circuits. A Misano on comprendra mieux où on en est, je ne pense pas que ce soit un problème lié à l’Italie ». Les organisateurs du Mugello seront-ils mis face à leurs responsabilités par leurs compatriotes de Misano ? Pour l’avenir de la péninsule au calendrier des prochaines saisons, il vaudrait sans doute mieux.