Des deux pilotes Suzuki qui ont appris avec le reste de leur équipe que l’employeur Suzuki arrêtait son programme en compétition, mettant ainsi fin à leur emploi, c’est peut-être Joan Mir qui a été le plus impacté moralement. Alex Rins en a aussi pâti, mais il l’a moins montré sur la piste et il a été aussi moins tétanisé par l’inéluctable issue qui se profile à la fin de cette année en se montrant plus réactif sur le marché des transferts. Car il a son avenir assuré chez Honda via le team LCR. Une marque sensée aussi être un refuge pour Mir sous l’auvent officiel Repsol, mais la nouvelle officielle tarde à venir. En attendant, le Champion du Monde 2020 déçoit chaque fois un peu plus à chaque Grand Prix qui s’écoule, ce qui n’arrange pas sa cote…
On rappellera en effet cette courbe descendante des performances de Joan Mir depuis que Suzuki a brutalement décidé de quitter le MotoGP : lors des six premières courses MotoGP 2022, il avait récolté trois sixièmes places, deux quatrièmes positions et un abandon à Portimao. Au classement général, il occupait la sixième position avec 56 points, 33 de moins que le leader Quartararo. Sur les six dernières courses, il y a eu un net effondrement du double champion du monde : quatre abandons, une quatrième et une huitième place. Et on en arrive au fameux constat : Joan Mir n’a ajouté que 21 points à son capital depuis que Suzuki a annoncé ses adieux en mai. Par ailleurs, il regrette aussi cinq chutes, et c’est le pire score en la matière jamais enregistré dans sa carrière en MotoGP.
Le choc pour Joan Mir a été d’autant plus rude qu’il s’apprêtait à renouveler son bail avec la marque. Il se souvient de ce moment et aussi de l’impact qu’il a eu sur le reste de l’équipe Ecstar Suzuki : « ils n’ont pas dit : ‘D’accord, Joan, nous n’allons pas continuer l’année prochaine.’ Ils ont dit ça à tout le monde. C’est difficile à gérer et à accepter pour beaucoup ». Sur motorsport-total, il ajoute : « l’ambiance a certainement un peu changé. Mentalement c’est difficile parce que c’est compliqué de trouver la motivation. Avant c’était super facile. Maintenant c’est plus difficile, d’autant plus si ensuite tu as des soucis avec la moto ».
Joan Mir : « l’annonce de la sortie n’a pas amélioré la situation«
Et tout s’accumule pour Joan Mir : son voisin de box Alex Rins a remporté les seuls podiums Suzuki en Argentine et aux États-Unis. « Au début de la saison, j’ai dit qu’il me fallait du temps pour comprendre la nouvelle moto » explique-t-il. « Je m’attendais à ce que cela prenne quelques courses, mais je ne m’attendais pas à ce que ça dure la moitié de la saison. Donc, l’annonce de la sortie n’a pas amélioré la situation. Mais peut-être que nous pouvons faire ce déclic dans la seconde moitié de la saison, qui est de deux dixièmes ».
Joan Mir termine : « je suis toujours convaincu que c’est le meilleur package que nous ayons jamais eu. Mais nous devons y travailler. La motivation est que nous devons conquérir de grands résultats. Pas seulement pour moi, mais pour que l’équipe puisse célébrer ensemble ce qu’il reste de la saison ». Pour le moment, et alors que le Grand Prix d’Autriche, 13è épreuve de cette campagne, se profile à l’horizon, Joan Mir ne sait toujours pas s’il sera sur la grille de départ du MotoGP en 2023.