Andrea Dovizioso l’a découvert en retrouvant une Yamaha M1 qu’il pensait être le prolongement de celle qu’il avait connue, et qui lui avait assez plu, lorsqu’il évoluait chez Tech3 en 2012. Mais il est tombé de haut, jusqu’à se résigner à une retraite avant même la fin de cette saison. Pour éviter ça, il aurait pu se renseigner auprès de Franco Morbidelli qui a été vice-champion du monde avec la même Yamaha en 2020 et qui n’arrive plus à mettre un pied devant l’autre depuis l’an passé. En revanche, cette M1 marche du feu de dieu entre les mains d’un seul champion, et il a d’ailleurs été titré avec, soit Fabio Quartararo. Cela ne vous rappelle rien ailleurs ? Dans le paddock aussi…
En tirant sa révérence, Andrea Dovizioso, et ceux qui ont travaillé au plus près avec lui dans le box RNF, précisent que la Yamaha n’est plus cette moto faite pour tous depuis quelques temps. En fait, depuis exactement le moment où Fabio Quartararo a montré une voie suffisamment efficace pour que l’entreprise d’Iwata le suive. Le Français a incontestablement la légitimité des résultats avec lui et, à lui seul, il arrive même à faire parfois oublier que le département moteur au sein de l’usine frappée des trois diapasons a comme oublié de faire ses devoirs…
Oui mais en se renforçant avec un homme, Yamaha a peut-être affaibli sa structure. Il y a un danger à s’enivrer du succès d’un seul de ses pilotes qui creuse au fil du temps un écart abyssal en termes de performance avec ses équipiers. L’avertissement est pourtant sous les yeux de Lin Jarvis et consorts avec Honda qui court actuellement comme un canard sans tête, qui est celle de Marc Marquez. Mais le pacte avec El Diablo est passé. Dans le paddock, les anciens qui ont servi la marque s’inquiètent…
C’est le cas de Matteo Flamigni, l’ancien opérateur de télémétrie de Rossi, qui vit sa première année en tant que chef d’équipe, aux côtés du rookie Marco Bezzecchi. Avec la nouvelle moto faite pour tous qui était autrefois celle d’un seul, en l’occurrence Casey Stoner, soit la Ducati.
« Je me souviens quand j’étais chez Yamaha avec Vale et que Jorge était là, ils battaient le record de piste juste pour être devant l’autre«
Sur Motosan, il dit : « c’est difficile pour moi de parler de Yamaha parce que je n’y suis plus, donc je ne sais pas quels sont les problèmes des autres pilotes ». Cela étant dit, il a quand même son idée : « Quartararo fait certainement la différence en ce moment. Si les autres pilotes étaient aussi performants, on parlerait probablement d’un Morbidelli qui prendrait des points à Quartararo et inversement ». Et il en vient à cette fameuse conclusion : « maintenant, cependant, une situation un peu à la Marquez-Honda est apparue, avec un seul pilote capable de profiter de la moto ».
Il compare la situation avec Ducati : « rendons leur hommage, ils ont une moto que presque tous les pilotes peuvent pousser à la limite. Mais j’aime ça parce qu’ils se motivent mutuellement, ils ont tendance à aller de plus en plus vite juste pour rester devant leur coéquipier de marque et c’est bien ».
Puis il termine, comme pour en rajouter une couche : « je me souviens quand j’étais chez Yamaha avec Vale et que Jorge était là, virage après virage, ils battaient le record de piste juste pour être devant l’autre. C’était toujours un peu comme ça, mais je ne sais vraiment pas où en est Yamaha, ni quels problèmes il y a avec les autres pilotes. Nous regardons chez nous et profitons au maximum du moment ». Chez Honda, moins.