Avec cette sortie de Kenan Sofuoglu sur son poulain Deniz Öncü, il est rappelé qu’en Grand Prix, le marché des transferts a aussi cours dans les classes intermédiaires que sont le Moto2 et le Moto3. Pour cette dernière catégorie, en plus des résultats, l’âge, comme la taille et le poids pèsent sur la carrière d’un pilote. Car ce dernier y arrive généralement en tant que frêle adolescent, une morphologie qui peut changer du tout au tout en deux saisons. C’est le cas de Deniz Öncü, le pilote Tech3 KTM qui ne démérite pas mais dont la stature grandit plus vite que son palmarès. Son patron Hervé Poncharal lui suggère de penser à la Moto2 en 2023, mais il est pris en main par son compatriote turc Kenan Sofuoglu. Autrefois surnommé Kenan le terrible lorsqu’il était un pilote Supersport, le multiple Champion du Monde retraité justifie toujours cette réputation en tant que manager, la preuve…
Si un pilote veut un jour être managé par Kenan Sofuoglu, il devra d’abord comprendre que sous cette aile, il ne connaitra pas vraiment l’indulgence. Le Turc s’occupe de ses compatriotes qui se caractérisent sur la piste par un style viril et correct. Toprak Razgatlioglu en est aujourd’hui la figure de proue avec son titre de Champion du Monde WSBK. Mais avant son avènement, on pariait plus sur les frères Öncü pour porter haut les couleurs du Al bayrak. Mais après une bonne ascension depuis la Red Bull Rookies Cup, il y a eu un coup d’arrêt.
Can a ouvert la voie en remportant un retentissant succès en Moto3 dès sa première apparition à son plus jeune âge avant de non seulement rentrer dans le rang mais filer vers le Supersport. Son jumeau Deniz tente à présent de faire briller le nom des Öncü en Grand Prix, mais rien n’est simple. Il y est un pilote régulier dans la catégorie depuis 2020. Le parcours de Deniz pointe vers le haut : en 2020, il était 20e du championnat du monde, onzième l’an dernier, et il est actuellement cinquième au général à 68 points derrière le leader Sergio Garcia. Le pilote de 19 ans compte désormais deux deuxièmes et deux troisièmes places à son actif.
Mais il grandit vite et Deniz veut définitivement passer à la catégorie Moto2 pour 2023. Il a un contrat de cinq ans avec KTM, une marque qui ne peut lui offrir cette progression puisque ses effectifs sont au complet avec Augusto Fernandez et Pedro Acosta qui, eux-mêmes, n’ont a priori aucune opportunité pour atteindre le MotoGP l’an prochain.
Kenan Sofuoglu : « il y a des pilotes qui sont beaucoup plus intéressants pour les équipes«
Politiquement, c’est donc l’impasse, mais il n’y a pas que ça. Et c’est là que le manager Kenan Sofuoglu entre en scène en communiquant ainsi en toute transparence sur son pilote : « nos résultats ne sont pas assez solides, il y a des pilotes qui sont beaucoup plus intéressants pour les équipes », lit-on du Turc sur Speedweek. « C’est pourquoi KTM ne veut pas qu’il monte d’une catégorie. Ils sont également satisfaits de leurs pilotes Moto2, ils sont bons ».
Deniz Öncü a deux options pour la saison prochaine : rester avec KTM et continuer à rouler en Moto3, ou annuler le contrat et chercher une autre équipe dans la catégorie Moto2. Il y aurait bien aussi l’option Supersport pour y retrouver son frère Can, mais là aussi, Kenan Sofuoglu se montre catégorique : « le Supersport ne serait une option que si Deniz roulait déjà en Moto2 depuis un an et n’y trouvait plus de travail », a expliqué le manager de 37 ans.
« Pour le moment, aucune équipe de Supersport ne s’intéresse à Deniz. Regardez Can : je l’ai emmené de Moto3 au Supersport. C’est sa troisième saison là-bas et il n’est toujours pas très bon. Faire passer un pilote de Moto3 au Supersport n’est pas facile. Les pilotes Moto2 savent que les équipes 600cc et Supersport ont les yeux rivés sur eux. Mais pas sur les pilotes Moto3. De plus, je ne veux plus revivre ce que j’ai vécu avec Can » termine l’ancien Champion du Monde.
Pour Deniz Öncü, et aussi son frère Can, il faudra donc encore élever un peu plus son niveau de jeu pour convaincre le manager Kenan Sofuoglu d’un plan de carrière à améliorer. Quant au Moto3 en général, on se rend compte qu’on n’y fait pas de prisonniers.